PARIS-WILLOUBY

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Vous connaissiez le célèbre "familles, je vous hais" d’André Gide. Avec le film qui va suivre, vous allez découvrir le "famille je vous aime… quand même" !

Imaginez une tribu recomposée autant que décomposée : une femme et un homme ayant chacun eu des enfants avec quelqu’un d’autre, vivant sous le même toit en compagnie du frère bien déglingué de madame. Ajoutez-y la mort d’un père avec lequel madame et son frangin avaient coupé tous les liens, l’obligation de se rendre à l’enterrement du paternel et vous obtenez une tragi-comédie formidable !

Pour leur tout premier film, Quentin Reynaud et Arthur Delaire osent dynamiter avec candeur et volonté un genre dont on croyait avoir fait le tour. Ils peuvent en cela compter sur un casting alléchant qui réunit à l’écran Isabelle Carré, Stéphane de Groodt et Alex Lutz et dans les rôles des enfants de cette famille ahurissante, de jeunes comédiens forts prometteurs, dont certains déjà confirmés comme Joséphine Japy…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LITTLE MISS SUNSHINE (Une famille, des névroses, une fillette qui doit passer un concours, un van et un deuil inattendu. Que de points communs !) ou encore A BORD DU DARJEELING LIMITED (Faire le voyage en famille pour se rendre à un enterrement n'est jamais une source de calme et de sérénité...).

Alors ? Convaincus par cette virée toute autant familiale que sentimentale ? Même si le public à la sortie du film ne s’est pas rué dans les salles pour voir Paris-Willouby, avouez que la balade valait bien le déplacement… Reconnaissons au tandem Reynaud-Delaire le talent insouciant de la jeunesse et la volonté assumée de s’attaquer, pour leur première réalisation, à un genre maintes fois abordé au cinéma.

L’exemple le plus emblématique, (et d’ailleurs honnêtement revendiqué par les deux amis-cinéaste), est évidemment Little miss sunshine, dont on retrouve ici l’épopée sur la route et la dinguerie familiale. Ce petit film indépendant sorti en 2006 a très vite acquis ses galons de blockbuster générationnel, au fil de ses succès en festival puis dans les salles du monde entier. Jonathan Dayton et Valerie Faris y racontaient avec jubilation et désespoir les mésaventures de la famille Hoover, bien décidée à traverser l’Amérique à bord d’un van pour permettre à sa fillette de participer à un concours de beauté réservé aux enfants.

Le voyage se faisant en compagnie d’un ado mutique et d’un oncle gay suicidaire, on se doute qu’il n’est pas de tout repos ! Steve Carell, Paul Dano ou Greg Kinnear sont notamment les interprètes de cette saga irrésistible autant que bouleversante…

Les exemples de films dont la famille est l’inspiration principale ne manquent pas : Le parrain de Coppola en est une variante tragique, La famille de Scola est évidente rien que par son titre tout comme Hannah et ses sœurs  de Woody Allen, Star wars de George Lucas et ses suites ne parlent que de cela, jusqu’à l’animation, de Bambi  au Roi lion en passant par Pinocchio, L’âge de glace ou Shrek. Le cinéma français n’est bien entendu par insensible à cette tendance. On pourrait citer Les marmottes d’Elie Chouraqui, La bûche de Danièle Thompson, Un air de famille de Cédric Klapisch, Itinéraire d’un enfant gâté de Claude Lelouch ou encore La vie est un long fleuve tranquille d’Etienne Chatiliez…

Ne voyez dans ma notation bienveillante qu'un encouragement destiné aux deux réalisateurs de cette histoire qui se laisserait suivre avec plaisir, voire avec romantisme, si certains plans ne s'éternisaient autant sur la route ! (Et de grâce, ne me parlez pas de "road-movie", ...

Le tout premier long métrage de Quentin Reynaud et Arthur Delaire est un film rempli de tendresse, d'amour, d'humour acide et de maladresse, avec Stéphane De Groodt en père-turbé et Alex Lutz en tonton glandeur. Autant dire qu'il n'en fallait pas plus pour me faire venir dans ...