RETOUR À FORBACH

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Forbach. Une petite ville de Lorraine qui fut longtemps un lieu phare de l’industrie minière française. Jusqu’à son arrêt, une progressive désindustrialisation et un taux de chômage record. Forbach est entrée dans la lumière médiatique pendant les élections municipales de 2014 en étant devenu un des bastions du Front National, jusqu’à faire arriver Florian Philippot en tête du premier tour.

Régis Sauder connait bien Forbach. C’est là qu’il a grandi avant d’en partir. Le documentariste y revient à l’occasion d’un scrutin pour essayer de comprendre ce qui y a changé après la chute du bassin houiller. Que sont devenus ses copains d’enfance, restés sur place, malgré tout ? Pourquoi la ville s’est-elle peu à peu désertifiée ne laissant que des pancartes « A vendre » ou « A louer » aux fenêtres des immeubles ? Jusqu’à forcer les parents de Sauder à quitter le pavillon familial après un cambriolage sans butin ?

Retour à Forbach voit plus loin que l’Alsace-Lorraine, jette autant un œil sur les souvenirs  qu’il interroge cette fameuse France d’en bas et son sentiment d’abandon. Un portrait qui ne joue pourtant pas les pleureuses, persiste à dénicher les forces vives de ce qu’on appelle aujourd’hui une ville morte.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BRADDOCK AMERICA (Deux réalisateurs français sont allés voir comment vit une ville de l'Amérique profonde, ancien bastion sidérurgique.) ou encore CHEZ NOUS (Lucas Delvaux se demande comment une paupérisation sociale et économique peut pousser au vote extrême-droite).

Régis Sauder s’est fait connaître en confrontant un discours politique et une réalité du peuple avec Nous, Princesses de Clèves, documentaire né de la volonté de Nicolas Sarkozy de mettre le classique de Madame de Lafayette au programme de certains concours administratifs sous prétexte d’un manque de culture générale. Le documentariste avait alors proposé à des lycéens des quartiers Nord de Marseille de se le réapproprier. Sauder reprendra ce même modèle de comparaison entre la vision politique et celle des classes ouvrières pour Retour à Forbach.

Ce film-là était né dans la tête de son réalisateur avant même que Forbach devienne l’emblème d’une montée en puissance du Front National. Dès le début des années 2000, Sauder voulait revenir dans la ville de son enfance pour raconter ce qu’il reste d’un héritage, d’une tradition industrielle quand celle-ci a quitté les lieux.  Le résultat du premier tour des élections municipales transformera ce projet en nécessité. Les pistes de travail du scénario seront pour autant rattrapées par des événements inattendus, qu’ils soient personnels comme le cambriolage de la maison familiale, ou plus généraux comme la mise en place de l’état d’urgence et d’un nouveau rapport à la frontière ricochant sur le passé d’une ville longtemps connue pour être cosmopolite accueillante avant de s’être refermée sur elle-même

Dans une séquence, Sauder fait littéralement le vide, en mettant dans une benne tout ce que ses parents ont abandonné dans le pavillon en le quittant. Une manière de faire resurgir des souvenirs pour mieux s’apercevoir qu’ils ont disparu. Le tout résumé en une phrase « Il faut une vie pour remplir une maison, un jour pour la vider » qui fait forcément écho à la situation de tous les Forbach de France ou d’ailleurs, pour mieux se demander comment on fait pour avancer malgré tout quand les racines ont été saccagées.

Retour à Forbach est un documentaire à la fois instructif et émouvant. Dans sa quête de sens Régis Sauder nous emmène rencontrer des habitants de Forbach, ville de Moselle où il a grandi en essayant de comprendre pourquoi le score du Front National ne cesse de grimper. Tout ...

Ce film est clairement un de mes deux coups de cœur du mois d'avril et même de ce début d'année. L'idée du réalisateur de s'intéresser à Forbach et de recueillir tous ces témoignages est excellente. Le spectateur comprend simplement l'histoire de cette région abandonnée ...

Le retour. Fruit du désir qu'un déplacement dans l'espace permette l'équivalent d'un bond en arrière, dans le temps... Or on sait, depuis Ulysse, qu'un tel rêve est voué à l'inaccomplissement ; et encore le héros antique a-t-il eu l'immense chance de retrouver vivante sa ...