PSYCHO

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En 1989, le succès de son deuxième long métrage, Drugstore Cowboy, attire l’attention des grands studios sur l’indépendant Gus Van Sant. La Universal lui propose de fouiller dans son catalogue de films anciens pour tourner un remake. Son choix se porte sur Psychose d’Alfred Hitchcock et son parti pris surprend les patrons du studio : refaire une copie à l’identique de l’original, reprendre le story-board plan par plan. Ils balaient cette proposition, jugée absurde. Les nominations aux Oscars de Will Hunting en 1997 permettent au cinéaste de signer un contrat avec eux et d’imposer enfin son projet, soudain considéré comme « absolument fantastique ».

Van Sant repart donc du roman de Robert Bloch, s’inspirant de la personnalité schizophrène du tueur en série Ed Gein, ou plus exactement du script final conçu par Hitchcock avec un jeune scénariste débutant, Joseph Stefano. Il tient en effet à son expérimentation : une copie en couleurs de l’original, avec la musique de Bernard Herrmann. Rien ne sera modifié : une jeune femme dérobe de l’argent dans son agence, s’enfuit, se réfugie dans un motel tenu par le tueur névrosé. Des ajustements minimes situent ce récit en 1998. Van Sant peut aussi filmer ce qu’Alfred Hitchock ne pouvait pas faire en 1960 pour des raisons techniques, comme le travelling aérien du plan d’ouverture, ou de censure.

La différence notoire vient d’éléments plus explicites et du casting. Anne Heche succède à Janet Leigh et Vince Vaughn à Anthony Perkins. La conception de Norman Bates par le comédien et le cinéaste permet à cette copie de se démarquer de l’original en insistant sur le danger physique du personnage et ses pulsions sexuelles. Chez Hitchcock et avec des suggestions d’Anthony Perkins, Bates était un homme plus fragile encore, enraciné dans l’enfance, peut-être impuissant. Le remake de Van Sant insiste sur sa nature prédatrice, plus inquiétante.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DERANGED (De Jeff Gillen, 1974, inspiré de la vie du tueur en série Ed Gein, dont le roman de Robert Bloch, Psychose, est tiré.) ou encore PSYCHOSE (d'Alfred Hitchock, 1960, dont Psycho est le remake à l'identique (ou presque)).

Ce remake prétendument à l’identique est un échec commercial. Ainsi Gus Van Sant a eu la réponse à la question qu’il se posait sur son expérimentation : « Est-il possible de répéter le succès au box-office d’un film si on en fait un exact remake ? Il semblerait que non ! » Il avait reçu l’autorisation de Patricia Hitchcock, la fille d’Alfred. Le générique de fin se déroule sur le marais avec comme mention finale : « A la mémoire d’Alfred Hitchcock ».

Il lui rend même hommage en respectant son cameo d’origine, en plaçant devant l’agence immobilière un figurant de même corpulence, vêtu d’une veste similaire et d’un chapeau blanc. Pour le générique, il fait appel à Saul Bass, concepteur du premier générique et aussi associé à la mise en scène de la scène de la douche. Certains critiques notèrent que la musique de Bernard Herrmann était peut-être un contresens avec la couleur. Elle était indissociablement liée au noir et blanc d’Hitchcock, conçue comme une bande originale elle-même en noir et blanc.

Autre nom commun aux deux films, le scénariste Joseph Stefano. Van Sant reprend son script original et le fait intervenir comme conseiller technique. Il venait de la musique, composant des chansons pop, avant de devenir scénariste. Psychose avait été son premier travail notable, lui rapportant une distinction. Son entente avec Hitchcock avait été parfaite. Mais son nom reste surtout associé aux séries télévisées. Il est producteur et scénariste de nombreux épisodes de la série Au-delà du réel, créée en 1963, angoissante et paranoïaque anthologie de science-fiction qui concurrençait La Quatrième Dimension. Toujours pour la télévision, il écrit en 1990 le téléfilm Psychose IV le commencement, préquelle également interprétée par Anthony Perkins.

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