WE THE ANIMALS

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Ça commence par un coup de foudre dans une librairie en 2012. Quand Jeremiah Zagar est tombé sur la première page du livre de Justin Torres, traduit en français sous le titre « Vie animale », il n’a pas pu le lâcher et s’est installé immédiatement dans le café de la librairie pour le dévorer jusqu’à la dernière page. En refermant l’ouvrage, c’était décidé : il fallait qu’il porte à l’écran l’histoire de cet enfant confronté à des émotions fortes.

Zagar est avant tout un documentariste mais cette fois son désir de fiction a été le plus fort. Faire aboutir le projet a pris cinq ans et le jeu en valait la chandelle : We the Animals a été salué par toute une série de prix à travers le monde, entre autres aux festivals de Deauville et de Sundance.

We the Animals réussit le pari de trouver le ton juste pour décrire à travers le regard d’un enfant sensible les rapports entre trois frères préadolescents avec leurs parents, un couple de condition modeste. Moments de liberté et de jeu dans la campagne autour de la maison, mais aussi tensions avec un père parfois violent, cette chronique oscille entre entre peinture réaliste et envolées oniriques.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES BÊTES DU SUD SAUVAGE (Le regard d'un enfant pour décrire ses relations avec son père et sa vie au coeur de la nature.) ou encore MUD, SUR LES RIVES DU MISSISSIPPI (Des thèmes communs avec cette histoire : l'adolescence, la découverte de la réalité du monde des adultes, les tensions entre les parents, la dimension bucolique.).

En découvrant le roman semi-autobiographique de Justin Torres, Jeremiah Zagar a été frappé de retrouver des comportements, des éléments qui lui rappelaient ceux de sa propre famille, comme cette façon très physique d’exprimer son amour par le toucher. Son histoire familiale, qui lui semblait jusque-là si unique, s’est mise à résonner différemment. Le metteur en scène a d’ailleurs consacré un documentaire à ses parents intitulé In a Dream. Son père, Isaiah Zagar, est un artiste fameux dont plusieurs fresques murales recouvrent les murs de Philadelphie. D’un film à l’autre, la vie personnelle du réalisateur ne cesse d’ailleurs de s’inscrire dans ses images puisque dans We the Animals, les plans du bébé que l’on voit naître sont ceux de son propre enfant.

Pour passer du documentaire à la fiction, Jeremiah Zagar n’a pas fait les choses à moitié : son film a été entièrement « story-boardé » avant le tournage. C’est à dire que la totalité des séquences ont été représentées sous formes de dessins pour fixer précisément le déroulement narratif. Mais comme le metteur en scène voulait - en bon documentariste- filmer au plus près de la réalité, avec son chef-opérateur il a fait éclairer les décors à 360 degrés si bien que les enfants pouvaient évoluer librement sans suivre de marques au sol et improviser certains jeux. Les trois apprentis-comédiens ont d’ailleurs été préparés pendant près d’un an et demi avant les prises de vue par une coach qui les familiarisait avec leurs personnages à raison d’une séance par semaine.

Sur le plateau, le réalisateur s’est imposé une éthique stricte : faire tout ce que les acteurs sont censés faire. Pour la scène de la tombe, il a donc passé la journée dans le trou couvert de boue avec le petit Evan Rosado, l’interprète de Jonah. De même, pour la scène de l’angoissante « leçon de natation », il a nagé aux côtés des trois comédiens au milieu du lac. We the Animals bénéficie d’ailleurs d’un casting remarquable. En témoigne ce coup de fil adressé par la mère du romancier Justin Torres à son fils. « J’ai trouvé que Sheila Vand m’interprète de façon extraordinaire dans le film », lui a-t-elle dit. Ce à quoi l’écrivain lui a répondu « mais ce n’est pas toi, c’est un personnage de fiction ». « Non, a-t-elle répliqué, c’était moi qu’elle jouait et elle est excellente ! »

Dans son premier long-métrage de fiction, le documentariste Jeremiah Zagar donne à voir une tranche de la vie du jeune Jonah, 9 ans, et de ses frères aînés. Adaptée du roman Vie animale (2012) de Justin Torres, la narration est construite de façon quasi fragmentaire, dans ...

Premier long-métrage pour le réalisateur, il nous plonge à hauteur d'enfants, ou plutôt à la hauteur d'un garçon parmi trois frères : Jonah. Le rythme du film est planant comme l'été, qui est d'ailleurs la saison à laquelle se déroule l'histoire. Entre voix off et ...