UN CRIME DANS LA TÊTE

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Lorsque Jonathan Demme refait 40 ans plus tard le classique de John Frankenheimer, qui raconte un complot pour mettre en place le prochain président des Etats-Unis, le contexte international et les enjeux ont radicalement changé. Autrement, le film de Demme garde la même trame : un ancien militaire présenté comme un héros de guerre est candidat à la vice- présidence, tandis qu’un de ses compagnons d’armes essaie d’enquêter pour faire la vérité sur leur véritable passé.

Le Koweit a remplacé la Corée, mais c’est surtout l’ennemi qui a changé. Avant, c’était la Chine communiste qui essayait de contrôler le futur président des Etats-Unis. Cette fois, l’ennemi est intérieur : ce sont des entreprises tentaculaires qui cherchent à manipuler le pouvoir dans leur propre intérêt.

Notoirement engagé, Jonathan Demme a réalisé ce film avec sa conviction et son style caractéristique. A l’époque, il dénonçait à demi-mot la collusion des lobbies avec le pouvoir alors en place, mais le temps lui a hélas donné raison, en montrant que la situation s’était encore aggravée.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MARATHON MAN (Même ambiance d'un personnage menacé d'élimination lorsqu'il commence à enquêter sur un sujet délicat.) ou encore LES TROIS JOURS DU CONDOR (Complots, assassinats et double jeu des services secrets sur fond de convoitise de puits de pétrole au Moyen-Orient.).

Dans le film de John Frankenheimer, le personnage joué ici par Denzel Washington était incarné par Frank Sinatra.  C’est la fille de celui-ci, Tina, qui détenait les droits du remake et  a joué un grand rôle pour que le projet se réalise. Etant donné que l’intrigue ne reposait plus sur le même suspense que l’original, il était possible de révéler assez tôt que les soldats ont été soumis à un lavage de cerveau. C’était pour mieux dissimuler d’autres secrets qui arrivent par surprise lors de la conclusion. Alors que dans le roman dont s’inspirent les deux films, le personnage de la mère a clairement des relations incestueuses avec son fils, celles-ci sont à peine suggérées dans les deux versions, aussi bien avec Angela Lansbury qu’avec Meryl Streep.

Dans le rôle de la sénatrice qui a vendu son âme à une multinationale et est prête à tout pour mener son fils au pouvoir, Meryl Streep dit s’être inspirée principalement de Condoleeza Rice et de Dick Cheney, deux membres du gouvernement de George W Bush. Parmi les nombreuses références au film originel, le début montre les compagnons de Marco et de Shaw en train de jouer aux cartes, celles-ci jouant un rôle important dans le film de John Frankenheimer. Le personnage joué par Simon McBurney s’appelle Noyle, qui est un anagramme de Yen Lo, personnage correspondant dans l’original.

Lorsque Jonathan Demme a décrit la musique effrayante qu’il envisageait, la compositrice Rachel Portman a cru comprendre qu’il cherchait ce que Bernard Herrmann avait accompli pour les films d’Alfred Hitchcock. Elle a donc composé une partition dans ce sens et l’a fait enregistrer par un orchestre symphonique à Londres, mais le résultat ne convenait pas du tout, et elle a été obligée de recomposer une nouvelle partition en seulement quinze jours. Parmi les nombreux acteurs habituels de Jonathan Demme, on peut reconnaître Charles Napier, Tracey Walter, Kenneth Utt , ou Ted Levine, qui jouait le tueur dans Le silence des agneaux, sans oublier des apparitions de cinéastes comme Roger Corman ou Sidney Lumet.

Séance de rattrapage pour ce très bon film de Demme dont le titre original (the Manchurian Candidate) a tendance à spolier un peu. Casting top niveau (Denzel Washington, Meryl Streep et un étonnant Liev Schreiber, mais aussi Jon Voight et Bruno Ganz) pour un thriller politique ...

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