ADULTS IN THE ROOM

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Bien, bonjour à toutes et à tous, prenez place rapidement car nous avons du pain sous la planche...à billets ! Objet de cette réunion, la renégociation de la dette grecque dans le cadre de l’eurogroupe, via le « mémorandum of understanding »... Des questions ?

Pour ceux qui n’ont pas fait technocratie en 3e langue au lycée, je vous précise que tous ces termes économiques existent et qu’ils sont au cœur de Adults in the room, le film de Costa Gavras que vous allez maintenant découvrir. Le plus français des cinéastes grecs adapte ici le livre brûlot de Yanis Varoukakis, éphémère ministre des finances cinq mois durant lors de l’arrivée au pouvoir du parti Syriza mené par Alexis Tsipras en 2015.

Le pays est alors aux bords de la faillite, l’Europe accepte de venir à son secours mais à des conditions draconiennes. Refus, rupture, négociations, colère, calinage : c’est à un véritable thriller financier sur fond de tragédie populaire auquel vous allez assister, mené par un immense cinéaste...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CAPITAL (Costa-Gavras réussit dans ses deux films à aborder la question de l'économie et de la finance par le biais d'un thriller qui n'est en fait qu'une comédie humaine désespérée...) ou encore LE CASSE DU SIECLE (En partant des conséquences de la grande crise financière de 2008, ces deux films parviennent à en livrer une sorte de polar haletant peuplé d'hommes, d'ambitions et de technocratie absurde...).

C’est le film d’un homme en colère, écoeuré par le manque d’humanité du système financier que vous venez de voir... Costa Gavras donne parfois à Adults in the room des airs de tragi-comédie, (après tout c’est son héritage en digne descendant d’Homère et Socrate), mais le fond reste sombre... Même s’il est arrivé en France au début des années 50, fuyant avec sa famille le régime totalitaire alors en place à Athènes, le cinéaste n’a jamais perdu de vue le destin de son pays d’origine. Sa filmographie s’en ressent fortement à la fin des années 60 et au début des années 70 avec des films majeurs : Z et L’aveu ont beau se dérouler l’un en Grèce, l’autre en Tchécoslovaquie : ils dénoncent tous deux un même fléau, la dictature politique.

Etat de siège en 72 et Section spéciale 3 ans plus tard exploreront la même thématique, en Uruguay et durant l’occupation... Fort logiquement, Hollywood commence à courtiser Costa Gavras, lequel résiste tout d’abord en refusant de réaliser Le parrain puis accepte de mettre en scène Missing en 1982 sur les exactions du régime de Pinochet au Chili à travers la disparition d’un jeune journaliste américain. Une palme d’or à Cannes et un Oscar plus tard, revient en France en 86 avec Conseil de famille une comédie autour de Johnny Hallyday et Fanny Ardant puis il repart aux Etats Unis tourner La main du diable et Music box dans lequel Jessica Lange, avocate, va devoir défendre son père, hongrois expatrié en Amérique après la guerre, soupçonné d’être en fait un ex bourreau nazi...

La suite verra Costa Gavras enchainer des projets hollywoodiens comme Mad city avec Dustin Hoffman et John Travolta mais aussi des films européens comme Amen en 2002, critique de l’attitude de l’Eglise envers les juifs durant la seconde guerre mondiale ou revenant à son sujet de prédilection : l’oppression, qu’elle soit économique dans Le couperet, migratoire dans Eden à l’ouest ou donc financière dans Le capital et Adults in the room...

Il n’est plus à démontrer que le cinéma de Costa-Gavras est d’essence politique : sa filmographie tout entière le dit assez. Non, ce qui importe ici, dans le cas d’Adults in the Room, c’est de raccorder son geste cinématographique à une pensée bien définie qui emprunte ...

La dernière fois qu'un film de Costa-Gavras sortait sur nos écrans, c'était déjà avec un côté Les Dessous de la Finance (le guère reluisant Le Capital) et il décide avec Adults in the Room de mettre l'accent sur l’histoire et l’état de la Grèce en 2015. Le cinéaste ...

Voici un film qui illustre parfaitement une certaine idée du cinéma, celle qui permet à des orfèvres de s’emparer de sujets politiques difficiles, abscons et d’en donner une interprétation qui permet au spectateur d’alimenter sa réflexion. Costa-Gavras prend le pari ...