UNE HISTOIRE DE FOU

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Une histoire de fou, s’inspire librement de la vie d’un journaliste et grand reporter, José Antonio Gurriaran, qui fut gravement blessé le 29 décembre 1980 lors d’un attentat à la bombe perpétré par l’ASALA (Armée Secrète de Libération de l’Arménie) dans les locaux d’une compagnie aérienne madrilène. Gurriaran raconte dans son livre La Bomba (traduit en français aux éditions Thaddée) son combat et son parcours : non seulement il décida d’apprendre et comprendre la cause arménienne, mais il alla même jusqu’à rencontrer ses bourreaux.

Le récit d’Une histoire de fou, écrit par Gilles Taurand et Robert Guédiguian, prend sa source à Berlin en 1921  avec l’assassinat par le jeune Sogomon Telirian d’un dignitaire turc responsable du génocide arménien de 1915, dont le procès se termina par un acquittement. Il enjambe ensuite le temps pour arriver au tout début des années 1980 à Marseille, dans une famille arménienne dont les différentes générations ne réagissent pas de la même façon au devoir de mémoire : Les parents tiennent une épicerie arménienne, sans oublier leurs origines ils vivent en paix ; la grand mère refuse de pardonner et en appelle à la loi du Talion ; le fils, Aram, héritier direct de la pensée de Telirian estime que le seul chemin pour ne pas oublier est la vengeance.

C’est là qu’intervient le personnage inspiré de José Antonio Gurriaran, victime collatérale d’un attentat contre l’Ambassade de Turquie. Le scénario retravaille alors certains thèmes chers à Guédiguian : la famille réelle et la famille choisie, la naissance des groupes et leur pérennisation. De l’historique à l’intime pour arriver à l’universel, c’est un grand film sur la responsabilité et le pardon dont les échos d’autres histoires de fous sonnent et résonnent. Une œuvre ample et généreuse, naïve sans doute, humaniste toujours.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ARARAT DE ATOM EGOYAN (2002) (Un film qui comme Une histoire de fou pose à la fois la question du génocide arménien, de ses répercussions dans l’Histoire et de la façon dont on peut en faire « du cinéma »...) ou encore ASPHALTE DE SAMUEL BENCHETRITT (2015) (Film présenté en séance spéciale lors du Festival de Cannes 2015, comme Une histoire de fou.).

Robert Guédiguian est né le 3 décembre 1953, dans un petit appartement situé au dessus du bar du Centre, à Marseille, quartier de l’Estaque, d’un père électromécanicien communiste d’origine Arménienne et d’une mère d’origine Allemande. Il n’a jamais oublié d’où il venait, car c’est ce qu’il est. Après des études en droit et sciences économiques, il rencontre, grâce à Ariane Ascaride, qu’il a épousée et suivie à Paris où elle entrait au Conservatoire d’Art Dramatique, le cinéaste René Féret. Celui-ci vient de faire des débuts remarqués avec Histoire de Paul, puis La Communion solennelle, il propose à Guédiguian d’écrire avec lui le scénario de Fernand (1980), librement inspiré d’un roman d’Alfred Döblin dont Rainer Werner Fassbinder tira au même moment sa saga Berlin, Alexanderplatz.

Cette première expérience déclenche chez Robert Guédiguian l’envie et la nécessité de raconter à son tour des histoires. Il tournera dans la foulée son premier long métrage, cosigné avec Frank Le Witta et sorti en novembre 1981. Dernier été, suit les pas de Gilbert, interprété par Gérard Meylan, l’ami d’enfance qui n’est pas acteur mais infirmier. Gilbert vit à l’Estaque, travaille comme intérimaire sur les quais, se balade avec ses potes, Mario, Banane et Le Muet, tombe amoureux d’une ouvrière (Ariane Ascaride), tandis qu’autour de lui, tout semble se déliter : les vieux sont fatigués, les jeunes font des conneries, les lendemains ne sont pas pour tout de suite.

Ayant posé les bases de son cinéma, Robert Guédiguian n’en démordra plus : avec un quartier populaire de Marseille on peut raconter le monde entier. De Ki lo sa ? à Au Fil d’Ariane en passant par Dieu vomit les tièdes, A la vie, à la mort !, Marius et Jeannette, Mon père est ingénieur, Les Neiges du Kilimandjaro,  il continue à creuser ce sillon. Lorsqu’il tourne ailleurs, il garde les même thèmes et préoccupations, mais change d’époque et travaille l’Histoire avec un grand H, comme il l’a fait dans Le Promeneur du champ de Mars et L’Armée du crime. Comme il le fait dans Une histoire de fou.

Une histoire de fou est un (très) bon film français réalisé par Robert Guédiguian, très bien coécrit par Gilles Taurand qui traite des conséquences du génocide arménien, d'abord avec le terrorisme de vengeance des années 1920 (Opération Némésis, Soghomon Tehlirian) ...

La toile de fond de ce film de Robert Guédiguian est celle du Génocide arménien et de la lutte armée pour la reconnaissance de celui-ci. Le récit se repose sur des personnages forts qu'ils soient pacifique, victimes ou bien qu'il bascule à cause du radicalisme idéologique ...

Dire que j'avais longuement hésité avant de le voir... Oui, c'est vrai : Robert Guédiguian est parfois un peu didactique, son parti pris pour la cause arménienne étant on ne peut plus évident (comment le lui reprocher?). Mais bon, sans être un esthète, celui-ci garde un ...