MARIE-OCTOBRE

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La guerre est terminée depuis 15 ans quand sort Marie-Octobre le 24 avril 1959. Pourtant c’est un film de résistance qui règle encore les comptes entre gaullistes, pétainistes et autres traîtres de l’intérieur. Solidement réalisé par Julien Duvivier ce film au dispositif théâtral permet de réunir au prétexte de mixité sociale une superbe brochette d’acteurs. Le jeune Ventura affronte Blier, Dalban, Meurisse, Reggiani, Roquevert et Frankeur pour les plus connus. Quand à Marie-Octobre c’est notre Danielle Darrieux nationale. A la manière d’un roman criminel anglais le film cherche à identifier le vilain petit canard dans le groupe très longtemps après la mort de l’un d’entre eux. Bref une histoire d’hommes menée à la baguette par une femme et qui connut un énorme succès.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'ARMÉE DES OMBRES DE JEAN-PIERRE MELVILLE (1969) ou encore DOUZE HOMMES EN COLÈRE DE SIDNEY LUMET (1957) .

Lors de la projection en première exclusivité de ce film, les salles étaient fermées pendant les 20 dernières minutes pour ne pas déflorer la fin. C’est une époque où l’on savait garder un secret, au cinéma en tout cas. En cette bonne année 1959 c’est donc un gros succès de la vieille vague. Duvivier a 63 ans et son scénariste le redoutable Henri Jeanson en a 59. Le premier est loin de ses grandes œuvres d’avant guerre Pépé le moko, Un carnet de bal ou La fin du jour même s’il est connu du grand public pour avoir réalisé les deux premiers Don Camillo. Le second dont la plume acide continue d’enchanter les lecteurs du Canard enchaîné, vire un peu à l’aigre. Mais ils retrouvent avec ce sujet de leur génération une grande vivacité. Jeanson, incurable pacifiste, antimilitariste frénétique, incarcéré par les deux camps pendant la guerre en profite pour glisser quelques vacheries dans le dialogue.
Le film, construit autour de 11 personnages en quête de vérité et pour l’un de rédemption a été réalisé en un temps record. 17 novembre/10 décembre 1958, soient trois semaines de tournage au studio de Boulogne, non loin du fameux cimetière où les équipes allaient s’abriter pendant les bombardements de l’usine Renault à la fin de la guerre. Il faut dire que malgré son intensité réellement cinématographique le film est tiré d’une pièce de théâtre de Jacques Robert. Le même Jacques Robert qui, journaliste, fut le seul à pénètrer dans le bunker d’Hitler, qui interviewa Céline en exil au Danemark, le même Jacques Robert qui fut un temps le romancier européen le plus porté à l’écran. Un homme de terrain donc. Et Marie-Octobre, avec le recul, n’est plus un film de circonstance. C’est devenu une tragédie universelle.