LES CHANSONS D'AMOUR

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"Aime-moi moins mais aime-moi longtemps» chante Ismael joué par Louis Garrel à son jeune amant Erwann à la fin de ce quatrième film de Christophe Honoré, cinéaste qui est aussi romancier, écrivain pour enfants et critique de cinéma.

Après le très remarqué Dans Paris en 2006 avec Louis Garrel et Romain Duris qui traitait surtout de l'amour fraternel, Honoré, admirateur de Jacques Demy, voulut enchaîner très vite avec une comédie musicale. Un film où les personnages se mettent à chanter dès qu'ils sont amoureux parce qu'ils sont incapables de l'exprimer autrement. Il a demandé à Alex Beaupain, son ami depuis 20 ans et auteur de la musique de tous ses films précédents, de se servir de ses chansons, certaines issues de son dernier album, d'autres beaucoup plus vieilles et il les a intégrées dans un scénario où se mêlent amour et deuil, un sentiment qu'il connaît bien pour avoir perdu son père à l'âge de 15 ans. 

Pour le rôle d'Ismaël, il pensait à Vincent Delerm, persuadé que Louis Garrel ne savait pas chanter. Pendant le casting, le comédien l'appelait régulièrement, lui conseillait des acteurs, et chantait sur son répondeur ! Le metteur en scène a fini par réaliser que, sans le savoir, il avait écrit le rôle pour lui. A ses côtés, il a placé la fine fleur du jeune cinéma français : Ludivine Sagnier, La fille coupée en deux de Claude Chabrol, Clotilde Hesme, délicieuse dans Le fils de L'épicier, et Grégoire Leprince-Ringuet qu'André Téchiné avait fait tourner dans Les Egarés après l'avoir repéré dans une chorale.

 
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On ne compte plus les jeunes cinéastes français qui se revendiquent de Jacques Demy, comme Olivier Ducastel et Jacques Martineau, réalisateurs de Jeanne et le garçon formidable avec Matthieu Demy dans le rôle principal. Christophe Honoré a découvert Jacques Demy lorsqu'il avait 13 ans et en particulier le premier film du cinéaste, Lola, avec Anouk Aimée, où encore personne ne chantait.

Pendant des vacances à Nantes, le jeune Breton a même sillonné la ville avec sa grand-mère pour retrouver tous les lieux de tournage de Lola. Quand il a débarqué à Paris, pour écrire dans Les Cahiers du cinéma, il a pris comme pseudonyme Cassard, un nom que Demy a donné à un personnage de Lola, puis à un autre dans Les Parapluies de Cherbourg. Plus tard Christophe Honoré a même titré son premier long métrage 17 fois Cécile Cassard et, dans le film, il faisait chanter La Chanson de Lola à Romain Duris.
Fan de chansons d'amour, de musique pop et d'Etienne Daho en particulier, Christophe Honoré aime par dessus tout la manière "en chantée" et apparemment légère dont Demy traite des sentiments graves. Et c'est vrai que Lola, tourné en 1961, définit une fois pour toutes l'univers et le style du cinéaste de Nantes. Une ville, un port le plus souvent, la poésie des attentes et des faux départs, et le désespoir sur un ton aérien qui le conduira à des dialogues en chansons sur les notes de Michel Legrand. 

Les Parapluies de Cherbourg sera ainsi le premier film français entièrement chanté où la musique porte les mots les plus tragiques. "Mais je ne pourrai jamais vivre sans toi, ne pars pas, j'en mourrai, je t'en supplie, mon amour, ne me quitte pas" chante Catherine Deneuve à son chéri, en partance pour la guerre d'Algérie. "Mon enfant, on n'épouse jamais ses parents" fredonne Delphine Seyrig à sa filleule Catherine Deneuve, tentée par l'inceste dans Peau d'Ane.

Les chagrins d'amour, les tabous d'amour, les ruptures et les larmes, Jacques Demy, mieux que quiconque, a su en faire des chansons, car pour lui, comme le dit l'une des répliques de Lola : "Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur..."

J'ai bien aimé, je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être parce que le propos du film est allégé par le côté comédie musicale très réussit ? Ou bien simplement que le propos est en lui-même parfaitement fluide et maîtrisé ? En tous cas, la première fois que l'on entend ...

Les chansons d'amour est un film d'une puissance dévastatrice dans ma vie. Je ne compte même plus le nombre de visionnages que j'ai pu effectuer, c'est sûrement bien trop pour que cette critique soit objective ... Alors seulement, pourquoi lui ? C'est comme en amour: pourquoi ...

Je ne pensais pas aimer. Parti pour me moquer d'un film bobo romantique calibré pour faire mouiller des hordes de jeunes binoclardes bien trop belles pour moi qui aiment Aragon, Amélie Poulain et Honoré, j'ai fini attendri, ému : con. Bien écrit et bien réalisé, le film ...