MI-TEMPS AU MITARD

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On connaît le film de prison, on connaît le film de sport, mais le film de sport en prison est un cas unique, ou en tout cas suffisamment rare pour que Mi-temps au mitard soit notable de ce seul point de vue là. Dans ce film de Peter Segal réalisé en 2005, un ancien joueur de football américain joué par Adam Sandler se retrouve en prison pour avoir provoqué un accident de la circulation en étant ivre mort. Là-bas, le directeur du pénitencier l'oblige à entrainer l'équipe de prisonnier et à en être le quaterback, alors qu'il s'était promis de ne plus toucher un ballon. Il va donc devoir recruter et former des joueurs, avant d'affronter l'équipe des gardiens. Ainsi, il aura peut-être la chance de se racheter une conduite... Bon, ne le cachons pas, les ressorts narratifs de Mi-temps au mitard sont assez sommaires. Mais ce n'est pas là que réside l'intérêt du film.

Remake d'un film de Robert Aldrich de 1974, Mi-temps au mitard est une parfaite comédie du samedi soir, avec son lot de blagues en dessous de la ceinture, d'agitation virile et de brutalité contenue. C'est un concentré de testostérone, qui a cependant le bon goût de ne pas se prendre au sérieux, voire de faire preuve d'une vraie auto-dérision. Farceur invétéré, Adam Sandler tire le film vers la pochade, et il n'est pas besoin d'y connaître quoi que ce soit au football américain pour comprendre les enjeux du film. Ceux-ci, assez simples, consistent à faire le plus mal possible à l'adversaire et à gagner du terrain en faisant reculer les lignes de défense. Le football américain est ainsi le sport le plus martial qui soit, le plus proche d'un champ de bataille.

A ces enjeux sportifs, se greffent ici toute la rugosité et la dimension politique du film de prison. On découvre ainsi progressivement un univers d'une violence insensée, tellement présente dans chaque rouage qu'elle en devient absurde. Les matons se conduisent comme des fascistes, les coups pleuvent en permanence, et l'on finit par se demander si les plus dangereux sont devant ou derrière les barreaux. Il faut savoir que le film a été tourné dans un pénitencier au Nouveau Mexique qui a connu, en 1980, les pires émeutes carcérales de l'histoire des Etats-Unis. Ayant cela en tête, on peut apprécier Mi-temps au mitard comme une pochade, certes, mais aussi comme un film sans illusion sur le sort réservé aux prisonniers américains.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PLEIN LA GUEULE ou encore FRIDAY NIGHT LIGHTS .

Nous le disions, Mi-temps au mitard est le remake d'un film de 1974, réalisé par Robert Aldrich. Le titre original du film, le même pour les deux versions, est The Longest Yard, ce qui veut dire « le plus grand terrain ». En revanche, la traduction française diffère, puisque la première version s'appelait « Plein la gueule », tandis que cette version-ci a été renommée « Mi-temps au mitard », ce qui n'est pas des plus engageants, il faut le reconnaître. Si la traduction a changé, le scénario du remake est en revanche assez fidèle à l'original. Seuls quelques blagues et personnages ont été rajoutés, mais pour l'essentiel, c'est la même chose. En revanche, malgré tout le respect qu'on a pour Peter Segal, la version d'Aldrich est infiniment plus riche d'un point de vue stylistique. Vieux maître en fin de carrière lorsqu'il réalisa le film en 1974, Aldrich trouva matière à y déployer son obsession pour les corps-à-corps et sa passion pour les fortes têtes. Et même si ce n'est pas son meilleur film – on peut par exemple préférer Deux filles au tapis sur le monde du catch féminin – on ne saura trop vous le conseiller pour compléter la vision de ce film-ci.

A noter l'existence d'un premier remake de The Longest Yard, intitulé Mean Machine – qui est le nom de l'équipe des prisonniers – et jamais sorti en France. Ce film remplaçait le football américain par du soccer, pour mieux coller à la personnalité de son acteur principal, Vinnie Jones, ancien footballeur britannique. Adam Sandler, et c'est sans doute ce qui fait la valeur du film, ne joue pas vraiment dans un registre macho. Il est presque ici à contre-emploi, à tel point qu'on a un peu de mal, au début, à l'imaginer en quaterback. Or ce qui aurait pu être une tare, Peter Segal en a fait une qualité. Le réalisateur connait en effet bien Sandler pour l'avoir dirigé dans deux autres films, Self Control et le très beau Amours et amnésie. Il sait que le plus intéressant chez lui n'est pas sa bouffonnerie mais son détachement, qui donne l'impression, où qu'il soit, qu'il préfèrerait être ailleurs. Qu'il se fasse hurler dessus ou prenne des coups, il encaisse toujours, et bien qu'on puisse parfois trouver cet aspect de sa personnalité antipathique, elle lui confère ici une belle complexité.

Enfin, il est fascinant de constater à quel point le casting, pléthorique, rassemble tout ce que le cinéma américain compte de gros bras, plus de nombreux anciens footballeurs, ainsi qu'un nombre conséquent de rappeurs (du groupe D12, l'ancien groupe d'Eminem, pour l’anecdote) et plusieurs catcheurs. Vous avait peut-être reconnu Courteney Cox, la fameuse Monika de Friends, qui fait au début du film un caméo étonnant. On peut aussi voir Edward Bunker, ex-taulard, écrivain, scénariste (notamment de Runaway Train) et occasionnellement acteur (par exemple dans Reservoir Dogs). Ce fut sa toute dernière, puisqu'il est mort l'année même. Surtout, deux acteurs de choix viennent épauler Adam Sandler dans sa quête de rédemption. C'est tout d'abord Chris Rock, disciple d'Eddy Murphy et ancien membre du Saturday Night Live, qui fait ici office de sidekick, c'est-à-dire le type rigolo qui parle plus qu'il n'agit. Mais le second rôle le plus notable est joué par Burt Reynolds. Acteur viril s'il en est, fantasme de ses dames et mega-star dans les années 70 et 80, Reynolds fait ici une apparition ironique comme coach de l'équipe. Pourquoi ironique ? Parce que c'est lui qui tenait le rôle d'Adam Sandler dans l'original de 1974. Son apparition, alors qu'il avait presque disparu des écrans depuis 20 ans, a ainsi quelque chose de très émouvant.

La star comique Adam Sandler (Self Control, Amour et Amnésie), acteur et producteur revisite l'un des classiques de l'action américaine avec son vieux complice le cinéaste Peter Segal (Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ?, Match retour). Il y a plus de quarante ans, le réalisateur ...

J'avais passé un bon moment devant. Pourtant rien de franchement folichon, un fond qui pourra sembler insipide, potache ou sans interêt pour certains. un film qui a un bon rythme les deux tiers du temps mais qui traine un peu sur la fin. M'enfin tant que la réalisation est correcte ...

Adam Sandler est un bon acteur. Il n'y a pas de doute. Peter Segal est un réalisateur moyen. Il n'y a pas non plus de doute. Mais ce film, c'est de loin un des meilleurs films des deux personnes. Chris Rock complète le tiercé gagnant. Burt Reynolds, Nelly, Bill Fichtner, ...