THE SAINT OF THE IMPOSSIBLE

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Il y a des scénarios qui, comme ça, sur le papier, ressemblent à des tableaux impressionnistes. Si l’on veut absolument tout comprendre d’emblée en s’attachant aux détails, on peut s’y perdre… Et puis d’un coup, en prenant un peu de recul, la vue d’ensemble vous donne toutes les clefs ! C’est exactement le cas du film de Mark Wilkins.

Le réalisateur britannico-suisse pour son premier long métrage nous tisse le destin apparemment confus d’une famille de sans-papiers vivant à New York. Une mère et ses deux jumeaux. Alors que les garçons semblent irrésistiblement attirés par une mystérieuse jeune Croate, leur maman tombe sous la coupe d’un romancier trouble dont le but est de la propulser à la tête d’une chaîne de burritos dans le Bronx…

Oui, je sais, dit comme ça, je ne vous éclaire guère mais laisser vous aller au rythme haletant de ce vrai thriller social, sur lequel planent les règles strictes et souvent inhumaines du droit d’asile et le couperet de l’expulsion…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BROOKLYN SECRET (Ce drame indépendant s’intéresse lui aussi à la situation des clandestins à New York. Il dresse aussi un panorama du melting pot américain avec des personnages philippins et d'autres juifs originaires de Russie.) ou encore Y TU MAMÁ TAMBIÉN - ET... TA MÈRE AUSSI! (Pour le portrait à la fois tendre et cru de deux ados en pleine découverte de l'amour et de la sexualité.).

Le rêve américain s’est au fil du temps transformé en utopie, en vestige d’un passé glorieux où les Etats Unis ouvraient grands leurs bras à celles et ceux désireux de tenter l’aventure du Nouveau Monde et d’une nouvelle vie… Même si les règles dès le départ étaient biaisées, l’illusion a perduré durant des décennies et alimenté la culture populaire outre- Atlantique. Le film de Mark Wilkins montre bien cette difficulté de départ de trouver sa place dans le patchwork américain, entre l’épopée parfois périlleuse de l’assimilation et la possibilité de réussir malgré tout… Le cinéma bien entendu s’est emparé du mythe, porté par des générations d’Italiens, de Polonais et d’autres nationalités de l’Est de l’Europe mais aussi d’Asiatiques, d’Hindous etc qui ont forgé son peuple en même temps que son esprit.

Dans la génération récente, James Gray est un parfait représentant de cet état d’esprit. Son film « The immigrant » avec Joaquin Phoenix et Marion Cotillard en 2013 revient d’ailleurs sur l’arrivée via Ellis Island de ces étrangers assoiffés de vie et de monde meilleur, découvrant les terribles règles de l’entrée en « terre promise »… Tout le cinéma de Gray a d’ailleurs abordé cette thématique de l’exil et du rêve, (souvent déçu), d’un Eden lointain… Ukrainien d’origine, le cinéaste ne parle pas d’autre chose dans « The yards », « Little odessa », « La nuit nous appartient » ou même « Two lovers »…

Avant lui, et dans un tout autre style, Sergio Leone, Martin Scorsese ou Francis Ford Coppola ont eux voulu montrer au fil de leurs films combien l’intégration de leurs racines italiennes se heurtaient parfois à l’hostilité de l’Amérique, quitte parfois à imposer leur place par la force ou le crime… « Il était une fois en Amérique », « Le parrain » ou « Gangs of New York » (parmi tant d’autres concernant ce trio magique !) ne racontent pas autre chose que cette demande vibrante d’acceptation…