UN ÉTÉ À LA GOULETTE

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La Tunisie, plus précisément le port de la Goulette dans la banlieue de Tunis, été 1966. La Goulette est un village éminemment cosmopolite où cohabitent des familles d’origines, de cultures et de religions différentes. Prenons, par exemple, Youssef le musulman, contrôleur sur le chemin de fer local, Jojo le juif, roi incontesté de la brik à l'œuf, et Giuseppe le catholique, pêcheur sicilien. Ces trois-là sont des amis inséparables qui habitent avec femme et enfants dans le même immeuble. Les trois familles vivent en bon voisinage et en bonne intelligence, partageant les événements heureux autant que les épreuves qui émaillent leur quotidien.

Tout va commencer à se compliquer lorsque leurs trois filles respectives, qui sont également les meilleures amies qui soient et qui frisent les dix-huit ans chacune, décident de connaître leur première expérience sexuelle avec un garçon d’une autre religion que la leur. Meriem la musulmane, Gigi la juive et Tina la catholique, projettent de perdre leur virginité avant le 15 août. Mais, le jour de la fête de la vierge les trois pères sont alertés et ils vont partir à la recherche de leurs filles avant qu’elles n’aient commis l’irréparable.

On pourrait se croire dans une comédie italienne de la grande époque. Ce que les personnages ignorent cet été-là, c’est que dans moins d’un an, la guerre des six jours va éclater, brisant l’harmonie entre les communautés.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HALFAOUINE, L'ENFANT DES TERRASSES (Férid Boughédir mêle à la chronique d'un quartier de Tunis les premiers émois sexuels d'un jeune garçon.) ou encore MARIUS - 1931 - ALEXANDRE KORDA et MARCEL PAGNOL (Sur le Vieux-Port de Marseille des amis indéfectibles autour de César et l'amour de Fanny pour Marius, tous les ingrédients sont là pour une comédie poignante sur fond de folklore local.).

Férid Boughedir, scénariste et réalisateur d’Un été à la Goulette déclare, je le cite :« Comment pour moi, Arabe et musulman vivant en terre d'islam, parler le plus justement possible de l'amitié et de la tolérance vécue entre juifs et Arabes, entre musulmans et catholiques en Tunisie, à l'heure où dans le monde on s'entretue pour sa religion et où l'intégrisme voudrait imposer partout une pensée unique ? Comment dire la sensualité quotidienne de ma société qui a toujours réussi à placer la vie au-dessus de tous les dogmes ? En parlant de ces choses simples que j'ai vécues... à La Goulette. » Fin de citation. Nostalgie d’un endroit, d’une époque. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard si la délicieuse Claudia Cardinale vient faire trois petits tours dans cet hommage à La Goulette qu’elle a fréquentée dans son enfance et son adolescence. La présence de Michel Boujenah est également justifiée par ses souvenirs d’enfance à La Goulette. Il en parlait d’ailleurs dans ses premiers spectacles avec émotion. Et au cas où vous ne l’auriez pas reconnu, c’est lui qui chante la chanson du film dans sa version française. Toujours est-il que cet endroit, a marqué beaucoup de Tunisiens à l’époque.

Férid Boughedir, après avoir tourné quelques courts métrages et plusieurs documentaires s’est fait connaître avec son premier film de fiction, Halfaouine, l’enfant des terrasses. Il y décrivait avec beaucoup de charme les errements d’un jeune garçon travaillé par la puberté dans un autre quartier populaire de Tunis, Halfaouine. Boughedir brossait un tableau joyeux de la vie tunisienne et illustrait les rapports subtils et complexes entre hommes et femmes en Tunisie.

Certains d’entre vous ont dû se dire, comme moi, que le comédien qui incarne Hadj Beji, l’odieux propriétaire de l’immeuble où vivent les trois familles, ne leur était pas totalement inconnu. Il s’agit en effet de Gamil Ratib, acteur franco-égyptien que l’on a pu remarquer dans des productions aussi variées que Lawrence d’Arabie de David Lean en 1962 ou L’étoile du Nord de Pierre Granier-Deferre en 1982 ou Tête de turc de Pascal Elbé en 2010. Gamil Ratib avait en fait débuté sa carrière en 1956 dans Trapèze de Carol Reed où il tenait un second rôle aux côtés d’un clown nommé Achille Zavatta, lui aussi, coïncidence, originaire de La Goulette.

Un été à La Goulette est le premier film tunisien qu’il m’a été donné de voir. Bon, ça ne date pas d’aujourd’hui puisque que ça remonte à mes années collège, lors d’un petit festival à Rochefort sur je ne sais plus quel thème. Mais ce film m’a beaucoup ...

La Goulette « c’est un mythe » pour reprendre les mots de Boughedir lui-même. C’est un lieu où trois religions monothéistes vivent en harmonie et Youssef le musulman, Jojo le juif tunisien et Giuseppe le sicilien catholique incarnent ce cosmopolitisme miraculeux : Les ...

Un Été A La Goulette représente à lui seul tout l’amour que porte Férid Boughédir, cinéaste tunisien en sommeil depuis trop longtemps, à sa chère Tunisie et à la jeunesse de ce pays. Il illustre et travaille une nouvelle fois les thèmes qui inspirent son génie cinématographique ...