QUI VIVE

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C’est quand même difficile de s’appeler Chérif et de devoir se mettre hors la loi... Cette plaisanterie facile mise à part, autant vous dire que le film qui va suivre n’a rien d’une comédie et ramène plutôt au concept du western urbain... d’où cette blague pas drôle sur "Chérif" !
Sous ce prénom se cache un jeune étudiant hospitalier, tentant avec beaucoup de mal de décrocher son diplôme d’infirmier. Un petit boulot de vigile et un coup de coeur pour une jolie fille pourraient améliorer ce triste quotidien mais la violence et la délinquance vont se charger de mettre Chérif sur la mauvaise voie : celle des ennuis et des regrets.

Ce premier film de Mariane Tardieu, chef opératrice réputée du cinéma français, navigue entre drame et romance et met en valeur un des acteurs qui s’impose de films en films, Reda Kateb ici aux côtés de la révélation de La vie d’Adèle, la troublante Adèle Exarchopoulos...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HIPPOCRATE (Reda Kateb excelle dans ces deux visions des métiers de la santé. Docteur étranger venant chercher ses équivalences ou apprenti infirmier malheureux, la blouse blanche et les idées noires lui vont à merveille !) ou encore VIGILES (Cette profession, ses difficultés et ses douleurs (parfois) est rarement illustrée au cinéma...).

Sa première apparition à l’écran avait été plus qu’une révélation : une évidence. En 2009 dans Un prophète de Jacques Audiard, Reda Kateb n’avait que quelques minutes à l’écran mais son rôle de gitan avait impressionné, la pellicule tout autant que le public et la critique. Avec Qu’un seul tienne, les autres suivront, Une histoire d’amour ou même sa participation en caillera en rut dans Les garçons et Guillaume à table ! il a imposé sa présence et sa vraie gueule de cinéma sur les écrans. Evidemment, le succès de Hippocrate de Thomas Litli en 2014 a donné un sacré coup d’accélérateur à une carrière qui s’est aussi développée à l’international.

Reda Kateb a ainsi tourné avec Kathryn Bigelow dans Zero dark thirty, le thriller militaire qui retraçait la traque de Ben Laden par les services secrets américains. Plus étonnant encore, on l’a vu dans Lost river, le premier film de réalisateur hallucinant et halluciné de Ryan Gosling. Le comédien, fils d’une vedette du théâtre algérien et d’une infirmière, avoue vivre les choses avec philosophie, constatant le plus sobrement et simplement possible que tout cela n’est que le résultat d’un long travail et de pas mal de patience ! Reste à espérer que l’imagination des scénaristes puisse le projeter au-delà de "l’immigré de service", chose que Marianne Tardieu a eu le talent et le flair d’envisager...

Tiens, puisque nous parlions de sa maman en blouse blanche, notez que Reda Kateb semble être poursuivi par le milieu hospitalier ou les questions de santé. Dans Qui vive que vous venez de regarder, il incarne un apprenti infirmier et dans Hippocrate, il jouait le rôle d’un médecin étranger, venant tenter en France d’obtenir ses équivalences et le droit d’exercer. Et ce n’est pas fini : La résistance de l’air un de ses films programmés en 2015, le verra notamment aux prises avec un père malade qui sème la pagaille au sein de sa vie de famille déjà vacillante.

Filmé d’abord en marge après avoir été vu au travers d’une caméra de surveillance, Chérif (Reda Kateb, comme d’habitude impérial) va envahir au fil des scènes suivantes le centre de l’écran comme si ce jeune trentenaire relégué reprenait sa place au cœur d’une ...

Il est des films admirablement construits entre ce qui apparaît à l’écran et ce qui est suggéré en filigrane. Parfois les deux approches sont tellement indissociables qu’elles se fondent parfaitement l’une dans l’autre, donnant une trame complexe et captivante. « ...

Pour son premier film de réalisatrice en solo, Marianne Tardieu assure sur tous les plans. Pendant 1h20 le spectateur est porté par le personnage joué par Reda kateb, Cherif qui galère pour vivre, étudier et travailler en paix. Son interprétation est exceptionnelle tout ...