TIRADOR

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Tirador de Brillante Mendoza plonge dans le quotidien d’une bande de voleurs à la tire à Quiapo, un quartier de bidonvilles situé à Manille. Dans ce film tourné en 2007, le réalisateur philippin Brillante Mendoza montre différentes couches de la société de son pays mais insiste particulièrement sur ces jeunes qui essayent de survivre. Le film a été récompensé au Silver Screen Awards de Singapour. C’est le deuxième long-métrage que Brillante Mendoza réalisait en 2007 avec John-John sur l’adoption.

En quelques années, Brillante Mendoza est devenu le chef de file du cinéma indépendant philippin. Il est le premier cinéaste de ce pays à avoir reçu un prix de la mise en scène à Cannes en 2009 pour Kinatay. Il a travaillé dans la publicité avant de signer son premier long métrage, Le Masseur (Masahista)  en 2005. On lui doit aussi Serbis (2008) et Ma’ Rosa (2016) également présenté à Cannes ainsi que Lola (2009), remarqué à Venise. Il aime à jongler avec les genres cinématographiques et a également signé des documentaires et une série télévisée.

Tirador permet de retrouver Coco Martin, acteur fétiche de Brillante Mendoza qui l’a révélé dans Le Masseur avant de le diriger dans John-John, Serbis et Kinatay dont le comédien est également coproducteur. On a aussi vu Coco Martin dans Jay (2008) de François Xavier Passion. Il est parfois crédité avec son vrai nom, Rodel Nacianceno, notamment quand il passe derrière la caméra comme pour le film d’aventures And Panday (2017). Il est aussi réputé aux Philippines pour ses prestations dans de nombreuses séries télévisées.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LOS OLVIDADOS (Parce que le surréaliste Luis Buñuel aborde la vie difficile des enfants des rues mexicains avec un très grand réaliste, qui n'exclut pas une certaine poésie triste.) ou encore CINQ ET LA PEAU (Critique de cinéma, producteur et grand connaisseur du cinéma asiatique, Pierre Rissient a tourné son film dans les quartiers populaires de Manille, qu'il connaissait bien.).

Tirador est né de l’envie Brillante Mendoza d’en apprendre plus sur les voleurs à la tire. Il désirait connaître la vie de ces jeunes, leur mode de fonctionnement et leurs pensées. Il a mêlé acteurs professionnels et non-professionnels pour un tournage qui s’est réellement déroulé pendant la période des élections. Le réalisateur voulait montrer à quel point les politiciens sont déconnectés de cette population misérable dont on peut acheter le vote et qui ne s’intéresse qu’aux célébrités qui apparaissent pendant le meeting politique. 

Tirador a été tourné en caméra cachée pendant la fête de San Nazaero à Quiapo, un quartier de Manille. Cela donnait la possibilité au cinéaste de plonger ses acteurs au cœur même de l’action et d’obtenir un réalisme qui, selon ses dires, lui permettait même de capter la chaleur étouffante de l’endroit. Le film a été tourné de façon chronologique et continue ce qui veut dire que les acteurs n’avaient pas le temps de rentrer chez eux entre deux jours de tournage. Pendant les pauses, les acteurs pouvaient se reposer dans un appartement loué pour l’occasion mais Brillante Mendoza les encourageait à rester le plus possible sur le lieu de tournage afin de mieux comprendre leurs personnages.

Brillante Mendoza  a tourné le film en vidéo car le 35 mm lui semblait trop lourd pour travailler caméra à l’épaule quand il devait courir après les comédiens. Il s’est particulièrement concentré sur les scènes de bagarres qui lui semblent toujours artificielles au cinéma. Il a donc pris chaque comédien à part pour leur donner ses directives en leur demandant de pas s’arrêter de se battre avant qu’il crie « Coupez ». Chacun avait reçu des instructions personnelles que les autres ignoraient. La scène autour du vélo a été si intense qu’un acteur, Julio Diaz a heurté la caméra accidentellement. Brillante Mendoza a gardé le plan au montage car cela ajoutait du réalisme à la séquence.

Tirador s’engage sur la voie de ces films dit « réaliste ». Un profond réalisme fictionnel que son auteur transmet par une économie de moyen. Ainsi, Brillante Mendoza avec sa seule caméra numérique s’accroche au basque de ces individus dont il dépeint le quotidien. ...

Brillante Mendoza, entre réalité et fiction livre le quotidien des Tiradors, voleurs des bidonvilles philippins. La caméra est alerte, la qualité vidéo. La police fait une descente surprise dans un lieu qu’il est difficile de cerner. Naviguant d’habitation en habitation ...

Tirador c'est une sorte de Pusher version Brillante Mendoza. Sans le sang ni la violence, mais par l'urgence et l'énergie qui se dégagent du film. Le rythme est haletant, l'immersion totale. Avec un sens du cadre et du montage ahurissant Mendoza nous plonge sans préambule ...