UNE SECONDE MÈRE

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Quatrième long métrage de la cinéaste brésilienne Anna Muylaert, Une seconde mère est venue d’une prise de conscience de la cinéaste au moment où elle est devenue maman, 20 ans avant le tournage du film, quand elle a réalisé les carences de son pays en matière d’éducation. 

On y suit Val, une quinquagénaire, qui, depuis plusieurs années, travaille avec dévouement pour une famille aisée de Sao Paulo, devenant une seconde mère pour le fils Fabinho. L’irruption de Jessica, sa fille qu’elle n’a pas pu élever, va bouleverser le quotidien tranquille de la maisonnée. Surtout quand un secret bien caché menace de surgir. 

Film repéré dans de nombreux festivals, de Sundance à la Berlinale de 2015, Une seconde mère a été sélectionné par le Brésil pour être son représentant lors de la Cérémonie des Oscars pour le prix du Meilleur film en langue étrangère. Il met en scène la star locale Regina Casé, notamment croisée chez Fernando Meirelles. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ROMA (Parce que le cinéaste mexicain Alfonso Cuarón s'est inspiré de ses souvenirs d'enfance pour raconter l'histoire d'une domestique pauvre au service d'une famille riche, dont elle devient un membre à part entière.) ou encore LES BONNES MANIÈRES (Au Brésil, une femme seule élève son enfant avec l'aide de sa domestique. Ce n'est pas vraiment un drame social puisque l'une des femmes est une louve-garou.).

Une seconde mère, même s’il s’agit d’une fiction, vient d’un endroit particulièrement intime pour la cinéaste Anna Muylaert. Cette dernière a ainsi débuté l'écriture du scénario lorsqu'elle est devenue maman, il y a vingt ans. C'est là qu'elle a pris conscience que la plupart des femmes au Brésil engagent des nounous pour s'occuper de leurs enfants tandis qu'elles travaillent. Or, ces nounous ont elles-mêmes des enfants qu'elles ne peuvent élever. Cette situation récurrente au Brésil met en évidence le paradoxe de l'éducation qui règne dans le pays. Une éducation où l’enfant est toujours perdant et où l’affection devient une denrée manquante et marchande. 

Evidemment, alors que l’idée du film a germé dans les années 1990 et que celui-ci est sorti en 2015, ce dernier a beaucoup évolué dans sa forme et même dans son propos. a beaucoup modifié son scénario au fil des années. D'abord concentrée sur la relation employeur/nounou et ce dans un style plutôt imaginaire, Anna Muylaert a finalement opté par la suite pour un style plus réaliste, sans pour autant tomber dans les clichés. Puis, en écho à la situation politique du pays, alors en pleine mutation, elle choisit de mettre en exergue les changements notables de la société brésilienne. Ces modifications sont particulièrement visibles dans le personnage de la fille, Jessica, dont le caractère est passé d’aimant et doux à plus affirmé. 

Pour raconter cette histoire et attirer un plus large public, Anna Muylaert a fait appel à une comédienne particulièrement populaire au Brésil, Régina Casé. Elle et la réalisatrice ont parlé du rôle pendant cinq ans avant de passer à l'action. Elles avaient chacune un grand désir de travailler ensemble. Compte tenu de sa grande notoriété et de son emploi du temps très chargé, Regina n'a pu se libérer qu'une semaine avant le tournage. Ce dernier a duré un mois mais l’actrice était peu disponible, ce qui ne l’a pas empêchée de donner de sa personne, notamment au niveau des dialogues. Bien qu’elle connaissait son texte par coeur, elle a choisi de le jouer en utilisant ses propres mots à chaque fois, apportant un degré supplémentaire de réalisme à son personnage déjà très ancré dans la réalité sociale du pays.

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