VENEZ DONC PRENDRE LE CAFÉ CHEZ NOUS

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A la mort de leur riche père, trois sœurs vivent désormais en vieilles filles. Un fonctionnaire fraichement nommé dans leur petite ville y voit le moyen de faire fortune. Le séducteur sur le retour use de son charme et épouse l'aînée tout en devenant l'amant de ses deux cadettes. Avant de tomber follement amoureux d'une serveuse... 

Le pitch de Venez donc prendre le café chez nous est proche de celui de toutes une floppée de comédies italiennes grivoises, registre qui pullule depuis le mlilieu des  années 60 . Le film d'Alberto Lattuada s'affirme cependant comme plus ambitieux, d'un ton s'invitant sur les plates-bandes du cinéma gothique à une humeur de fable sur les méfaits de l'appât du gain. 

Coquin dans sa manière de détourner les code d'un genre alors très en vogue, jusqu'à jouer à cache-cache avec l'érotisme, Venez donc prendre le café chez nous  s'amuse a décorseter non pas les corps, mais la morale d'une Italie défroquée en ce début de décennie 70.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UNE POULE, UN TRAIN ET QUELQUES MONSTRES (Parce que Dino Risi est un des géants de la comédie italienne. Le réalisateur s'attaque ici aux moeurs sexuelles de ses compatriotes, et n'y va pas avec le dos ce la cuiller.) ou encore BARNIE ET SES PETITES CONTRARIÉTÉS (Parce que la vie d'un homme infidèle peut vite devenir épuisante : dans cette comédie, Fabrice Luchini doit jongler entre sa femme, sa maîtresse et son amant.).

Alberto Lattuada aura étonnamment navigué avec aise pendant plus de cinquante ans dans le cinéma italien. On le retrouve autant en artisan du néo-réalisme que dans le bouillonnement de la comédie grinçante des années 60-70. Son cinéma n'a pourtant rien d'anonyme quand il applique une patte reconnaissable : ses films s'inscrivent dans des genres très identifiés pour mieux les détourner, de Mafioso qui injecte du tragique dans une pantalonnade au  Bandit, modèle de chronique sociale qui s'abreuve au film noir. 

Lattuada impose ce principe y compris quand il s'empare du Trigame, un roman de gare se déroulant dans les années 30 pour le transposer quarante ans plus tard. Et dénoter dans une époque où le cinéma italien profite de n'importe quel sujet pour ausculter la société du moment dans des pamphlets politisés. Lattuada et ses co-scénaristes s'en écartent en faisant prendre l'air à leur intrigue, loin des villes importantes, décors très prisés par les autres films. Déplacée dans un coin perdu du Nord du pays, ou en se focalisant sur la question de la polygamie, Venez donc prendre le café chez nous propose des perspectives plus singulières. 

Et plus encore en allant à l'encontre des comédies sexy alors en vogue : Lattuada filme des corps peu voluptueux, plus lourds, plus âgés, propose un regard à travers la serrure italienne, se rapprochant des études de mœurs désabusées d'un Fellini. Y compris dans la vision frontale d'une chair (une sœur fait bien plus que son âge, une autre est une géante...) qui est bien présente dans Venez donc prendre le café chez nous, mais au service d'une cinglante vision en coupe des rapports humains.

Ugo Tognazzi incarne un bon vivant qui veut se trouver un moyen de s’assurer une bonne retraite et une meilleur qualité de vie que comme modeste fonctionnaire et invalide de guerre. Son projet est simple, il va entreprendre de séduire une de ses 3 vielles filles célibataires ...