ADAM

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Il y a des films qui vous marquent alors même que vous êtes en train de les regarder. Instantanément, vous savez qu’il restera gravé dans votre mémoire de spectateur… Adam de Maryam Touzani fait partie de cette catégorie et vous allez vite comprendre pourquoi.

Nous voici dans la médina de Casablanca au Maroc. Depuis le décès de son mari, Abla élève seule a fille et survit en fabriquant puis vendant des pâtisseries. Samia va venir troubler ce quotidien immuable. Samia est une jeune femme enceinte qui a quitté son village pour fuir la honte de cette grossesse hors mariage. La rencontre entre ces deux destins contrariés et compliqués aux yeux de la société marocaine ne va alors plus en former qu’un…

Cette fable sociale est bouleversante et digne, incarnée par deux actrices magnifiques : Lubna Azabal, (révélée par Loin d’André Téchiné en 2001) et Nisrin Erradi, sans oublier Douae Belkhaouda, la jeune comédienne qui joue le personnage de Warda, la fille d’Alba…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA SOURCE DES FEMMES (Etre une femme au Maghreb n'est pas toujours chose aisée : société patriarcale, religion, coutumes ou famille, trouver sa place est souvent une véritable épreuve...) ou encore MUCH LOVES (Deux exemples remarquables de la manière dont le nouveau cinéma marocain regarde en face les sujets jusqu'ici tabous qui agitent la société...).

Adam est un film très fort, qui a sans doute mis votre curiosité en éveil et peut-être votre estomac en appétit, grâce aux pâtisseries que fabrique Abla. Sachez qu’il ne s’agit pas d’une invention scénaristique mais bel et bien d’une vraie spécialité chère aux habitants et aux touristes de la médina de Casablanca : la de, faîte à la main sur la base d’une pâte à crêpe feuilletée, étirée en un fil que l’on enroule autour de la main avant de l’aplatir et de la cuire à la poêle dans du beurre et de l’huile. Ajoutez-y du miel et vous m’en donnerez des nouvelles !

Bien, revenons au film de Maryam Touzani, premier long métrage de cette actrice-scénariste remarquée en 2017 dans le film Razzia de Nabil Ayouch, par ailleurs producteur de Adam. L’occasion de nous arrêter sur le cinéma marocain qui, au fil des années, nous offert de très beaux moments de 7e art. Et tiens, commençons par Nabil Ayouch lui-même, fer de lance de la nouvelle génération de réalisateurs marocains. Depuis Mektoub en 1997, on suit avec attention le travail de cet artiste qui a le talent d’allier esthétisme et réflexion. Whatever Lola wants en 2008 avait marqué une nouvelle étape dans son parcours, puisqu’il y abordait le thème de l’émancipation des femmes musulmanes et osait y mêler le cas délicat dans les pays Arabes des minorités, en l’occurrence les homosexuels. Ayouch enfoncera le clou de manière spectaculaire en 2015 avec Much loved, remarquable portrait d’un groupe de prostituées de Marrakech, objets sexuels loués aux plus offrants, sources d’un commerce clandestin bien établi tout en étant rejetées par la société.

Le film avait été un immense succès dans le monde et avait déclenché dans le même temps un tollé dans tout le Maghreb et le Golfe Persique. L’occasion aussi de rappeler que le Maroc est une terre de cinéma depuis quasiment les origines et que des cinéastes comme Mohamed Ousfour, Hamid Bénani, Ahmed El Maanouni ou Abdlekader Lagtaâ en sont les piliers…

La sélection Un Certain Regard avait mis l’accent, l’an dernier, sur les histoires de femmes, et particulièrement de femmes brisées en quête de reconstruction. Adam partage ainsi de nombreux thèmes avec un autre grand film de cette sélection, Une Grande Fille de Kantemir ...

Projeté le même jour que Portrait de la jeune fille en feu, mais dans la sélection Un Certain Regard, Adam de la réalisatrice marocaine Maryam Touzani prolonge à sa façon le female gaze revendiqué par Sciamma. Film d’une femme sur les femmes, le récit s’inscrit dans ...

Article original sur Le mag du ciné. Le Maghreb a offert de très beaux films à Cannes cette année. Après Papicha, place au premier pas de la Marocaine Maryam Touzani en réalisatrice avec Adam, présenté en Un Certain Regard. Un film sensible porté par deux femmes extraordinaires. La ...