LES GLANEURS ET LA GLANEUSE

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Faisant référence aux glaneuses d’autrefois, des femmes qui par nécessité s’en allaient dans les champs ramasser les épis de blé après la moisson, mais aussi au tableau de Jean-François Millet, Des glaneuses, peint en 1857 et exposé au Musée d’Orsay à Paris, le film d’Agnès Varda Les Glaneurs et la Glaneuse, s’attaque cependant à une nouvelle sorte de glanure plus en adéquation avec notre temps puisqu’elle concerne des hommes et des femmes aussi bien à la campagne qu’à la ville, qui récupèrent des objets jetés, souvent parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’acheter ce dont ils ont besoin mais également parfois pour d’autres raisons comme en faire des œuvres d’art par exemple. 
Tourné sous la forme d’un documentaire, Les Glaneurs et la Glaneuse permet à sa réalisatrice Agnès Varda de s’amuser des codes du genre en se mettant en scène elle-même glanant des images par-ci, par-là, parfois d’ailleurs de sa propre personne dans des gestes du quotidien, et puis discutant avec celles et ceux qu’elle considère être les glaneurs de l’époque actuelle, et leur posant mille et une questions sur l’utilisation qu’ils comptent avoir des déchets qu’ils récupèrent.
Entre les plus démunis qui ramassent les fruits et les légumes hors calibre à la fin des marchés, les bricoleurs qui récupèrent des objets cassés, les réparent et les réutilisent dans leur vie quotidienne, et les artistes qui trouvent dans ce système de récupération une manne pour l’inspiration, c’est tout un univers qui nous est ici dépeint sans fioritures mais cependant non dépourvu d’humour grâce à l’intelligence de la réalisation et au regard porté par les protagonistes sur eux-mêmes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FIN DE LA PAUVRETE? (Ce film de Philippe Diaz s'interroge sur les véritables causes de la pauvreté dans le monde.) ou encore SICKO (Dans ce film documentaire Michael Moore se met en scène lui-même comme le fait Agnès Varda.).

Les Glaneurs et la Glaneuse, film auquel vous venez d’assister, a été pratiquement tourné avec une caméra digitale, en DV cam, à l’exception des plans filmés par la réalisatrice Agnès Varda elle-même et qui totalisent une quinzaine de minutes, tournés pour leur part à l’aide d’une Mini DV. 
Agnès Varda raconte Les Glaneurs et la Glaneuse de la manière suivante : "Ce film est un documentaire par son sujet. Il est né de plusieurs circonstances. D'émotions liées au vu de la précarité, du nouvel usage des petites caméras numériques et du désir de filmer ce que je vois de moi : mes mains qui vieillissent et mes cheveux qui blanchissent. Mon amour de la peinture a voulu aussi s'exprimer. Tout cela devait se répondre et s'imbriquer dans le film sans trahir le sujet de société que je souhaitais aborder : le gâchis et les déchets. Qui les récupère? Comment peut-on vivre des restes des autres? Au départ d'un film, il y a toujours une émotion. Cette fois-ci, c’était celle de voir tant de gens qui vont ramasser ce qui traîne en fin de marchés ou alors les restes jetés dans les containers des grandes surfaces." Quand on les voit, on veut filmer ces personnes et c'est aussi cela qui ne se peut filmer sans leur accord. Comment témoigner pour eux sans les gêner. La cinéaste définit aussi son film comme un road-documentary par opposition voire même complémentarité au terme road-movie. "Il fallait dit-elle, traiter le sujet en mode rural via le glanage et le grappillage, et puis en mode urbain à travers la récupération, et je m'autorisais des digressions variées avec un point d'accroche au sujet."
Vous aurez très certainement remarqué le plan où ayant oublié d’éteindre sa caméra, Agnès Varda filme le cache de l’objectif. Un tel plan normalement enlevé au montage figure néanmoins dans le film dans le but, selon Agnès Varda, de contribuer à l’aspect naturel de l’œuvre et à situer la cinéaste dans le contexte de glaneuse au même titre que les personnages qu’elle entend montrer, rejoignant ainsi le geste de la main qu’elle fait, d’attraper par exemple des camions qui passent sur l’autoroute. Une glaneuse d’images.

Agnès Varda est fascinée par l'état du monde, par l'agitation des hommes qui, vue d'assez haut, a tout de la comédie humaine. Thème éculé, elle traite cependant celui-ci par l'exploration aléatoire de son environnement - une certaine France rurale et Paris - à la rencontre ...

Lancer un documentaire de Varda, c’est procéder à des retrouvailles ; avec l’originale de la famille, qui décide de maintenir un regard candide sur les choses, de pérenniser sa poésie légère, et d’embarquer ceux qui désirent le suivre dans une odyssée bienveillante. ...

Je me souviens d'une jeune fille de 17 ans, un peu perdue, comme la plupart des jeunes filles de 17 ans. Je me souviens d'une après-midi morose, d'un cours de cinéma. Alors même qu'elle savait déjà qu'elle n'en ferait pas son métier, ne sachant pas exactement ce qu'elle faisait ...