Quand on n’est pas polonais et qu’on s’apprête à voir un film polonais, on n’est généralement pas dans le même état d’esprit, ou d’ébriété, qu’avant de voir des films ouvertement plus crétins comme Very Bad Trip, ou Very Bad Trip 2. Ici, même si c’est à un voyage qu’on est convié, il ne s’agit pas exactement d’une lune dans le miel.
Voyage dans le temps, voyage dans l’espace avec renversement des rôles, le film retrace les derniers mois de la vie d’un couple, enfin, en l’occurrence, les derniers mois de la vie d’un mari, ou plus exactement de sa femme, car la fiction rejoint et s’entremêle avec la réalité, tout en s’inversant... Et non, ce n’est pas la peine de faire cette tête-là: le mieux pour y voir plus clair, c’est de regarder ce film beaucoup plus lumineux qu’il n’y paraît, et au passage ce film dans le film, avec la mort qui rôde de chaque côté de la caméra...
A ma droite, nous avons Krystyna Janda, actrice polonaise de grand renom, qui raconte l’histoire triste et vraie de son mari et de son cancer. A la gauche de ma droite, nous avons la même Krystyna Janda, qui raconte l’histoire triste et fausse de Marta, dont les deux grands garçons sont morts en manifestant, qui ne se sait pas atteinte d’un cancer rapide, et qui retrouve un peu d’énergie dans les bains innocents qu’elle prend avec le jeune Bogus. Et au milieu coule un fleuve polonais; et filme Andrzej Wajda, sans doute le plus célèbre des metteurs en scène d’outre-Oder, si l’on n’oublie pas qu’il était là avant Roman Polanski.
Dans le même genre vous pouvez trouver KATYN (Autre film personnel de Wajda, cette fois sur la mort de son père) ou encore L'HOMME DE FER (La palme d'or pour Wajda en 81 (et là aussi avec Krystyna Janda)).