VERA DRAKE

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Le sujet favori du Britannique Mike Leigh, c’est la famille et la société dans laquelle elle s’inscrit. C’est lui qui le dit.

Ce regard, parfois teinté d’humour, parfois enraciné dans le drame, lui a valu de belles récompenses. Versant humour, une Palme d’or à Cannes pour Secrets et mensonges, en 1996. Versant drame, un Lion d’or à Venise pour Vera Drake, en 2004.

Histoire de la susnommée Vera Drake, bonne épouse, bonne mère, bonne fille et bonne voisine qui, éternel sourire aux lèvres, paroles réconfortantes toujours à la bouche et théière à portée de la main (on est en Angleterre !), n’est que gentillesse, jovialité et amour du prochain. Elle a la cinquantaine passée, deux enfants adultes, un mari garagiste et elle est femme de ménage. Dans le même élan de générosité, elle pratique aussi des avortements. Bénévolement, mais en toute illégalité. On est à Londres, en 1950 : l’avortement est proscrit par la loi.

Vera Drake, c’est Imelda Staunton à qui le rôle a valu le prix d’interprétation féminine au Festival de Venise.

Grande comédienne de théâtre, apparue au cinéma dans Peter’s friends de Kenneth Branagh (1992), Raison et sentiments, d’Ang Lee (1995) ou Crush, le club des frustrées, de John McKay (2001), Imelda Staunton sera, par la suite, la Dolores Ombrage de Harry Potter et l’ordre du Phénix (2007).

Pour Vera Drake, elle s’est pliée au procédé très particulier utilisé par Mike Leigh dans la préparation de la plupart de ces films : un travail d’improvisation sans le filet d’un scénario, pendant six mois. Elle était, de plus, la seule à connaître véritablement le sujet du film. La plupart de ses partenaires, travaillant à leurs personnages de la même façon, ignoraient qu’il allait être question d’avortements clandestins.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UNE AFFAIRE DE FEMMES ou encore BE HAPPY .

Craignant sans doute l’intrusion de lobbies antiavortement, Mike Leigh a formellement interdit à ses acteurs, pendant le tournage, de laisser filtrer à l’extérieur - proches compris - la plus petite information sur le sujet du film.

Il faut dire que le cinéaste a tenu à se placer soigneusement à l’écart de tout débat et de tout militantisme sur l’avortement. « Placer mon histoire en 1950, dit-il, me permettait d’établir la base morale du problème de façon implicite, sans avoir à me transformer en violent propagandiste. Mon rôle est de poser des questions, pas de tirer des conclusions hâtives. Cette question demeure délicate et difficile. »

Ce film, il le dédie, très discrètement, le carton s’affiche après le générique de fin, et un peu mystérieusement, à ses parents, à « un médecin et une sage-femme ».

Il l’a conduit avec un budget si serré qu’une semaine de tournage a dû être abandonnée.

Sa méthode particulière de travail - l’improvisation qui l’amène, dit-il, a plus de réalisme - ou, tout simplement, un goût pour la fidélité, conduit Mike Leigh à travailler souvent avec les mêmes comédiens. Phil Davis, qui est Stan, le mari de Vera, était au générique de Secrets et mensonges, tout comme Peter Wight, l’inspecteur Webster de Vera Drake, également interprète de Naked (1993). Et Jim Broadbent, qui est ici le juge, composait des opérettes dans Tospy-Turvy (1999). Quant à Eddie Marsan, le fiancé de la fille de Vera, et Sally Hawkins, la jeune bourgeoise, fille de ses employeurs, ils se retrouveront tous deux dans Be happy (2008). Celle-ci dans le rôle principal, qui lui a d’ailleurs valu un prix d’interprétation au festival de Berlin, et celui-là en irascible moniteur d’auto-école.

Vera Drake, Mike Leigh voulait le présenter au festival de Cannes. Il s’est heurté au refus du comité de sélection. D’où quelques paroles aigres-douces à destination desdits sélectionneurs, proférées lorsqu’il est monté sur scène, à Venise, recevoir son Lion d’or.

Mike Leigh signe là encore une formidable histoire, qu'on croirait inspirée d'une histoire vraie mais en fait le personnage de Vera Drake est inventé, bien qu'il soit inspiré de récits de l’époque et de chroniques judiciaires. En effet, dans les années 50, en Angleterre ...

Ce n'est pas tant que Vera Drake soit un grand film, il est de facture bien trop classique pour ça. Cependant, il est malgré ses limites indispensable à tout cinéphile qui se respecte et à tout être humain soucieux un tant soit peu de son prochain. Son sujet et son interprète, ...

L'Angleterre des années cinquante est en pleine reconstruction après le conflit de la deuxième guerre mondiale. La période est difficile pour les classes populaires aux revenus précaires et contre lesquelles se dresse un pouvoir acquis à la grande bourgeoisie par sa politique ...