MADRE

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Que s’est-il passé ? La suite du récit vous apporte la réponse. Dix ans se sont écoulés entre les deux séquences et Elena marche telle une âme en peine sur la même plage. Elle scrute les visages des adolescents qui y jouent, s’accrochant à son désir de reconnaître, peut-être, celui que la vie lui a arraché. 

Partant d’un drame intime, Rodrigo Sorogoyen, le réalisateur de El Reino compose un thriller psychologique d’une grande puissance. La scène d’ouverture avait pourtant été tournée dans le cadre d’un court-métrage multi récompensé et nommé aux Oscars. Sous le même titre, elle constitue ici le prologue du récit. L’actrice Marta Nieto est de tous les plans et c’est le plus souvent au grand-angle que Sorogoyen traduit sa vision et nous la transmet. Elle est une femme qui se noie dans un océan infini de questions sans réponse. En découvrant l'histoire, quelle sera la vôtre ? 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'ÉCHANGE (2008) (L'histoire d'une mère confrontée à la disparition de son enfant conduit le personnage d'Angelina Jolie déjà à se poser toutes les questions. Mais elles restent sans réponse tant que la vérité n'est pas révélée.) ou encore TOUT SUR MA MÈRE (1999) (Le deuil d'un enfant et la nécessité de dépasser cette douleur était déjà au centre du film de Pedro Almodovar.).

En écrivant Madre, Rodrigo Sorogoyen voulait explorer toutes les nuances possibles qui existent dans une relation entre une mère et un fils, ayant lui-même un rapport particulièrement fusionnel avec la sienne. Mais ce devait être une histoire d’amour, loin des sentiers battus, avec une part d'ambiguïté assumée. En revanche, avec Isabel Peña, sa coscénariste, l’accent a été mis sur le fait que cette femme ne devrait jamais apparaître comme “folle”, car cela l’aurait coupée du spectateur. 

Disponibles sur FilmoTv, les deux précédents films de Rodrigo Sorogoyen, Que Dios nos perdone (2016) et El Reino (2018) étaient de purs thrillers. Or c’est le souhait de ne pas être étiqueté “réalisateur de polars” qui l’a conduit à explorer ici un registre différent, pour ainsi “affirmer ma liberté d'artiste", confie-t-il. Avant l’écriture, il raconte avoir éprouvé le besoin de revoir Le Diable au corps de Louis Malle, qui en partant d’une thématique voisine va très loin aussi. “Un film remarquable, transgressif, mais qu’il serait impossible de tourner aujourd’hui” estime Rodrigo.

Si l’histoire est éprouvante, le tournage en France a été lui d’une grande douceur assure le cinéaste.  Sorogoyen évoque même “une équipe en communion” pour qui la chanson de Damien Saez que l’adolescent (Jules Poirier, découvert chez Anne Fontaine dans Marvin ou la belle éducation) était devenue l’hymne quotidien : Jeunesse lève-toi. Lors du dernier jour de tournage, le réalisateur a fait jouer la chanson pendant l’ultime prise, mais sans jamais prévenir Marta Nieto, qui s’est alors mise à pleurer ; et toute l’équipe avec elle. “C’était la fin d’un incroyable voyage”.

Les bandes-annonces trompeuses sont à double tranchant : elles peuvent générer de la déception, mais aussi provoquer un étonnement salutaire. Alors que Madre s’annonçait comme un thriller, un film d’enquête psychologique, Rodrigo Sorogoyen pourtant attendu sur ces registres ...

Pour qui s'est pris la grosse claque des scènes ultra tendues et stressantes de la seconde partie de "El Reino", le film précédent de Rodrigo Sorogoyen, l'introduction de "Madre" fonctionne comme une confirmation du talent fou qu'a ce jeune réalisateur espagnol dans le domaine, ...

... Ou « Mère folle », ou « Madre loca », ou « Mad mother », si l’on veut éviter le carambolage linguistique auquel nous invite d’emblée le titre qui s’inscrit à l’écran de la bande annonce, en isolant les premières lettres de « Madre ».... Mais, connaissant ...