UN HÉROS DE NOTRE TEMPS

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Pendant longtemps inédit de ce côté-ci des Alpes, c’est en août 2015 que Un héros de notre temps, tourné en 1957, fut (enfin) présenté en France, dans trois salles et dans une copie restaurée, celle que vous allez voir maintenant.  

Deuxième collaboration du prolixe duo Mario Monicelli-Alberto Sordi, cette comédie, qui annonce les futures grandes comédies italiennes sociales des années 1960, dresse le portrait d’Alberto, un opportuniste couard, menteur et paranoïaque, bientôt soupçonné par la police d’être un dangereux terroriste ! Logé chez une vieille tante, il occupe un modeste emploi dans une usine de chapeaux et n’est pas insensible au charme de Marcella, sa (très) belle mais (trop) jeune voisine.

C’est donc Alberto Sordi (36 ans) qui, avec sa bonhomie habituelle, parvient à rendre attachant et très drôle ce personnage d’Italien-moyen, pourtant passablement antipathique. L’omniprésent patron de l’usine à chapeaux est joué par le cinéaste Alberto Lattuada et, dans le rôle du petit ami – particulièrement jaloux et musclé – de la belle Marcella, vous reconnaîtrez peut-être un certain Carlo Pedersoli, ex-champion de natation, dix ans avant qu’il ne devienne, pour la planète toute entière, l’inénarrable Bud Spencer !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE GRAND RESTAURANT (1966) (Intraitable avec les faibles, servile avec les puissants, Louis de Funès est très proche d’Alberto Sordi.) ou encore COURAGE FUYONS (1979) (N'écoutant que son courage, qui ne lui disait rien, Jean Rochefort (comme Alberto Sordi) se garda d'intervenir !).

C’est après une demi-douzaine de films coréalisés avec Sténo puis une autre demi-douzaine de films réalisés seul, que Mario Monicelli (41 ans) tourna Un héros de notre temps, sur une musique du fidèle Nino Rota. Un an plus tard, il devait remporter le succès que l’on sait avec le Pigeon, classique souvent considéré comme l’acte de naissance de la comédie italienne et dont le succès critique et public marqua pour son auteur le début d’une période relativement faste, avec des films tels que la Grande guerre, les Larmes de joie ou les Camarades. Monicelli et Sordi tournèrent une dizaine de films ensemble entre 1952 et 1984, le plus souvent des comédies, exception faite, en 1977, de Un bourgeois tout petit, petit, dans lequel, modeste rond-de-cuir marié à Shelley Winters, Sordi précipitait le drame en essayant d’éviter à son fils la petite vie étriquée et triste qui avait été la sienne.

Si le titre du film que vous venez de voir fut emprunté au poète russe Mikhaïl Lermontov, auteur (en 1840) d’un roman intitulé Un héros de notre temps – dont Claude Sautet s’inspirera très librement pour Un cœur en hiver –, l’histoire du pleutre Alberto est un scénario original de Mario Monicelli et Rodolfo Sonego, qui venait de participer à l’écriture de Toto e Carolina, la dernière des cinq aventures de Toto mises en scène par Monicelli. Rodolfo Sonego, mort en 2000 à l’âge de 79 ans, était surnommé en Italie « le voyageur », en raison de son goût prononcé pour les escapades lointaines – effectuées, le plus souvent, aux frais de riches producteurs amis, tels Carlo Ponti ou Dino De Laurentiis –, dans le but avoué (et parfois avéré) d’écrire de nouveaux scénarios.

Dans les Scénaristes italiens, un recueil d’entretiens réalisés par la journaliste française Marie-Christine Questerbert et paru chez Hatier en 1988, Rodolfo Sonego évoque Alberto Sordi, acteur fétiche pour lequel il rédigea les dialogues de films qu’il n’avait pas écrits. Ils s’étaient rencontrés en 1954, pour Il Seduttore, une comédie oubliée de Franco Rossi, dans laquelle Sordi avait Denise Grey pour belle-mère ! « J’ai très vite compris qu’il était très fou et très étrange comme acteur », déclarait Sonego au cours de l’entretien. Le scénariste et le comédien travaillèrent ensemble jusqu’à Incontri proibiti, en 1998, le dernier film interprété et réalisé par Alberto Sordi, alors âgé de 78 ans. Cinq ans plus tard, il devait succomber à une crise cardiaque. Passionné d’opéra et d'antiquité, ancienne voix italienne de Stan Laurel, célibataire et sans enfant, Alberto Sordi, qui participa à plus de cent cinquante films et qui reçut un Lion d’or en 1995 pour l’ensemble de sa carrière, eut droit à des obsèques nationales.

Un héros de notre temps (Un eroe dei nostri tempi) est une très bonne satire italienne réalisé par Mario Monicelli, coécrite par Rodolfo Sonego qui s'inspire du roman de Mikhaïl Lermontov publié en 1840.... Le film met en scéne Alberto Menichetti (joué par un jubilatoire ...

Sordi incarne comme bien souvent un poltron et il faut dire que ce rôle lui va à merveille, voir sa tête de parfait ahuri qui fait le beau quand il n'y a personne d'important et qui s’écrase devant les gros, comme son parton ou la police, c'est un vrai régal. Le début est ...

Prudence est mère de la sûreté. Alberto est bien d’accord. Et en bon Italien de comédie, il en rajoute, il trouve même que si le courage est d’argent, la prudence est d’or. La prudence est ce qui guide sa vie, ce qui lui indique le Nord (le Nord, c’est la direction ...