A L'EPREUVE DU FEU

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En 1996, pour sa deuxième collaboration avec Denzel Washington sept ans après Glory, Edward Zwick offre à son acteur fétiche un nouveau rôle de militaire, le Lieutenant Colonel Serling, qui ne sert pas pendant la Guerre de Sécession cette fois, mais pendant la Guerre du Golfe.

Après une faute aux conséquences tragiques sur le terrain, Serling est mis au placard, assigné à un travail administratif. Sa première mission : enquêter sur les circonstances de la mort du Capitaine Karen Walden – jouée par Meg Ryan – et déterminer si elle doit être médaillée à titre posthume.

On dit d’Edward Zwick qu’il est un honnête faiseur, mais avec certains de ses films comme Légendes d’automne, Blood Diamond, Les Insurgés et À l’épreuve du feu, il démontre de grandes qualités pour le cinéma romanesque et épique. A redécouvrir d’urgence.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DES HOMMES D'HONNEUR (Des Hommes d'honneur remonte lui aussi le cours d'événements militaires à éclaircir.) ou encore FARGO (Le chef opérateur Roger Deakins enchaîne le film des frères Coen et le film de Edward Zwick et s'impose comme l'un des meilleurs techniciens de sa génération).

La plus spectaculaire anecdote d’À l’épreuve du feu concerne Matt Damon et sa perte de poids fulgurante. Pas encore reconnu par le milieu – puisque pas encore oscarisé pour Will Hunting –, le jeune acteur perd 18 kilos pour le rôle. Un jogging de 10km le matin, la même chose le soir, et un régime à base de poulet, de blanc d’œuf, de café et de cigarettes. Une hygiène alimentaire si catastrophique qu’il a été suivi médicalement pendant 6 mois après le tournage. La légende dit que sa prestation dans À l’épreuve du feu a incité Francis Coppola à l’engager dans L’idéaliste, qui sort en 1997.

À l’épreuve du feu est un pur projet de studio, un film de producteurs. Avant qu’il prenne la forme qu’on lui connaît, la production avait imaginé Steve Zahn, vu notamment dans la série Treme ou le film Génération 90, pour le rôle d’Ilario, tenu finalement par Matt Damon. Et pour le personnage de Serling, Harrison Ford ou Tom Hanks avaient été envisagés, puis lorsque Denzel Washington a été finalement engagé, c’est l’acteur, content de son expérience sur Glory, qui a proposé qu’Edward Zwick prenne le poste de réalisateur.

Quand on interroge Edward Zwick sur son intérêt profond pour filmer la guerre, comme dans Glory ou Les Insurgés, ou plus simplement les figures militaires, comme dans À l’épreuve du feu ou Jack Reacher Never go back, il explique : « Je dirais que les plus grands dramaturges se sont intéressés à la guerre – Homère, Shakespeare, Tolstoï et bien d’autres – parce qu’en temps de guerre, il y a une intensité extrême et légitime des émotions. » Il rajoute – je cite – qu’ « en Amérique, le rôle de l’armée selon les époques est un sujet vraiment fascinant. C’est passionnant de regarder comment l’armée a géré les questions raciales, comment elle a eu du mal à gérer les questions de genre. De regarder ses collusions avec les médias… L’armée est un bon moyen de raconter l’Amérique… »