WOULD YOU HAVE SEX WITH AN ARAB ?

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Would you have sex with an Arab ? est sorti à Paris en septembre 2012, un an après sa présentation au Festival de Venise. L’étrange titre de ce documentaire n’est autre que la question inlassablement posée par la réalisatrice française Yolande Zauberman à des Juifs d’Israël – « Voudriez-vous coucher avec un ou une Arabe » –, retournant la question lorsqu’elle s’adresse aux Arabes (qui représentant 20% de la population israélienne) – « Voudriez vous coucher avec un Juif ou une Juive ? »

Le but n’est pas de provoquer ou de choquer, mais de parler différemment du drame israélo-palestinien, de montrer combien cet interminable conflit s’est immiscé au plus profond des cœurs. « La résistance par l’intime », c’est ainsi que la réalisatrice qualifie l’ensemble de son travaille de documentariste, entamé en 1987 avec Classified People, 55 minutes consacrées à l’apartheid sud-africaine, en compagnie d’un homme déclaré métisse, abandonné par sa femme et ses enfants.

Dans Would you have sex with an Arab ?, aussi, face à une jeunesse qui fréquente les bars et les clubs branchés de Tel-Aviv, Jaffa ou Jérusalem, Yolande Zauberman met en évidence l’arbitraire des disparités ethniques. Face à une minuscule caméra numérique, sous les projecteurs des pistes de dance ou dans le halo d’une simple lampe de poche, les langues se délient, allant du simple « je l’ai déjà fait » au définitif « ce serait un crime », en passant par l’hypothétique «pourquoi pas ? »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver VERS OÙ ISRAËL ? (2012) (Autre documentaire (sorti trois mois plus tard), consacré à la question : Comment vivre ensemble en Israël ?) ou encore THE BUBBLE (2006) (La même question se pose au héros gay et israélien de ce film de fiction israélien de l’Américain Eytan Fox : Would you have sex with an Arab ?).

C’est en découvrant une incroyable histoire d’amour, celle qu’avaient vécue, à la fin des années 1920, Golda Meir, future premier Ministre israélien, et Albert Pharaon, banquier libano-palestinien, que Yolande Zauberman entreprit la réalisation du documentaire que vous venez de voir. Elle voulait réactualiser la question que s’était, sans doute, posé cette femme mariée, déjà politiquement engagée et qui allait devenir l’incarnation même d’un sionisme intransigeant. Comme avait-elle pu vivre cette passion – que l’on a dit dévorante – avec ce banquier libano-palestinien, flambeur et passionné de chevaux ? Avec la complicité de Sélim Nassib, elle entreprit de questionner la jeunesse israélienne, disons – comme le fit remarquer une partie de la critique – une certaine jeunesse israélienne, urbaine et branchée.

Libanais d’origine syrienne, Sélim Nassib est arrivé en France à la fin des années 1960. Il devint journaliste à Libération avant de se lancer dans l’écriture de contes et de romans, dont Un amant en Palestine, qui retrace l’étonnante histoire d’amour de Golda Meir. Le livre fut édité en 2004, date à laquelle il entama sa collaboration avec Yolande Zauberman, à l’occasion d’un documentaire intitulé : Paradise now - Journal d'une femme en crise.

Avant de s’intéresser au regard que portent les jeunes Israéliens sur le conflit israélo-palestinien, l’éclectique Yolande Zauberman était l’auteur de plusieurs longs métrages de fiction, dont, le premier, Moi Ivan, toi Abraham – Prix de la jeunesse au Festival de Cannes et Grand Prix du Festival de Moscou 1993 –, la destinée de deux enfants polonais de 9 et 13 ans, l’un juif l’autre chrétien, décidés à fuir le drame qu’ils semblent seuls à pressentir. À deux autres reprises, elle revint à la fiction en dirigeant Elodie Bouchez, successivement amoureuse de Roschdy Zem, dans Clubbed to Death en 1996, et de Jérémie Renier, dans la Guerre à Paris en 2002. On n’oubliera pas, non plus, qu’elle est à l’origine du scénario de Tanguy, la célèbre comédie d’Etienne Chatilliez.

Attention, ici tout n'est pas dans la question que Yolande Zauberman, la réalisatrice du film, ne cesse de poser aux jeunes gens qu'elle rencontre dans les rues de Tel-Aviv, l'essentiel ne se trouve justement ailleurs. En effet cette question n'est qu'un prétexte ou encore un ...