UNDERGROUND

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Avec Underground, en 1995, Emir Kustirica conquiert sa seconde Palme d’or au Festival de Cannes, dix ans tout juste après celle que lui a valu Papa est en voyage d’affaires. Il récolte aussi, en France surtout, une mise en cause. Si forte qu’il pense même abandonner le cinéma. Les griefs ne reposent pas sur son art de la mise en scène. Mais sur l’idéologie que l’on pense y déceler.

Cinéaste Serbe, Kusturica évoque la Yougoslavie de 1941 aux années 90, à un moment où la Bosnie est encore secouée par la guerre. Fable tragicomique, haute en couleurs, Underground suit le parcours de deux "amis", Marko et Blacky, qui, au moment où les bombes allemandes tombent sur Belgrade, tirent d’avantageux profits de la situation. Au fil du temps, le premier devient un apparatchik du régime de Tito tandis que le second, qu’il a berné, croit que la guerre continue de gronder et vit dans des catacombes au sein d’une communauté qui fabrique des armes.

Le sujet, pourtant inspiré d’une pièce de théâtre (de Dusan Kovacevic) datant de 1977, et certaines images–choc, notamment celle où l’on voit une île se séparer en deux au cours d’une fête, ont tôt fait de renvoyer le film à un manifeste propagandiste et le cinéaste, à un thuriféraire de Slobodan Milosevic. Ce fut, en tout cas, l’opinion, hautement proclamée, de nombreux intellectuels français. Celle, en particulier, d’Alain Finkielkraut qui l’étala dans les colonnes du Monde – avant de reconnaître, quelques violents échanges plus tard, qu’il n’avait pas vu le film.

Toute polémique est désormais apaisée. Et l’on peut savoir gré, néanmoins, à une bonne intuition de Finkielkraut qui avait désigné Underground comme un opéra-rock. Ce qu'est, en effet, ce poème baroque et truculent, baigné par la musique énergisante de Goran Bregovic.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NO MAN'S LAND ou encore TITO ET MOI .

Il y aura eu plusieurs versions d’Underground. Celle présentée à Cannes, de 195 minutes. Celle sortie en salles, de 170 minutes. Et une version pour la télévision qui, découpée en épisodes de 50 mn, fait une durée globale de 5 heures. Le film a été tourné, pour les intérieurs, dans les studios de Prague, avec des décors de Mijen Kreka Kljakovic, déjà chef-décorateur du Temps des gitans et d’Arizona dream. Les extérieurs ont, eux, été tournés à Belgrade, alors en plein conflit armé.

Miki Manojlovic et Lazar Ristovski, respectivement Marko et Blacky, sont d’immenses vedettes de l’ex-Yougoslavie. à la tête d’une filmographie d’une bonne soixantaine de titres. Lazar Ristovski est, notamment, apparu dans Casino royale, en 2006. Miki Manojlovic quant à lui, avait été le papa en voyage d’affaires d’Emir Kusturica. On l’a revu, depuis, dans des films français (Portraits chinois, de Martine Dugowson, ou L’Enfer, de Danis Tanovic). En 1998, il retrouvait Kusturica pour Chat noir, chat blanc. Et, en 2007, il était le partenaire de Marianne Faithfull dans Irina Palm, de Sam Gabarski.

Underground marque la fin d’une collaboration fructueuse entre Emir Kusturica et le musicien Goran Bregovic, qui avait signé les partitions du Temps des gitans (1988) et Arizona dream (1993). Ex-rock-star yougoslave, Bregovic continue d’écrire pour le cinéma, mais se consacre surtout à son groupe, l’Orchestre des mariages et enterrements, enregistrant des disques et donnant des concerts. Et Kusturica, musicien également au sein du No smoking orchestra, est désormais l’auteur de la musique de ses propres films. Car le cinéaste, malgré ses déclarations au moment de "l’affaire" Underground, n’a pas relégué sa caméra. Après Chat noir, chat blanc, il a tourné La vie est un miracle,  en 2004, Promets-moi, en 2007 et un documentaire sur la star du football Maradona, Maradona par Kusturica, en 2008.

https://www.youtube.com/watch?v=8DXruigKRRc « Il était une fois un pays ». Bienvenue dans le conte kusturicien. Ici, il n'y a pas de fées ni de lutins, mais des hommes, des femmes et des animaux, de la musique, de l'alcool et du sexe. Ici, pas de royaume féerique, mais la ...

Tout est là. Dès les premières secondes, tout est là. Une musique folle, entrainante, une fanfare, des billets qui volent, des coups de feu anodins, la folie, le délire. Et surtout, des personnages uniques, grands, qu’on identifie à une vitesse folle. « Je suis un homme ...

Des débuts en fanfare : c’est, au sens propre comme au figuré, l’ouverture tonitruante d’Underground : l’éclat des cuivres, la course folle et éthylique ponctuée de chants braillards, de billets de banque et de coups de feu vers le ciel annonce le programme de la farce ...