ROUGE

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Pour son 2e long métrage après Good Luck Algeria, Farid Bentoumi quitte l’univers de la comédie pour celui du drame social et écologique avec Rouge. Le réalisateur s’est ainsi intéressé l’usine de Gardanne responsable dans les années 2010 d’un scandale sanitaire en rejetant des boues rouges extrêmement toxiques. 

A partir de cette histoire, le cinéaste a imaginé Rouge qui met en scène Nour, nouvelle infirmière dans l’usine chimique où travaille son père, délégué syndical et pivot de l’entreprise depuis toujours. Alors que l’usine est en plein contrôle sanitaire, une journaliste mène l’enquête sur la gestion des déchets. Les deux jeunes femmes vont peu à peu découvrir que cette usine, pilier de l’économie locale, cache bien des secrets.  

Dans la lignée de Erin Brockovich et Dark Waters, Rouge affiche sa veine réaliste et indignée à l’aide à l’écran d’un casting de choix composé, notamment, de Sami Bouajila, Zita Hanrot, Céline Sallette et Olivier Gourmet.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ERIN BROKOVITCH DE STEVEN SODERBERGH (Comme Rouge, Erin Brokovitch est tiré d'une histoire bien réelle sur une femme devenue, un peu malgré elle, lanceuse d'alerte) ou encore DARK WARTERS DE TODD HAYNES (Là aussi une entreprise tue des habitants et des salariés à coups de produits polluants).

Au début de ce projet de film, Farid Bentoumi était surtout intéressé par le monde des éboueurs, un corps de métier peu représenté dans le 7e art. Sauf que le milieu professionnel de la gestion des déchets est aujourd’hui très surveillé et contrôlé et qu’il n’y a donc plus vraiment d’affaires de pollution sur lesquelles arc-bouter un scénario. Mais c’est en se documentant sur ces questions de déchets, que le cinéaste est tombé sur l’histoire de l’usine de Gardanne qui rejette ses déchets toxiques dans la Méditerranée, des boues rouges. Cela fait plusieurs années que le gouvernement et la préfecture leur demandent d’arrêter de polluer la mer mais cette usine, c’est aussi 500 emplois à la clé, ce qui est essentiel dans cette région marquée par le chômage. 

C’est donc autour de ce double dilemme, problématique écologique et problématique sociale qui semblent irréconciliables, que Farid Bentoumi décide d’appuyer son histoire de conflit intergénérationnel. En effet, chacune de ces problématiques sont incarnées soit par le père, joué par Sami Bouajila, soit par la fille, interprétée par Zita Hanrot, transformant le débat sociétal en querelle familiale. Rouge devient donc une œuvre à lire à plusieurs niveaux, autant sur le rapport de parents à enfants, d’une génération à une autre, d’un conflit à l’autre, sans aucun manichéisme. 

Si au début il était question de faire du personnage de Nour un personnage masculin, Farid Bentoumi a préféré réécrire le rôle pour une fille en pensant immédiatement à Zita Hanrot pour l’incarner. L’idée était aussi de normaliser les choses en s’appuyant jamais sur la féminité de Nour, ni sur l’arabité de cette dernière et de son père Slimane. Ces questions n’entrent jamais en jeu, Slimane et, surtout Nour, étant considérés avant tout comme des employés de l’usine, prenant une place dans le collectif. Et la révolte de Nour est celle d’une fille contre son père, d’une femme contre un collectif majoritairement masculin mais surtout, et avant tout, d’un être humain contre un système oppressif et dangereux pour l’humanité.

Un film brillant, démarrant comme une étude sociale aux dehors bienveillants puis basculant au fur et à mesure vers le thriller anxiogène proprement redoutable. Petit modèle d'écriture le second long métrage de Farid Bentoumi s'inscrit dans la veine du cinéma délibératif ...

Le film dossier, en France, c'est pas la joie. A part peut être une oeuvre en forme de thriller comme Le Nouveau Protocole ? Car de l'autre côté de l'Atlantique, pas besoin de faire d'efforts de mémoire, puisque viennent tout de suite des titres comme Dark Water, Promised Land, ...

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