THX 1138

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Du blanc, du blanc partout et le nom des individus remplacés par des numéros… Ce régime totalitaire inventé par George Lucas pour son tout premier film en 1970, avant la déferlante Star wars, fait vraiment froid dans le dos. Une société de travailleurs aux crânes rasés, gavés de tranquillisants, qui obéissent à des égalisateurs de libido, à une consommation standardisée, qui produisent toute la journée les robots policiers censés les surveillés et finissent leur soirée devant la télé…

THX 1138 (l’épatant Robert Duvall) commence à se sentir mal et ce n’est pas en allant dans les cabines de confessionnal où un ordinateur lui donne la "bénédiction des masses" que cela peut aller mieux. Car sa "compagne", LUH 3417, a fait la pire chose possible dans ce monde d’où sont bannies les émotions : elle l’a troublé... Faire l’amour ? Un crime.

Avec ce film de SF philosophique, Lucas livrait un film quasi expérimental, d’une beauté plastique hypnotique et réussissait le tour de force d’exprimer l’angoisse et l’enfermement avec un minimum d’effets et de moyens : juste des décors blancs dans lesquels les individus se fondent et des écrans d’ordinateurs où défilent sans fin des colonnes de chiffres. Un film vraiment dérangeant, dans la ligne de 1984 de George Orwell, qui ne vieillit pas et hante longtemps après, comme ce que pourrait devenir notre société hygiéniste et obsédée par la rentabilité. Devenez un numéro et plongez dans l’enfer blanc…

 
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Au départ, THX 1138 ne vient pas de George Lucas. A l'University of Southern California où Lucas faisait ses études de cinéma, Matthew Robbins et Walter Murch, deux camarades de promo de Lucas, achèvent en octobre 1966 le premier jet de leur film de fin d'études : THX 1138 : 4EB, "EB" signifiant "Earth Born". Mais ils le trouvèrent finalement trop expérimental et l’abandonnèrent à Lucas, qui reprit le script et réalisa en 1967 THX 1138: 4EB (Electronic Labyrinth). Grâce à ce court métrage d’un quart d’heure sans dialogues qui impressionna par son travail sur le son et l’image, il remporta le prix spécial du festival de fin d'année. Il attira ainsi l’attention de Francis Ford Coppola, qui recherchait de nouveaux talents à produire et proposa à Lucas de transformer son court en long.

Lucas eut du mal et il dut s'associer avec Walter Murch pour aboutir au scénario définitif qui fut achevé en juin 1970. Le tournage débuta en septembre pour un budget de 777.000 dollars et 77 cents. D’une certaine manière, THX 1138 annonce la saga Star Wars avec son héros qui lutte contre un univers totalitaire. THX (Robert Duvall) est l'ancêtre de Curt Henderson/Luke/Anakin. C’est aussi parce que ce film passionnant mais difficile, fut une déception commerciale pour Coppola et la Warner que Lucas fut poussé, plus tard, avec Star Wars, à filmer une SF qui conciliait ses ambitions d’auteur et l’efficacité populaire. Avec le monde déshumanisé de THX 1138, à l’univers sonore métallique et où tout est géré par les ordinateurs, Lucas assumait encore pleinement ses ambitions expérimentales. Ce film antispectaculaire est un peu son 2001, l’odyssée de l’espace.

Je passe tout de suite la trame narrative, qui peut avoir un goût de déjà vu aujourd'hui. Ce n'est pas la force du film, bien qu'on puisse émettre quelques réserves sur ce point : il y a d'abord ce petit parfum charmant, très "ex-URSS à la mode art-déco", qui est étonnant. ...

C'est l'exemple même du film à enjeu car, qu'on aime ou non la saga Star Wars, elle porte aujourd'hui une telle valeur mythologique qu'on passe une partie de THX 1138 à l'affût des prémisses de la saga dont Georges Lucas accouchera plus tard, sans parler du fait que ce film ...

Personnellement, je ne considère plus tellement et depuis longtemps Lucas comme un réalisateur —au sens artistique du terme— mais plutôt comme l'inventeur du merchandising inextinguible blasphémant et dégradant l'intégrité de sa propre œuvre en chiant sur son public; ...