LOLITA

en VOD

L’Américain Stanley  Kubrick a déménagé en Angleterre pour y tourner Lolita parce que la MGM y avait des fonds bloqués qu’elle voulait utiliser. Il y restera travailler jusqu’à la fin de ses jours. Le film est néanmoins le dernier que le cinéaste ait produit avec son complice James B. Harris avant que ce dernier ne se lance dans une carrière de réalisateur. Ayant acheté les droits d’adaptation du roman de Vladimir Nabokov Lolita, ils ont demandé au romancier d’écrire le scénario d’après son roman. Mais même s’il est crédité seul au scénario du film, Nabokov n’est pas le véritable auteur du scénario. Le document qu’il a rendu était si volumineux qu’il était intournable en l’état. Il semblerait que Kubrick n’ait pas tourné plus de 20% de cette première mouture. Ce qui a néanmoins donné un film de plus de deux heures et demie.

La grande difficulté de l’adaptation de ce livre tenait au caractère sulfureux de son sujet. Pour éviter tout soupçon de pédophilie, qui aurait conduit à une interdiction totale du film, Kubrick a vieilli sa Lolita, en en faisant une adolescente de 14 ans. Ce qui l’a conduit par ailleurs à choisir une actrice déjà bien formée : Sue Lyon. C’était le premier grand rôle de cette jeune femme qu’on reverra ensuite dans d’autres films importants comme La Nuit de l’iguane de John Huston et Frontière chinoise de John Ford. Sur la masse de candidates que Kubrick  a envisagé, Sue Lyon s’est imposée tout de suite. Malgré son âge, elle gardait les traits de la nymphette et a fait preuve d’un vrai talent de comédienne dès ses premiers essais avec James Mason. Ce dernier offre ici une de ses meilleures compositions. Il est aussi convaincant sous le masque du charmeur cynique qu’en amoureux transi.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LOLITA D'ADRIAN LYNE (le remake du film de Kubrick) ou encore DESPAIR (une autre adaptation de Nabokov par un grand cinéaste).

C’est en se livrant à diverses improvisations sur le plateau de Lolita pour donner vie aux multiples apparitions de son personnage de Clare Quilty que Peter Sellers a mis au point la voix du Docteur Folamour qu’il incarnera dans le film suivant de Stanley Kubrick. Emballé par le travail du comédien, le cinéaste a privilégié les prises longues pour lui laisser le temps de donner toute sa mesure. Toutes ces improvisations n’étaient pas toujours du goût de Shelley Winters, déjà veuve qui se fourvoyait en épousant la mauvaise personne dans La Nuit du chasseur. Elle-même n’a toutefois pas hésité à improviser une danse de séduction dans la séquence où elle cherche à vamper son locataire.

Pour la lumière de son film, Kubrick a fait appel à un fameux directeur de la photographie, Oswald Morris, qui avait beaucoup travaillé avec John Huston. Notamment sur Moulin-Rouge et Dieu seul le sait. Mais Morris était déjà reparti sur un autre projet, au moment de filmer le fameux plan du générique de début au cours duquel la main de Humbert vernit délicatement les ongles des pieds de Lolita. Pour le remplacer, Kubrick a donc fait appel à Gilbert Taylor, le cadreur du film dont il a tellement apprécié le travail qu’il a engagé pour éclairer son film suivant : Docteur Folamour.

Dans la filmographie de Kubrick, rares sont les films qui s’attachent à porter un regard sur la société, qui plus est contemporaine. Verbal, satirique, littéraire : le cinéaste s’essaie ici à une forme de classicisme avant de sauter définitivement le pas vers un cinéma ...

Adapter le roman de Nabokov, ce n'était pas la mince affaire, surtout dans les années 60. En effet, comment montrer sur grand écran une relation entre une nymphette de 12 ans et un homme d'une cinquantaine d'années sans être censuré par le code Hays ? (code de censure appliqué ...

Cette critique spoile tout le film (au moins c'est dit). Adapté de l'oeuvre de Nabokov, qui lui-même a contribué au film, Lolita raconte une histoire étrange, une satire sociale, une farce dérangeante car tragique dans les faits mais aussi dans tout ce qui se cache derrière ...