MOLLY JOHNSON

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Adaptant une nouvelle de 1892, la scénariste, réalisatrice et actrice Leah Purcell a transformé l’histoire d’une femme qui  survit dans une partie désertique de l’Australie en une épopée  remettant en perspective l’expansion de la population blanche en Australie au XIXème siècle. Le résultat est l’équivalent australien des westerns révisionnistes comme Little Big Man, additionné d’un point de vue féministe. 

Dans la nouvelle, Molly Johnson protège sa famille contre un serpent qui symbolise toute la sauvagerie du monde. Dans le film qu’elle a écrit et mis en scène, elle a mis des visages sur le monde extérieur qui est presque entièrement hostile et composé de prédateurs, blancs pour la plupart. 

C’est peu dire qu’elle porte le film à bout de bras, remplissant trois des postes clés, dont celui d’actrice principale. Concentrée sur la nature dramatique de son récit, elle n’en oublie pas moins de l’inscrire dans le contexte à la fois majestueux et inquiétant de la montagne australienne, que le chef opérateur Mark Wareham capture dans sa dimension épique.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE VENT (Parce que ce mélodrame muet, véritable classique du cinéma hollywoodien, donne à voir une femme qui fait face aux forces de la nature, dans une cabane au milieu de l'Ouest sauvage.) ou encore THE NIGHTINGALE (Parce que c'est un autre western des antipodes. Ce film d'une rare brutalité met une scène une femme qui se révolte contre la violence des hommes dans l'Australie sauvage du 19e siècle.).

C’est la troisième fois que Leah Purcell adapte la nouvelle d’Henry Lawson racontant l’histoire d’une femme anonyme qui attend le retour de son mari dans le bush australien. Elle l’avait d’abord adapté pour le théâtre, ce qui lui avait valu un prix en 2016, avant de le développer en roman en 2019. Inspirée par sa propre expérience et le passé de sa famille, elle a réinterprété l’histoire avec une sensibilité féministe, prenant parti pour les indigènes. Enfin, après avoir écrit le scénario de cette troisième version, elle s’y est investie en assurant la mise en scène ainsi que l’interprétation du personnage de Molly Johnson. Parmi les personnages qu’elle a ajoutés ou développés par rapport à la nouvelle originelle, le sergent Nate Clintoff, nouveau représentant de la loi en ville, sa femme Louisa, qui prend la défense des femmes et surtout, l’indigène évadé Yadaka, dont la contribution est essentielle pour aider la famille Johnson. 

Dans la nouvelle originelle, une femme est réfugiée dans une cabane avec ses quatre enfants, alors que son mari, convoyeur de moutons, est absent depuis six mois. Lorsqu’un soir, un serpent disparait sous la cabane, la femme passe la nuit à guetter le serpent avec son chien Alligator. Métaphore du combat d’une femme contre son environnement, l’histoire a été développée par Purcell pour montrer que la nature humaine est peut-être encore plus impitoyable que la nature. En donnant un nom à son héroïne, elle lui donne aussi une dimension légendaire. 

Le tournage de Molly Johnson a eu lieu dans les montagnes des Nouvelles Galles du Sud pendant les mois d’été de 2019/2020 qui ont été marqués par des incendies ravageurs, auxquels la production a échappé de peu. Leah Purcell s’inscrit dans une tendance contemporaine du cinéma australien qui revisite l’histoire avec un regard critique, comme l’avaient fait Warwick Thornton avec Sweet Country (2017) ou Jennifer Kent avec The Nightingale (2019).