PETER VON KANT

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Peter, un metteur en scène libidineux et fantasque, entreprend de séduire un jeune homme en lui faisant miroiter une carrière au cinéma. Appelez le Peter, mais il est célèbre sous le nom de Peter von Kant, cinéaste moins connu qu’il ne le voudrait.

Peter von Kant c’est aussi le titre du film signé de François Ozon en 2022. Le casting est royal avec Denis Ménochet dans le rôle du vaniteux, Isabelle Adjani dans celui d’une actrice tout à fait snob et Hannah Schygulla en maman du cinéaste. Sans oublier la révélation du film, le jeune Khalil Gharbia.

Entre le vaudeville et le drame bourgeois, dans une Allemagne des années 70, le film a le kitsch délibéré, celui de François Ozon quand il introduit de la théâtralité dans sa mise en scène. Et puis il y a du texte, la preuve.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver A STAR IS BORN DE BRADLEY COOPER (2018) (La plus récente adaptation de ce mélodrame qui a fait couler bien des larmes dans les chaumières. La première remontait à 1937, elle était signée Wellman. La plus célèbre fut celle interprétée par Judy Garland (1954) et signée Cukor.) ou encore GOUTTES D'EAU SUR PIERRES BRULANTES DE FRANÇOIS OZON (En 2000, François Ozon mettait pour la première fois en scène un texte jamais monté ni au théâtre ni au cinéma et signé de Fassbinder. Il s'agissait déjà d'un huis clos avec la description des turpitudes du désir, de l'amour, de la jalousie et de la satire des conventions sociales.).

Von Kant ? Ce patronyme dit quelque chose au cinéphile. Et pour cause, il rappelle un autre titre du cinéma d’influence - ou underground, comme on voudra - : « Les larmes amères de Petra von Kant » de Rainer Werner Fassbinder (1972). A l’époque il s’agissait d’une adaptation par le cinéaste allemand de sa propre pièce, écrite l’année précédente. Ozon a décidé d’en faire une version transitionnelle, en inversant les sexes de la plupart des personnages. Ainsi Petra devient Peter. Et il transpose le milieu de la mode vers celui du cinéma.

C’est toujours une histoire d’amour sadomaso où le prédateur devient la victime et qui raconte, qu’on soit LGBT ou hétéro, toujours la même histoire : croire séduire par le pouvoir, puis se voir manipuler par l’âge et la sentimentalité. Pygmalion et Galatée sont de retour dans une version tragicomique que le cinéaste se plaît à entretenir. Hanna Schygulla, égérie de Fassbinder, après avoir joué le rôle de Petra dans la première version, incarne cette fois la mère de Peter. Un clin d’oeil supplémentaire d’Ozon et son carrousel des sexes.

On se souvient qu’avec « Gouttes d’eau sur pierres brûlantes » (2000) le cinéaste avait déjà travaillé à partir de l’oeuvre de Fassbinder. Il a gardé du maître allemand un art de la distanciation brechtienne, une sentimentalité proche du mélo (Douglas Sirk en référence) et une représentation de l’ivresse des sens considérée comme douloureusement dérisoire. Côté Adjani, la diva s’est prise au jeu en parodiant les stars des années 50, jouant les Taylor ou les Dietrich. Ces femmes précisément qui jouaient qu’elles jouaient. Le cinéma n’est qu’un éternel recommencement.

C'est ce qu'Ozon fait dire à la star Sidonie / Isabelle Adjani à son (jusque là) grand ami , le réalisateur Peter Von Kant, au moment du "pétage de plombs" de celui-ci, le jour anniversaire de ses quarante ans, parce que le garçon, dont il est fou ou qu'il ...

Cinéaste pour le moins prolifique, sortant des films chaque année comme s’il fallait déjà oublier le précédent, François Ozon peine à se renouveler, à extirper son cinéma d’un académisme encombrant (Été 85, Tout s'est bien passé). Un académisme incapable surtout ...

De film en film, François Ozon traque la part de vrai nichée dans le faux (« L’Amant double » 2017, « Été 85 » 2020), la vérité dans l’imposture apparente (« Frantz » 2016), la sincérité sous le déguisement, voire le travestissement (« Une Nouvelle Amie » ...