POUR L'EXEMPLE

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« Je voyais cet horrible monument héroïque, qui est tellement une plaisanterie quand on le regarde à la lumière de ce qu’on sait de la guerre. » C’est ainsi que Joseph Losey évoque le monument aux morts de Hyde Park à Londres. Et c’est précisément ce monument qui est l’objet du long panoramique par lequel Losey a choisi d’ouvrir son film « Pour l’exemple ».
Comme il l’a lui-même raconté, le scénario du film lui est parvenu sous la forme d’une pièce radiophonique "pas très bonne" et donc d’un texte qui n’était pas destiné à l’origine à devenir un film. Mais le propos qui intéresse Losey est déjà présent à ce stade, d’autant plus qu’il est tiré d’une histoire vraie. Il s’agit pour Losey de poser le problème de l’engagement d’un individu et son désengagement d’une guerre qu’il ne comprend plus. Autrement dit, un message antimilitariste univoque et évident.
Selon le cinéaste, Dirk Bogarde a cosigné le scénario écrit par Evan Jones, parce que l’acteur a écrit certaines scènes. Et Bogarde ayant été officier dans l’armée anglaise, il donna de précieux conseils à Losey. Ce dernier a par ailleurs indiqué qu’à l’origine, le film a été fait pour la télévision britannique mais que, n’ayant jamais été programmé, il est finalement sorti sur grand écran.

 
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De l’aveu même de Joseph Losey, le film est « une conversation entre deux classes sociales ». C’est ainsi qu’il définit le dialogue entre le capitaine et le soldat déserteur dont il est chargé d’assurer la défense devant la Cour martiale. Comme le faisait Jean Renoir dans « La Grande illusion », Losey se sert ici de la guerre et des circonstances exceptionnelles qu’elle fait inévitablement naître pour faire se rencontrer deux individus que tout oppose et singulièrement le statut social.
D’un côté l’officier issu des classes dirigeantes et aisées, de l’autre, face à lui, le simple soldat qui vient d’un milieu populaire. En temps normal, en temps de paix donc, ces deux hommes n’auraient pas dû ou pu se parler aussi longuement et finalement de façon aussi intime et ouverte. Le temps qui passe et la situation d’urgence font se lever les obstacles et les frontières entre ces deux personnages.
Au bout de ce dialogue condamné par avance, la morale du film apparaît comme un constat d’une totale impuissance de l’individu broyé par le mécanisme de la guerre. Loin des films de guerre à grand budget et y compris les films les plus farouchement opposés à la guerre comme « A l’Ouest, rien de nouveau » ou « Les Sentiers de la gloire », « Pour l’exemple » a bénéficié d’un financement très réduit, ce qui, selon Losey, a été très bénéfique.

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