WHIPLASH

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Andrew a dix-neuf ans. Andrew a une passion, le jazz. Andrew a une ambition, il rêve de devenir le plus grand batteur de jazz de sa génération. Andrew a un but, intégrer le célèbre Shaffer conservatory de New-York et parvenir à suivre les cours de Terence Fletcher, professeur tyrannique connu pour son amour de la perfection musicale.

Coup de chance, Fletcher va remarquer Andrew et son talent naissant et accepter de le prendre dans son cours d’orchestre. Andrew est doué, il le sait et il va se donner à fond mais il va rapidement et fréquemment se retrouver rabaissé par Fletcher.

Un Fletcher dont l’exigence n’a d’égal que son besoin de briser ses élèves en les poussant si loin que certains en viennent à se suicider. Il n’hésite pas, par exemple, à envoyer une chaise sur Andrew lorsqu’il trouve que celui-ci a perdu le tempo du morceau que joue le big band. Plusieurs répétitions se terminent avec sa batterie maculée de sang. Andrew va-t-il pouvoir continuer à se faire martyriser par celui qui, en même temps, l’aide à progresser ?

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FULL METAL JACKET (Fin des années soixante, un lieutenant instructeur odieux martyrise ses recrues pour les aguerrir avant qu'ils ne partent se battre au Viet Nam.) ou encore BIRD (Eastwood nous raconte l'ascension difficile d'un saxophoniste qui ambitionnait d'être le plus grand musicien de jazz de sa génération : Charlie Parker.).

Comment ne pas penser, en voyant J. K. Simmons interpréter cet odieux Fletcher, au personnage du sergent instructeur Hartman dans Full metal Jacket de Stanley Kubrick ? Je reste persuadé que Damien Chazelle y a songé même s’il affirme s’être inspiré de son vrai professeur de jazz. Car il est important de savoir que Chazelle sait très bien de quoi il parle. Il est dingue de jazz et musicien. C’est en faisant ses études de cinéma à Harvard qu’il rencontre un élève, musicien lui aussi, avec qui il partage l’amour du jazz et des comédies musicales. Les deux étudiants vont se lier d’amitié. Il s’agit de Justin Hurwitz à qui Damien Chazelle va confier les musiques de ses films à venir.

Pour revenir à Whiplash, l’itinéraire du projet est assez étonnant. Il faut savoir que, pour la fin de ses études cinématographiques, en 2009, Chazelle décide de faire à l’arraché un film en noir et blanc, là encore sur l’univers du jazz, qui s’intitule Guy and Madeline on a park bench. Bien que le film ne bénéficie que d’une sortie confidentielle, l’accueil critique est plutôt positif. Chazelle se met à écrire le scénario de Whiplash mais se trouve dans l’impossibilité financière de le monter. Il opte pour un court métrage racontant cette histoire. Le court métrage de dix-huit minutes est loué par la critique lors de sa projection au Festival de Sundance en 2013. Cela va lui permettre de trouver des investisseurs pour produire la version longue de son projet. Vous connaissez le résultat.

Un flot de récompenses plus prestigieuses les unes que les autres va honorer le film. Un peu plus d’une trentaine pour faire bref. Citons tout de même le Grand prix du jury et le Prix du public au Festival du cinéma américain de Deauville en 2014, les mêmes prix au Festival de Sundance et un Golden globe et un Oscar pour J.K. Simmons comme meilleur acteur dans un second rôle. Damien Chazelle enchainera une comédie musicale superbe en 2016, La La land puis, en 2018, First man : Le premier homme sur la lune.

J'ai quitté la salle il y a quelques heures maintenant, et pourtant j'entends encore les baguettes claquer contre les cymbales avec une fougue hors norme, ais-je perdu la raison ou suis-je encore plongé malgré moi dans un film d'une intensité remarquable laissant son dernier ...

Pour se laisser pleinement aller à la jubilation de Whiplash, il faut d’emblée lever une ambiguïté de taille : ce n’est pas un film sur la musique. Le mélomane qui ira chercher une exploration des subtilités de l’interprétation et de la symbiose au sein d’un jazz ...

Whiplash est un grand film. Il est, selon moi, le meilleur de l’année 2014. Une excellente histoire alliant le cinéma et la musique. Celle-ci ne se résume pas à une bande son, mais prend ici la place centrale. Les cuivres, le piano, la contrebasse et bien sûr la batterie ...