PETITE NATURE

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Johnny a dix ans. Mais à son âge, il ne s’intéresse qu’aux histoires des adultes. Dans sa cité HLM en Lorraine, il observe avec curiosité la vie sentimentale agitée de sa jeune mère. Cette année, il intègre la classe de Monsieur Adamski, un jeune titulaire qui croit en lui et avec lequel il pousse la porte d’un nouveau monde. Tel est le synopsis de Petite nature, le second long métrage réalisé par Samuel Theis, après avoir coréalisé Party Girl avec Marie Amachoukeli et Claire Burger. 

« Ce film est en grande partie autobiographique. »  a déclaré Samuel Theis lors de la sortie de Petite nature. Et d’expliquer  qu’en faisant ce film il revisitait constamment son enfance en Moselle en essayant de se souvenir de ce moment où il a pris conscience de son désir de partir. A quel moment dans la vie d’un enfant nait le désir d’émancipation ? Telle est la question qui a guidé le cinéaste dans l’écriture du scénario de son film. Ce dernier est donc sur les éveils affectif, intellectuel, sexuel, comme le résume Samuel Theis. 

A l’origine du film, il a également, selon le cinéaste, un sentiment de honte sociale qu’il a lui-même ressenti durant son enfance : « J’ai beaucoup lutté avec ce sentiment de honte » a-t-il déclaré, « c’est sans doute ce qui m’a amené à faire des films. » C’est précisément par le milieu scolaire et la personnalité de son professeur, issu, lui, des classes moyennes, que Johnny va tenter d’échapper à cette honte, de s’en libérer.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver STELLA (Dans le contexte d'un bistro populaire parisien, l'éveil à la vie sociale et affective d'une jeune fille) ou encore RETOUR À FORBACH (Avec ce film documentaire autobiographique, Régis Sauder, originaire comme Samuel Theis de la ville de Forbach, revient lui aussi sur ses années de formation).

Au cours d’une scène-clé, Johnny se révolte contre la « malbouffe » et la critique de façon très virulente. Il se dresse ainsi contre les adultes et sa famille, leur hurlant littéralement son refus de leur ressembler, sa singularité. « Quand j’étais petit », raconte le cinéaste, « je voyais bien qu’il y avait de l’injustice partout. Certains parviennent à s’en accommoder, pour moi, c’était absolument impossible ! Je ne comprenais pas qu’on puisse se résigner à vivre dans des conditions pareilles. Je savais déjà que je partirais, que je vivrais autre chose, que je me construirais un avenir ailleurs. » 

A cet éveil d’une conscience sociale révolte correspond chez Johnny l’éveil à la sensualité et à la sexualité. Samuel Theis revendique hautement ce mouvement parallèle : « Je voulais faire dialoguer ces deux dimensions et montrer que l’une est l’expression de l’autre. » Face à lui, son professeur incarne également la figure du mentor, le « maître », comme on dit à l école primaire. Il représente l’apprentissage, les livres, la culture. Sans oublier l’extérieur : Adamski vient de Lyon, tandis que Johnny n’a jamais encore quitté son Forbach natal… 

Forbach est d’ailleurs le troisième personnage principal du film après Johnny et Adamski. Avec chez l’auteur -réalisateur la volonté assumée de regarder autrement ce territoire, en ne le réduisant pas aux quartiers populaires, à la fatalité du chômage et à la délinquance. Se revendiquant de l’héritage cinématographique de Pialat, des frères Dardenne ou bien encore du néo-réalisme italien, Samuel Theis souhaite lutter contre le mépris de classe affiché selon lui par les médias vis à vis de ces classes populaires trop souvent délaissées.

Grandir, mûrir, ça n’est pas toujours évident. Ce récit d’apprentissage subtil dépeint avec intelligence et de délicatesse les tourments d’un enfant en décalage avec son environnement social. Le cinéma a souvent été un terreau fertile pour les récits sur l’émancipation ...

L’enfant. L’enfant est de tous les plans. Solaire. Lumineux. Grave. Infiniment mûr, du haut de ses dix ans, portant un regard aigu sur le monde. Son monde, un monde rude, populaire, des HLM, qui a la parole courte et cinglante, et qui joint le geste, au besoin ; un monde dans ...

En voilà une jolie surprise complètement inattendue! « Petite nature » fait partie de cette catégorie d’œuvres qui s’apparentent à de petits miracles de cinéma. Rien d’extraordinaire ou rien de transcendant certes, mais du charme à n’en plus finir, de la sincérité ...