WALL STREET

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Dans la bulle financière des années 80, dans la folie néoconservatrice des années Reagan, Wall street d’Oliver Stone, sorti en 1987, jette un fameux pavé dans la mare. Dénonçant la folie spéculative des traders de Wall Street, il se montre prémonitoire de la crise économique qui va ébranler le début du 21ème siècle.

C’est un des meilleurs rôles de Michael Douglas, son sourire sardonique, ses bretelles et ses manières de parvenu. Charlie Sheen joue le candide de l’histoire, la caution repentie de l’Amérique lincolnienne, et tourne avec son papa dans le rôle du prolétaire dur à la tache.

Côté dame on retrouve la délicieuse Sean Young, au sommet de sa beauté et de son éphémère carrière, ainsi que Daryl Hannah, fantasme newyorkais, fin de siècle. Oliver Stone qui n’est pas un tendre aime son Amérique et il la châtie bien.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MARGIN CALL DE J C CHANDOR (2011) (Un bon film pédagogique, conçu comme un thriller où les employés d'une banque d'affaire américaine ayant pris conscience de la fragilité de leurs produits financiers décident de vendre pour se protéger.) ou encore COSMOPOLIS DE DAVID CRONENBERG (2012) (Une fable tragique situé pour l'essentiel dans Manhattan et à bord d'une limousine où un golden boy assiste à l'écroulement de son monde.).

Oliver Stone avait un papa courtier qui avait subi la grande crise de 29. Longtemps, il avait caressé le projet de faire un film sur ce monde ritualisé et occulte de la finance. Après le succès de Platoon il se lance pour son cinquième long métrage dans ce projet périlleux. Avec le scénariste Stanley Weiser ils se documentent énormément sur le milieu des traders, fréquentent les tours de verre et interviewent de nombreux cols blancs.

Le premier script s’intitule « Greed », avidité en français. Pour jouer Gordon Gekko à qui il donne le nom d’un lézard il songe à Richard Gere alors que la Fox pousse en avant Warren Beatty. Mais les deux acteurs refusent. Stone se bat alors sur le nom Michael Douglas, à l’époque plus connu comme producteur que comme acteur. Il parvient à l’imposer et l’acteur en reviendra avec un oscar qu’il posera à côté de celui qu’il avait obtenu comme producteur de Vol au-dessus d’un nid de coucous de Milos Forman. Tom Cruise lui voulait jouer l’apprenti trader mais le cinéaste lui préféra Charlie Sheen avec qui il avait déjà tourné dans Platoon. Et il laissa le choix au jeune acteur de celui qui incarnerait son père à l’écran : ou Charlie son propre géniteur ou Jack Lemmon.

Le grand Jack n’avait aucune chance. Le personnage de Gekko s’inspire de Michael Milken un investisseur qui fit deux ans de prison pour délit d’initié mais qui, pour autant, reste une des grandes fortunes de ce monde. On peut comme Oliver Stone avoir gagné sur le champ de bataille la purple heart et la bronze star, des décorations prestigieuses, faire des films gauchistes et pour autant ne rien changer au cynisme de la machine à pognon. En 2010 Stone tournera une suite intitulée Wall street. L’argent ne dort jamais. C’est le cas de le dire.

Après la jungle des rizières de Platoon, Oliver Stone explore la jungle de Wall Street en s'attaquant au libéralisme effréné avec une certaine efficacité mais en même temps avec la finesse d'un bulldozer. Car ici, les raiders sont des voyous, des tueurs, des pulvérisateurs ...

Wall Street transpire les années 80 de toutes ses pores pelliculaires. C'est d'autant plus criant quand ça évolue dans des milieux qui ont les moyens de montrer qu'ils ont les moyens. Coiffures, décorations, accessoires divers et variés, on est au cœur d'un bling bling antique ...

Univers impitoyable ! Débarrassée de son aspect caricatural à la "Dallas", cette formule situe bien le cinéma d'Oliver Stone. Comme le montre le rapprochement, évident, entre ces deux films successifs. Après la jungle vietnamienne de "Platoon", il a fait évoluer sa caméra ...