A.I., INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

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Après y avoir travaillé pendant 12 ans, Stanley Kubrick a confié à Steven Spielberg le soin de traiter cette variation sur le thème de Pinocchio, dans laquelle un enfant artificiel aspire à devenir humain.

Adaptée d'une nouvelle de Brian Aldiss, l'histoire raconte comment un androïde, programmé pour aimer sa mère adoptive, est abandonné par celle-ci et se retrouve marginalisé en compagnie de Gigolo Joe, un autre androïde programmé pour donner du plaisir, lui aussi en cavale après la mort d'un client. Kubrick considérait que les effets spéciaux seraient trop artificiels pour représenter un androïde, et qu'un acteur paraîtrait trop humain.

Spielberg a décidé de faire jouer le personnage de David par un humain, et son choix s'est porté sur Haley Joel Osment, l'interprète du Sixième sens dont le regard a marqué les mémoires. Cette fois, pour accentuer sa différence, le jeune acteur a proposé de ne jamais cligner des yeux. Le résultat est un fascinant mélange de science-fiction, de fantastique et de conte philosophique sur les rapports entre l'homme et la machine.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver 2001, L'ODYSSÉE DE L'ESPACE (Dans un futur proche, l'homme s'appuie sur l'intelligence artificielle pour conquérir l'espace, mais l'ordinateur finit par prendre le contrôle.) ou encore BLADE RUNNER (Des androïdes qui se prennent pour des humains ignorent leur véritable nature.).

C'est en voyant Jurassic Park que Stanley Kubrick aurait été impressionné par la capacité de Spielberg à représenter de façon convaincante des créatures vivantes totalement artificielles. Auparavant, Spielberg avait réussi à rendre aimable l'extraterrestre E.T. Il était donc l'homme de la situation pour prendre le relais d'un projet sur lequel Kubrick ne se sentait peut-être pas la sensibilité adéquate. Spielberg a donc bénéficié d'une masse de documents et de travaux préparatoires de Kubrick, et il est vraisemblable qu'il n'a pas modifié la substance assez sombre du scénario, jusqu'à la fin controversée.

L'ambiguïté même de ce dénouement a ouvert la porte aux spéculations. Alors que certains ont reproché à Spielberg d'avoir fait preuve de mièvrerie en proposant un apparent happy end qui permet à David de retrouver sa mère, la réalité est plus complexe. En effet, on peut supposer que, une fois les humains disparus, les androïdes restés actifs ont cherché à comprendre leurs propres origines afin d'améliorer leur sort. C'est pourquoi David représente une mine d'informations pour eux. Après l'avoir étudié, ils le récompensent en lui offrant l'illusion de retrouver sa mère, l'espace d'un court moment, juste avant de le neutraliser. L'apparente compassion des androïdes n'est qu'un ersatz. Ils ne font qu'imiter les humains, de même que David a été conçu pour imiter l'amour, qui chez lui est un programme et non pas un sentiment. C'est pourquoi les androïdes ne seront jamais humains. Et s'il devait subsister un doute sur le sort réservé à David, le compositeur John Williams a levé ce doute en confirmant que David est débranché dans la dernière scène du film.

A peine trois mois après la sortie américaine du film, les tours jumelles du WTC s'effondraient. Spielberg a décidé de ne pas les effacer dans la version DVD. Autrement, la représentation futuriste de New York tient déjà compte du réchauffement climatique en montrant la statue de la liberté sous l'eau, avec seulement la flamme qui émerge.  Selon une étude scientifique, l'eau arriverait à un niveau très similaire si les glaces fondaient.

Décrié par beaucoup, A.I. est l’un des plus beaux moments de cinéma qu’a pu nous offrir Steven Spielberg. Suivant le pas d’un jeune robot en quête d’amour, le cinéaste mêle son aura populaire humaniste à une sphère cette fois-ci, plus intime et mélancolique dans ...

A.I. interroge un aspect de la vie pour lequel le français semble n'avoir pas de mot générique : la sentience (1). Après l'intelligence, la conscience peut-elle devenir l'étape suivante dans l'évolution des machines - et par conscience, je ne signifie pas ce qu'entendent ...

Considéré comme le Pinocchio des temps modernes, A.I. Intelligence Artificielle est une œuvre cinématographique qui se regarde comme si on nous racontait un conte fantastique et légendaire plaisant à écouter avant d’être dans les bras de Morphée. Idée venant du ...