LES REBELLES

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Asking for it d’Eamon O’Rourke est un film résolument féministe. Une serveuse de restaurant voit sa soirée tourner au cauchemar lorsqu’elle est attaquée sexuellement après un dîner avec un vieil ami. Elle intègre alors les « Cherry Bombs », un groupe de femmes résolues à se venger d’un patriarcat qui les a trop souvent humiliées. Viol, racisme et homophobie ont transformé ces femmes en justicières parmi lesquels l’héroïne trouve sa place. Le titre du film peut se traduire librement par « Elle l’a bien cherché » qui fait allusion à l’argument que donnent parfois les violeurs pour rendre les victimes responsables de leur agression.

Asking for it est le premier long métrage d’Eamon O’Rourke qui l’a présenté au Festival de Tribeca en 2021. Il a réalisé deux courts métrages Where’s Waldo (2016) et The House on Cox Curve (2019). On l’a vu aussi comme acteur dans The Bad Batch et Ricki and the Flash. Il a fondé une maison de production à Brooklyn qui finance clips vidéo et publicités.

Asking for it est coproduit par l’acteur Ezra Miller qui incarne un personnage fort antipathique dans le film. Ce dernier est surtout connu pour avoir interprété Croyance dans la saga Les Animaux fantastiques de David Yates mais il a aussi joué Flash dans Suicide Squad et Justice League de Zack Snyder. L’acteur a aussi livré une composition remarquable en adolescent  retors et violent dans We Need Yo Talk About Kevin de Lynne Ramsay en 2011.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PROMISING YOUNG WOMAN (Dans ce thriller, Emerald Fennell suit une jeune femme qui a décidé de se venger de violeurs. Ce film très efficace est porté par la performance de Carey Mulligan.) ou encore BAISE-MOI (Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi signent un film radical sur deux femmes victimes de viol qui s'opposent au patriarcat en tuant des hommes.).

Asking for it d’Eamon O’Rourke entre dans la catégorie des « Rape and Revenge », films où des victimes d’agression sexuelles bafouées par une société qui les méprise décident de se faire justice. Ce genre cinématographique baptisé « Viol et vengeance » connaît de nombreux exemples plus ou moins réussis. La Source (1960) d’Ingmar Bergman est considéré comme un précurseur dans ce domaine. Des réalisateurs comme Wes Craven (La Dernière maison sur la gauche, 1972) et Abel Ferrara (L’Ange de la vengeance, 1981) se sont illustrés aussi illustrés dans le « Rape and Revenge ». Plus récemment, des réalisatrices telles Virginie Despentes (Baise-moi, 2000), Coralie Fargeat (Revenge, 2017) Jennifer Kent (The Nightingale, 2018) et Emerald Fennell (Promising Young Woman, 2020) se sont elles aussi approprié ce type de films.

Eamon O’Rourke se réclame du « Rape and Revenge ». Il reconnaît être un fan du cinéma de genre. Il demande à ses comédiennes de participer activement à l’élaboration de leurs personnages car il tient à ce que ces femmes soient le plus justes possibles. Pour incarner ses héroïnes, il a fait appel à des comédiennes aux fortes personnalités. Kiersey Clemmons a été remarquée pour le rôle d’Iris West dans Justice League de Zack Snyder. Vanessa Hudgens était au générique Tick, Tick…Boom (2021) de Lin-Manuel Miranda (où apparait également Alexandra Shipp) et de Spring Breakers (2012) d’Harmony Korine. Quant à Gabourey Sibide, elle a été découverte dans Precious (2009) de Lee Daniels avant de s’imposer dans les séries The Big C et American Horror Story.

Ezra Miller s’est glissé avec délices dans le rôle du chef d’un groupe d’extrême-droite dont il a créé l’apparence. David Patrick Kelly, qui incarne Morrill, est connu pour avoir joué un chef de gang vénéneux dans Les Guerriers de la nuit (1979) de Walter Hill. Les membres de l’équipe avaient beaucoup de mal à ne pas lui parler tout le temps de ce rôle emblématique. Le réalisateur tenait à ce que ces deux personnages soient impressionnants pour justifier les actes de ses héroïnes.