MELO

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Mélo est le onzième long-métrage d’Alain Resnais. La visite d’un ami célibataire sème le trouble dans un couple au milieu des années 1920. Ces trois êtres, tous musiciens, réfléchissent sur la vie et leurs engagements dans ce film réalisé de façon volontairement théâtrale avec des décors présentés comme tels et un rideau qui s’ouvre au début et à la fin du film. Mélo a été présenté hors compétition à la Mostra de Venise en 1986. Le film a reçu deux César l’année suivante : meilleure actrice pour Sabine Azéma et meilleur second rôle pour Pierre Arditi.

La  pièce d’Henri Bernstein dont s’est inspiré Alain Resnais a été créée en 1929 au Théâtre du Gymnase à Paris. Elle avait déjà fait l’objet d’une adaptation au cinéma réalisée en 1932 par Paul Czinner avec Gaby Morlay, Pierre Blanchar et Victor Francen dans les rôles principaux. Ce réalisateur a signé une nouvelle version cinématographique de la pièce en 1937 tournée cette fois en anglais et interprétée par Elisabeth Bergner, Raymond Massey et Romney Brent.

C’est Fanny Ardant qui a conseillé à Alain Resnais de créer une pièce de théâtre avec les acteurs de L’Amour à mort (son précèdent film): Sabine Azéma, André Dussollier, Pierre Arditi et elle. C’est aussi Fanny Ardant qui a attiré l’attention du réalisateur vers Henri Bernstein. Le réalisateur ne se voyait pas monter une pièce sur scène mais a accepté de la porter à l’écran quand Marin Karmitz a annoncé qu’il était prêt à financer le projet.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GOUTTES D'EAU SUR PIERRES BRÛLANTES (François Ozon adapte un pièce de Rainer Werner Fassbinder en conservant les artifices du théâtres : il signe un huis clos cruel et sensuel entre deux hommes et deux femmes.) ou encore LE PALTOQUET (Michel Deville est comme Alain Resnais un des inclassables du cinéma français. Ce film à suspense, entièrement tourné en studio, bénéficie d'une esthétique singulière et artificielle.).

Alain Resnais a monté Mélo après qu’une adaptation d’une œuvre de Milan Kundera, trop complexe et trop couteuse, soit tombée à l’eau. Il a choisi de lancer un projet plus simple et peu onéreux qu’il pouvait tourner rapidement. Alain Resnais s’est penché sur le scénario du film mais il n’a pas souhaité être crédité au générique à ce poste. Il avait pour principe de n’être cité qu’à celui de réalisateur et mettait un point d’honneur à ne pas avoir d’autre mention de son nom au générique. Il a déclaré que le musique des mots d’Henri Bernstein le touchait et qu’il y avait trouvé une mélodie « particulière, rigoureuse malgré les apparences ». Il a resserré l’action mais est resté fidèle aux dialogues même quand les acteurs devaient employer des termes désuets.

Alain Resnais craignait que Mélo ressemble trop à L’Amour à mort mais ses comédiens ont insisté et il s’est laissé aisément persuader. Pierre Arditi déclare que son rôle dans Mélo est l’un des plus beaux qu’il jamais joués. Il estime qu’Alain Resnais lui a permis d’exprimer la quintessence de son métier en lui faisant composer un personnage très éloigné de ce qu’il est dans la vie. Pierre Arditi a adoré composer cet homme bon qui se métamorphose au fil du récit pour connaître la vérité sur la relation entre Romaine et Marcel. Il existe six versions de la dernière scène de Mélo. Alain Resnais a choisi une prise très tenue, celle où les personnages ne craquent pas.

Au début du film, le personnage de Pierre Arditi fait allusion à un valet de chambre nommé Zambeaux. Ce nom était le nom fétiche qu’utilisait Henri Bernstein comme porte-bonheur et il figure dans toutes ses pièces. Alain Resnais l’a emprunté plusieurs fois dans ces films notamment dans Muriel ou le temps d’un retour ou Stavisky.

A un moment dans le film, exit les voix chuchotées et tranquilles, exit le badinage mesquin de ces trois intellectuels, exit le faux ciel nocturne et d'un bleu calme de Montrouge ; le film s'en va trouver sa nuit - sa vraie nuit. Romaine est dehors, pour la seule fois dans le ...

S'il ne fallait retenir de "Mélo", l'un des tous meilleurs Resnais, qu'une scène, qui exprime parfaitement son génie - n'ayons pas peur des mots - de la mise en scène, que ce soit le "morceau de bravoure" du film, un monologue d'André Dussollier d'une dizaine de minutes, sur ...

Adaptation d'une pièce de théâtre, mais l'art d'Alain Resnais, c'est d'en faire autre chose que du théâtre filmé malgré le huit-clos en studio, par de fins mouvements de caméra et un délicat travail sur la lumière. Les acteurs sont de très haut niveau. Du cinéma épuré ...