UN CHIEN DANS UN JEU DE QUILLES

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Pour Pierre Richard, les années 1980 marquent un ralentissement. Presque deux fois moins de films que la décennie précédente qui le consacra aux premières places du box-office. Mais elles confirment son statut de star du cinéma comique populaire, formant avec Gérard Depardieu un tandem gagnant dans des films de Francis Veber. Coincé entre La Chèvre et Les Compères, Un chien dans un jeu de quilles, réalisé en 1982, ne dépassera pas le million d’entrées. 

Si le comédien reprend son personnage efficace de gaffeur et multiplie les moments burlesques, Le ton de cette comédie est plus intimiste. Elle s’inscrit dans le registre paysan, que le cinéma français avait oublié, et elle est écrite par Bernard Guillou, qui plante sa caméra dans le Finistère, dans la campagne et près des ports de Moëlan-sur-Mer, dont il est originaire. 

Producteur du film, Pierre Richard, psychologue parisien, part dans les terres bretonnes au secours de son demi-frère paysan, qu’il n’a pas revu depuis des années. Incarné par Jean Carmet, ce dernier est menacé d’expulsion par le hobereau local. Persuadé, par ses connaissances professionnelles, de parvenir à un dialogue apaisé, Pierre Richard multiplie les maladresses, se couvre de ridicule, de boue, de vase et de purin. Le vent de la révolte paysanne sera autrement plus efficace que son approche cognitive.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ON AURA TOUT VU (De Georges Lautner, 1976. Le comique de Pierre Richard repose souvent sur un personnage confronté à un milieu qui lui est étranger.) ou encore LE CHÊNE D'ALLOUVILLE (De Serge Pénard, 1981. Autre comédie confrontant Pierre Richard à un univers qui ne lui est pas familier.).

Bernard Guillou n’est pas un débutant. Il vient de l’ORTF, réalise dans les années 1960 plusieurs émissions Dim, dam, dom et signe en 1973 une dramatique avec Anna Gaël et Marcel Dalio, Les Mécontents. Il est surtout un camarade de longue date de Pierre Richard, avant même la célébrité de celui-ci. Assistant réalisateur de Serge Korber pour Un Idiot à Paris, dans lequel le comédien esquisse déjà tout son potentiel burlesque dans un petit rôle, Guillou l’engage dès 1966 dans un court métrage, Une starlette au haras.  Quand il réalise en 1980 son premier long pour le cinéma, Une nuit rêvée pour un poisson banal, Pierre Richard le produit tout naturellement, s’offrant une courte apparition. 

La qualité d’Un chien dans un jeu de quilles vient de leur complicité, qui s’étend à tout le casting. Ils ont pris soin de choisir des comédiens avec lesquels Pierre Richard s’entend à merveille. Son ami Jean Carmet, qu’il a dirigé dans Les Malheurs d’Alfred et avec lequel il a formé un duo hilarant dans le diptyque du Grand Blond, s’est fait une spécialité des paysans finauds. Parfait en propriétaire terrien avide, Julien Guiomar, également originaire du Finistère, s’est déjà opposé avec fracas à Pierre Richard dans La moutarde me monte au nez. Davantage connue pour ses one-woman-show décapants, Sylvie Joly a surtout fait quelques apparitions chez Bertrand Blier mais n’a pas encore croisé Jean-Pierre Mocky. 

Présence plus surprenante mais tout aussi réjouissante, Helène Surgère, habituée du cinéma d’auteur, interprète l’épouse muette de Jean Carmet. La même année, elle tourne En haut des marches, de son cinéaste-fétiche Paul Vecchiali. Dans le rôle du patron du café du port, les cinéphiles aguerris ont reconnu Joë Davray, qui débute comme cascadeur après la guerre, doublant Gérard Philipe dans Fanfan la tulipe, se bagarrant dans quelques Callaghan et jouant le faussaire ivrogne et frileux qui se sauve de l’échafaud dans La Cité de l’indicible peur. Il s’était retiré du cinéma et vivait dans le Finistère. C’est sa dernière apparition à l’écran.

Un propriétaire annonce le non renouvellement du bail à son petit exploitant agricole ( Jean Carmet ), Pierre Richard qui joue son frère revient le rendre visite dans le Finistère pour l'aider. Pas beaucoup de temps mort pour une comédie bien entrainante, Un chien dans un ...