A MES PIEDS

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Réalisé en 2008 par Ovidie, A mes pieds est un porno gonzo regroupant cinq scènes ouvertement fétichistes. A l’exception d’une séquence lesbienne avec passage de vernis à ongles sur les doigts de pieds, c’est généralement l’homme qui est au pied de sa partenaire, en adoration de ses jambes, pas systématiquement gainées de bas, qu’il lèche langoureusement.

Le fétichisme du pied ne se limite heureusement pas à des jeux de langues, aussi enivrants soient-ils. Les pieds sont des organes caresseurs et volontaires qui jouent avec les sexes des hommes, les font bander. Les escarpins les massent. Les talons précisent leur volume à travers le pantalon. Bas nylons fumés et bas résilles les habillent. Le cahier des charges pornographiques est cependant rempli puisque ces plaisirs fétichistes aboutissent à des pénétrations.

Comme à son accoutumée, Ovidie construit une pornographie alternative au machisme classique, attentive au plaisir des comédiennes. Avec leurs pieds, elles mènent les ébats, face à des partenaires allongés au sol, quand elles sont assises, tendant leurs jambes, écartant les cuisses pour inviter à d’autres caresses. Dans cette configuration, parées de lingeries et de piercings qui les magnifient, elles semblent beaucoup plus imaginatives et virtuoses que les hommes, terrassés par le désir, réduits à leur langue et à leur sexe.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PULSION (Cette fois, Ovidie utilise un scénario élaboré pour aborder d'autres fétichismes, à travers quelques personnages.) ou encore FETISH (De Paul Norman, 1997. Porno américain se déroulant dans une entreprise de chaussures à hauts talons, avec un scénario proche du "Diable s'habille en Prada", et qui fait la part belle aux fétichismes liés au pied.).

La force évidente d’A mes pieds tient dans la complicité des comédiens, la répétitivité et la simplicité. Milka Manson, Lou Charmelle, Angel Summer sont des hardeuses expérimentées, rompues à des gonzos autrement plus primaires. La langueur fétichiste dans laquelle Ovidie les place leur apporte une fraîcheur qui transparaît dans plusieurs plans.
Probablement ces jeux de pieds ne sont pas des pratiques habituelles pour certaines. De même que pour les acteurs, trop souvent empressés à forniquer au bout de quelques minutes de film. Une complicité s’instaure entre eux, celle d’un amusement face à une pratique exotique, ou tout du moins qu’ils ont peu l’habitude de pratiquer devant une caméra.

Les fétichistes ne se lassent jamais des éternels motifs. Nous assistons ici aux mêmes enchaînements, pour mieux se divertir d’infimes modifications. Aucun pied n’est identique. Entre le bas dont Elke lèche la couture et la résille qu’embrasse Titof, il y a tout une révolution. Les platform-shoes de Milka n’ont vraiment rien à voir avec les sobres escarpins de Lou Charmelle. Les talons-aiguilles de Molly font, à vue d’œil expert, huit centimètres de haut. Les lunettes de Molly Wood sont l’élément libidinal crucial de sa séquence. Tout est dans le détail, depuis la jarretière qui sert à masturber jusqu’aux taches du pantalon de Ricco qui indiquent son embrasement, des multiples piercings aux langues en passant par les paupières mauves et les ongles-fantaisies de Sabrina absorbés par son sexe.

Ovidie connaît les vertus érotiques de la simplicité. Ici, l’aspect le plus déterminant est l’absence de fond musical. Elle ne noie pas les ébats dans des nappes de musique censées rythmer les images. Elle nous abandonne dans le silence d’une contemplation voyeuriste, s’efforçant à faire oublier toute post-production.
Le spectateur est immergé dans les ébats. Il voit et entend tout : les soupirs vagues, bientôt plus précis, surtout les succions, les bruits mouillés des fellations et des masturbations, le claquement des peaux. Elle œuvre pour une pornographie bio, 100% naturelle, sans colorants .