LES CHARLOTS FONT L'ESPAGNE

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En 1972, suivant les routes balisées par Bison Fûté, le célèbre quatuor des Charlots descend dans le sud pour prendre du bon temps. Cela donne un film potache, méprisé par les élites, désiré par le peuple, et intitulé « Les Charlots font l’Espagne ». L’homme à la caméra se nomme Jean Girault et les Charlots sont à l’époque constitués de Gérard Rinaldi, Jean-Guy Fechner, Jean Sarrus et Gérard Filipelli. C’est un jour de chance, sur l’autoroute des vacances, où vont s’accumuler les catastrophes et les rigolades entre bons copains. Surfant sur l’engouement des français pour la costa brava et la costa del sol, nos trublions, entre toros et castagnettes, raillent gentiment une certaine idée des congés payés.  C’est le quatrième  film des Charlots après « La grande java », « Les bidasses en folie » et « Les fous du stade ». Pour les puristes ce pourrait bien être le meilleur.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES BRONZÉS (1978) DE PATRICE LECONTE (Un groupe de copains qui partent en vacances dans un club en Afrique. Un échantillon presque sociologique de la jeunesse de l'époque. L'amour, les coquillages, les crustacés... On a probablement pas fait mieux comme film sur les vacances depuis... M.Hulot. Et c'est la naissance à l'écran d'une génération d'acteurs: celle du Splendid.) ou encore L'AUBERGE ESPAGNOLE (2002) DE CEDRIC KLAPISCH (Une fable sur la jeunesse européenne rassemblée à Barcelone pour le programme Erasmus. Un film de groupe sur l'universalité des espoirs, des ambitions et des illusions de jeunes étudiants enfin livrés à eux-mêmes. Sous le soleil de Catalogne, exactement.).

Etre un Charlot à la fin des années 60, c’est moins un hommage au grand Charlie Chaplin, qu’un propos désobligeant à propos d’un amateur. Pourtant, emmenés par Gérard Rinaldi le crooner clownesque, les Charlots firent une carrière parodique d’authentiques professionnels. Tous excellents musiciens, anciens accompagnateurs d’Antoine, ils firent dans les années yéyé chanter la France d’en bas, avec « Paulette la reine des paupiette », « Berry blues », ou encore « Sois érotique »… Leur manager était un certain Christian Fechner qui les emmènera au cinéma et deviendra le célébrissime producteur de leurs pochades, révèlera Claude Zidi mais accompagnera aussi Pierre Richard, les membres du Splendid, Patrice Leconte, Leos Carax ou encore Jacques Rivette. Un des Charlots, Jean-Guy Fechner, est d’ailleurs le frère cadet du producteur. En 1972 « Les Charlots font l’Espagne » est toutefois orphelin de Luis Rego qui fut un des historiques du groupe et qui vient de partir seul vers de nouvelles aventures. L’humble réalisateur Jean Girault, serviteur dévoué de Darry Cowl, Francis Blanche et surtout de la série des Gendarmes avec Louis de Funès, est doublé à l’écriture par Jean Vilfrid, plume officielle de tous ces comiques dans ces bienheureuses années. Le film connaîtra un très grand succès y compris à l’exportation, faisant rigoler une partie de l’Asie notamment. Les Charlots entre 1970 et 1992 commettront une quinzaine de films, se transformant en mousquetaires, en soldats, en globe-trotteurs, affrontant Dracula, incarnation de plus en plus languissante de la France de papa. Seuls Luis Rego et Gérard Rinaldi feront carrière en dehors du groupe. Rego comme acteur et animateur radio, Rinaldi comme comédien de télévision et notamment dans la fameuse série « Marc et Sophie ». Il sera le premier à disparaître victime d’un cancer en mars 2012. Incarnation collective d’un cinéma populaire de série B, joyeux et sans prétention artistique, les Charlots à leur manière furent les chansonniers des années 60, puis au cinéma les précurseurs des futures stars du café-théâtre. Ils nous ont fait sourire. C’est déjà énorme.

Je vous ai déjà expliqué mon amour complètement improbable pour Les Charlots sur ma chronique des Bidasses en Folie, découvrant pour l’occasion un de leurs quelques films que je n’avais jamais vus. Les Charlots c’est toute mon enfance dans les années 80, aux côtés ...