LE VOYAGE DU BALLON ROUGE

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Le cinéma d’Hou Hsiao-Hsien se reconnait à sa manière d’interroger une époque. Qu’il soit dans une veine autobiographique comme avec Poussières dans le vent ou Un temps pour vivre, un temps pour mourir, explorant l’impact de Taïwan sur ses citoyens ordinaires ou sur des personnages qui semblent déphasés dans leur rapport au présent, ses films suspendent le temps pour constater ses répercussions sur l’humain.

Sur le papier, cette démarche semble très éloignée de celle d’Albert Lamorisse, un autre réalisateur, français celui-là, signataire de films pour enfants teintés d’une poésie à la Prévert. Sauf peut-être une capacité commune à transformer l’ordinaire d’un univers quotidien en aventures, extraire de situations minimalistes des récits de contes philosophiques. Ou un rapport nostalgique à l’enfance.

C’est de ce côté-là qu’il faut aller chercher le drôle de projet qu’est Le voyage du ballon rouge, bien moins un remake du classique de Lamorisse qu’une balade parisienne d’Hou Hsiao Hsien dans l’imaginaire d’un gamin et de sa baby-sitter pour mieux s'évader d’une vie moins amusante où une mère se détache peu à peu de son fils. Les deux films se rejoignant dans le regard aussi poétique que mélancolique sur un enfant qui refuse de quitter l’innocence.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PARIS, TEXAS (Pour le rapport mère-fils entre Jane (Nastassja Kinski) et Hunter.) ou encore LE BALLON ROUGE (Le voyage du ballon rouge est inspiré du film pour enfants d'Albert Lamorisse).

Le voyage du ballon rouge n’est pas une initiative d’Hou Hsiao Hsien. Ce film est né au Musée d’Orsay. Son président cherchait comment célébrer les vingt ans de l’établissement avec quelque chose qui serait moins éphémère qu’une fête ou une exposition. L’idée retenue sera celle de commander un film irrévérencieux, ressuscitant l’esprit de la Nouvelle vague tel qu’il vibrait dans le collectif Paris vu par ou la séquence du Bande à part de Godard dans laquelle Anna Karina, Sami Frey et Claude Brasseur traversent à toute allure le musée du Louvre. L’équipe du Musée d’Orsay fixe vite son choix sur un film à sketches qu’ils veulent confier à Olivier Assayas, Raoul Ruiz, Jim Jarmusch et Hou Hsiao Hsien. Chacun devant s’inspirer d’une œuvre présente dans les galeries du musée.

Il n’est alors pas question du Ballon Rouge de Lamorisse mais d’un tableau d’Edouard Vallotton : Le ballon. On y voit en vue plongeante dans un parc, un enfant qui court après une balle et en arrière-plan deux femmes dont il semble s’éloigner. Un tableau naturaliste dans son graphisme mais abstrait dans sa signification. Ce sera suffisant à Hou Hsiao Hsien pour qu’il le traduise en ode à la liberté. Il l’emploiera aussi dans la manière même de concevoir son film. Le casting serait fait à l’instinct : Simon sera joué par le fils de son attachée de presse française, Juliette Binoche reprenant la gestuelle comme la couleur et la coupe de cheveux de sa mère, tandis que leurs dialogues seront improvisés au gré du tournage.

Avec ce procédé, Hou Hsiao Hsien veut conserver authenticité et spontanéité d’une vision enfantine des choses. Une manière sans doute d’aller au bout de la commande en revenant aux méthodes des cinéastes de La Nouvelle Vague, jusque dans l’utilisation d’une caméra à l’épaule dans les scènes ou la baby-sitter de Simon filme ses déambulations dans Paris. La vie qui est ainsi insufflée procure au Voyage du ballon rouge une respiration poétique, élève un garçon facétieux du Paris du XXIe siècle à la même hauteur que Lamorisse faisait s’envoler un gamin similaire dans les années 50.

Hou HH est un orfèvre du temps qui préserve le réel dans sa robe et le dépose dans un écrin de lumières chaudes. Peuplée par l'empreinte du cinéma français, cette déambulation quiète dépeint des êtres pris dans le hors champ de leur existence. ...

Ce film tourné par un un chinois, à Paris, montre avec tendresse et délicatesse le voyage d'un ballon qui montre des personnages dans un quartier lambda, confrontés à la vie, confrontés à eux-mêmes. Les premiers et derniers plans très travaillés, oniriques, suivent les ...

Un garçon parle ... un ballon rouge apparaît, puis plus rien, paris s'éveille devant nos yeux au pied des champs Elysée, quelques notes de piano vienne en accord avec l'image et ça semble alors magnifique, les premiers plan sont somptueux, ils annoncent l'ampleur de l'oeuvre ...