SAINT AMOUR

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C’est dans les allées du Salon de l’Agriculture 2015 que commence Saint Amour, ce road-movie viticole, septième film du duo Benoît Delépine / Gustave Kervern.

Vous y ferez la connaissance de Bruno (Benoît Poelvoorde), agriculteur malheureux, mal dans sa peau, alcoolique et dépressif qui, tous les ans, avec son pote Thierry (Gustave Kervern), profite du Salon pour faire la route des vins de France, sans jamais quitter le hall des expositions.
Son père (Gérard Depardieu), un agriculteur en retraite qui a autant de mal à décrocher qu’à communiquer avec son fils qu’il voit se perdre de verre en verre, décide, sur un coup de tête, de l’emmener faire une vraie route des vins, pour tenter, au moins, de se rapprocher de lui.

Avec le jeune chauffeur de taxi (Vincent Lacoste), qui les véhiculera de vignobles en vignoble, leurs rencontres seront nombreuses et parfois heureuses. Vous y reconnaîtrez notamment : Andréa Ferréol, Chiara Mastroianni, Céline Sallette et même Michel Houellebecq.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DE TOUTES NOS FORCES (2014) (Un père vient en aide à son fils handicapé, en vue de participer aux épreuves du triathlon niçois.) ou encore L’INCOMPRIS (1966) (Difficiles relations d’un père veuf avec l’aîné de ses fils, finalement plus fragile que le cadet.).

Saint Amour est né d’un projet que Benoît Delépine et Gustave Kervern n’avaient pu mener à bien quatre ou cinq ans auparavant. Comme Saint Amour, tout commençait au cœur du Salon de l’Agriculture mais, contrairement à Saint Amour, on n’en sortait pas.
C’était déjà l’histoire d’un père – qu’aurait joué Jean-Roger Milo – et d’un fils – ils avaient pensé à Grégory Gadebois –, mais l’histoire était plus sociale et plus dramatique, s’achevant même par un suicide. C’est parce que la direction du Salon refusa qu’un tel film n’y soit tourné, que le duo se mit à réfléchir au film que vous venez de voir.

Gardant un grand souvenir de leur première collaboration avec Gérard Depardieu – c’était en 2010 pour Mammuth –, c’est à lui que les deux cinéastes proposèrent le rôle de ce père, si conscient du mal-être de son fils. Dans le scénario, ce personnage était moins aimant et plus raide, "c’est Gérard qui l’a tiré vers ça. C’est son génie", déclara Gustave Kervern. Comme Benoît Poelvoorde, qui apparaissait déjà en 2004 dans Aaltra, le premier film du duo, ainsi que dans Louise-Michel et dans Mammuth, Michel Houellebecq (59 ans), qui est, ici, le propriétaire d’une bien modeste maison d’hôtes, avait déjà été dirigé, en 2014, par Delépine et Kervern dans Near Death Experience, où il jouait le rôle principal, celui d’un employé de plate-forme téléphonique victime d’un burn-out. Dans Saint Amour, il était prévu qu’il joue le rôle du chauffeur de taxi.
Mais, les polémiques nées au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo et de la sortie concomitante de son livre, Soumission, obligèrent l’écrivain à se soumettre à une constante protection policière ainsi qu’à une certaine discrétion. C’est ainsi que Vincent Lacoste, ex-"beau gosse" de 22 ans, hérita du rôle.

Si l’on en croit les deux cinéastes, Saint Amour n’est pas "un film de pochetrons". En effet, et toujours selon eux, « les femmes rythment davantage le récit que le vin », et quelles femmes !
Chiara Mastroianni, la vendeuse de frites et de pizzas ; Solène Rigot, la serveuse du restaurant ; Izïa Higelin, l’ex devenue tétraplégique ; Ovidie en agent immobilière trouble ; Andréa Ferréol, la cliente de la chambre 208, ou encore Céline Salette, alias Vénus, cette cavalière bien accueillante, qui reprenait le rôle précédemment envisagé pour Tilda Swinton.
Sans oublier la fidèle Yolande Moreau qui, après avoir été la femme de Benoît Poelvoorde dans le Tout nouveau testament de Jaco Van Dormael, prête, ici, sa voix à sa défunte mère, lorsque son père se rassure en continuant à laisser des messages sur son répondeur.

Incontrôlés et imprévisibles, telle est la marque de fabrique du tandem Kervern- Delépine, qui nous fait le coup d'une comédie sentimentale là où on s'attendait à de la déconnade entre potes dans le Beaujolais. Des libations, il y en a bien au Salon de l'Agriculture, mais ...

J'aime beaucoup le cinéma de Delépine et Kevern et ce film ne déroge pas à la règle, j'aime cet humour absurde, ces gens qui ne sont pas forcément bons, mais qui arrivent malgré tout à être réellement touchant. Saint-Amour c'est exactement ça, même s'il est sans doute ...

Après leur plongée vers Near Death Experience, marquant le fond d'une descente déjà bien amorcée par Mammuth, le joyeux duo Kervern-Delépine semble avoir décidé, avec ce dernier opus, de remonter la pente. Et comme rien ne se fête sans un verre à la main, c'est donc bien ...