MOI NOJOOM,10 ANS, DIVORCÉE

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Le film que vous vous apprêtez à découvrir, ne ressemble à aucun autre que vous ayez vu par le passé. D’abord de par sa provenance : réalisé de manière semi-clandestine au Yemen, il est le premier long métrage tourné dans ce pays sans tradition cinématographique, voisin de l’Arabie Saoudite. 

Exceptionnel, ce film l’est également de par son inspiration. Il faut se le répéter pour le croire : il s’agit d’une histoire vraie, rendue publique en 2008 : celle, comme le titre l’indique, d’une petite fille de 10 ans, qui avait fui son mari, puis réclamé et obtenu le divorce, après avoir été mariée de force par son père.

Sa réalisatrice, Khadija al-Salami ne pouvait qu’être touchée par une histoire qui hélas lui a fait se remémorer la sienne, puisqu’à l’âge de onze ans elle fut mariée de force à un homme de vingt ans son aîné. Moins que la religion, c’est la bêtise, l’ignorance, l’inculture et l’analphabétisme que la réalisatrice fustige ici, le temps d’un film qui déborde de poésie, de sensibilité et parfois d’humour pour relater des faits indignes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HAREM (l'histoire d'une jeune new-yorkaise qui assistant au mariage d'amis est alors kidnappée par les sbires d'un sheikh arabe qui la convoitait depuis longtemps.) ou encore L'ARABIE INTERDITE (Un autre film tourné au Yémen...).

Khadija al-Salami a réalisé son film en grande partie de manière clandestine. Tourner au Maroc comme le lui proposait son producteur lui aurait certainement facilité la tâche, mais elle tenait à situer l’action dans son propre pays. Pour ne pas alerter les autorités et être à la merci d’éventuelles fuites, elle a parfois dû tenir ses propres acteurs dans l’ignorance des scènes qu’ils tournaient vraiment, ce qui ne l’a pas empêchée parfois de se faire expulser de certains villages où, pour l’empêcher de tourner, on avait tout simplement coupé l’électricité.

En 2016 un rapport de l’UNICEF est venu souligner l’infamie que vivent les femmes du Yemen, où les mariages forcés concernent une fille sur trois avant 18 ans, et, écoutez bien, une fillette sur sept avant l’âge de 15 ans ! Ce n’est qu’à l’âge de 16 ans, que la réalisatrice trouva elle la force de quitter son mari, après quoi elle fut, avec sa mère, répudiée par sa famille.

En s’accrochant à ses études, elle finit par décrocher une bourse qui lui permit de partir aux Etats-Unis afin d’y étudier la réalisation et la production. Âgée de 51 ans, elle vit aujourd’hui à Paris, mais retourne régulièrement dans son pays afin de réaliser des documentaires qui lui permettent de dénoncer, encore et toujours, une société aux traditions moyenâgeuses.