LES PREMIERS BEATNIKS

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Jack Kerouac a marqué la littérature mondiale par la forme de ses récits (écrits à la manière d’improvisations de jazz), mais aussi par la nature même de ce qu’il y dépeint. A sa publication, en 1957, On The Road (Sur la route) fit l’effet d’une bombe. Ses descriptions crues du mode de vie d’une jeunesse rejetant le modèle de société ambiant imposaient au monde l’existence d’une philosophie de vie qui allait déclencher le mouvement hippie, "beatnik" comme on l’appelait alors.

Kerouac se faisait aussi le peintre du monde des boîtes de jazz et des musiciens. Tout le film est, du reste, rythmé par une BO très marquante. Le jazz souligne tantôt l’énergie ou l’humour des personnages, tantôt leur mélancolie ou leur nostalgie. Ecoutez tout particulièrement les solos de saxo : ils sont interprétés par Art Pepper, dont le parcours chaotique pour cause d’abus de produits stupéfiants, est pleinement symbolique de l’univers de Kerouac.

Heart Beat estdirectement adapté des mémoires d’une proche amie de Kerouac, l’épouse de Neal Cassady, l’homme ayant inspiré son héros Dean Moriarty (interprété ici par Nick Nolte) ; son plus proche ami, Allen Ginsberg, prenant les traits de Ira. Laissons Carolyn Cassady nous raconter sa vie par la voix de Sissy Spacek.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TRUMAN CAPOTE (CAPOTE, BENNETT MILLER, 2005) ou encore HAIR (MILOS FORMAN, 1979) .

John Byrum ne pouvaitêtre plus direct : en choisissant d’ouvrir son film par les images du champignon nucléaire et la construction en vitesse accélérée de cités pavillonnaires uniformisées, il plante à merveille la naissance d’un nouveau monde. Celui né du traumatisme général provoqué par la Seconde Guerre mondiale. Celui que rejettent Kerouac et ses amis qui ne peuvent se sentir bien qu’à la marge de cette société conventionnelle. On les retrouve, fidèles à eux-mêmes : insolents, insouciants, joueurs. épanouis au prix d’une liberté sans limite.

Le cinéma ne s’est pour ainsi dire jamais risqué à puiser dans l’oeuvre de Kerouac. Tout juste y eut-il, en 1960, une adaptation de son roman Les Souterrains avec Leslie Caron : The Subterranean (Les Rats des caves), film inédit en salles. Le poète effraierait-il les producteurs ? Le cinéaste brésilien Walter Salles souhaitait porter à l’écran son roman le plus célèbre, On The Road. Mais ce projet, pourtant bien avancé, ne verra sans doute jamais le jour, la crise économique de la fin 2008 ayant une nouvelle fois privé le cinéaste du budget nécessaire à son tournage...

Paradoxalement, Neal Cassady, l’ami de Kerouac, connu pour son alter ego de roman Dean Moriarty, a vu un ensemble de courriers qu’il avait adressé à Kerouac adapté sur grand écran par Stephen Kay sous le titre The Last Time I Committed Suicide (avec Keanu Reeves, Adrien Brody, Claire Forlani et Gretchen Mol). Neal Cassady a même carrément fait l’objet d’un biopic en 2007 tout simplement intitulé Neal Cassady. Le pauvre n’aura jamais deviné l’impact de sa vie puisqu’il est mort au Mexique dès 1968. Enfin citons, parmi les rares acteurs qui ont incarné Jack Kerouac, Johnny Depp apparaissant dans le documentaire The Source de Chuck Workman.