SWEET HOME

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Le cinéma de genre espagnol est particulièrement tourné vers sa propre histoire voire, à l’instar du cinéma britannique et coréen, vers des réalités économiques du pays. Ainsi, les problèmes financiers qui émaillent l’Espagne dans les années qui suivent la crise de 2008 sont ici l’inspiration de Sweet Home. Et plus particulièrement ici, les expulsions, laissant plusieurs espagnols sans domicile.

Dans Sweet Home, Alicia, une jeune courtière en immobilier, organise un rendez-vous romantique avec son petit ami, Simon, dans un vieil immeuble quasi abandonné. Mais ils ne savent pas que le bailleur de cet immeuble a envoyé un groupe de tueurs afin de se débarrasser de ses derniers locataires. Quand Alicia et Simon les surprennent, ils doivent courir, se cacher et se battre pour éventuellement en réchapper.

Premier film de l’espagnol Rafa Martinez, ce long métrage d’épouvante bien sanglant se place directement dans la lignée de Rec de Jaume Balaguero mais aussi de Panic Room de David Fincher en évoquant un sujet à la Dream Home de Ho-Cheung Pang. Le tout avec une réalisation soignée exploitant les décors à grand renfort de travelling, de plongée mais aussi de couleur primaire évoquant le giallo.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver REC DE JAUME BALAGUERO (Même immeuble barcelonais pour une même ambiance claustrophobique.) ou encore DREAM HOME DE HO-CHEUNG PANG (La galère de l'immobilier traverse les frontières.).

Dans Rec de Jaume Balaguero, nous suivions des pompiers en dramatique intervention dans un immeuble barcelonais typique dont l’architecture particulière était utilisée comme un labyrinthe vertical. Dans Sweet Home, Rafa Martinez semble tout à fait se placer dans  la lignée de son illustre prédécesseur.
Ainsi a-t-on la sensation de se retrouver dans le même immeuble : et pour cause, ici aussi, le jeune réalisateur, dont c’est le premier film, se trouve à Barcelone.
Mais si le propos politique de Rec n’était pas aussi clairement affiché, il l’est ici dès les premiers secondes du long métrage. Le sujet : les nombreuses évictions dans les appartements espagnols à cause de la crise du logement. Et Sweet Home de dénoncer les méthodes parfois peu recommandable des agences immobilières.

A l’instar de Dream Home du coréen Ho-Cheung Pang, qui traitait de la difficulté de se loger à Séoul, poussant une jeune femme à commettre les pires ignominies pour arriver à louer l’appartement de ses rêves, Sweet Home a bien une portée sociale. Et l’horreur semble en être la catharsis afin d’exprimer la douleur engendrée par les méthodes drastiques et parfois inhumaines des agences immobilières locales, quitte à être un tantinet jusqu’au-boutiste dans le gore. Et le réalisateur de faire preuve d’une vraie connaissance du cinéma de genre. Car au-delà de soigner son image, il en profite pour jouer sur la forme et sur le fond. Sur la forme tout d’abord en citant, notamment, le giallo. Dans la scène d’ouverture, qui semble répondre au carton, tous les éléments clés de cette esthétique sont bien présents. Ainsi retrouve-t-on les gants noirs, les couleurs primaires mais aussi le traditionnel whodunit.

Mais Rafa Martinez s’amuse aussi du fond puisque le film va jouer avec la trame classique du Home invasion. En effet, ce sous-genre du cinéma d’horreur tend à montrer des individus pénétrant dans une propriété privée afin de commettre, au mieux, un larcin, au pire un meurtre. Hors ici, la première infraction du film n’a pas de mauvaises intentions.
Le cinéaste détourne ainsi le concept terrifiant pour en faire quelque chose de romantique : une escapade amoureuse dans un immeuble quasi-abandonné.
Mais très vite, comme le dit l’adage, un twist peut en cacher un autre, et le réalisateur inclut un deuxième home invasion, dans ce même lieu et celui-ci, beaucoup plus traditionnel.
Ainsi les malfrats envoyés par l’agence immobilière n’ont, eux, rien de romantique. Une ambiance de fuite, d’irruption dans un espace privé qui n’est pas sans évoquer le Panic Room de David Fincher.

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