ANTHROPOCÈNE : L'ÉPOQUE HUMAINE

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Les premières images d’Anthropocène, l’époque humaine sont saisissantes. Elles montrent un brasier intense où peu à peu on distingue quelques formes sous les flammes. On apprendra que les défenses d’éléphants que l’on a vues se consumer ont appartenu à quelque 10 000 éléphants et que le gouvernement kenyan a décidé de détruire tout cet ivoire braconné pour mettre fin à un gigantesque massacre.

L’homme ne détruit pas que des espèces animales à grande échelle. Son impact sur la nature d’une façon plus générale atteint des dimensions inégalées à l’échelle de l’histoire de la planète. C’est le sens du terme « anthroposcène ». Selon certains scientifiques nous sommes sortis de l’holocène pour entrer dans une ère où les transformations qui affectent la Terre sont désormais l’oeuvre des êtres humains.

D’une mine allemande à ciel ouvert qui emploie les plus grands excavateurs du monde au désert chilien d’Atacama en passant par les carrières italiennes de Carrare ou encore l’immense décharge d’ordures de Dandora au Kenya, Anthropocène, l’époque humaine invite à explorer des sites hors du commun. Des sites où l’empreinte de l’homme sur l’environnement donne le vertige.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TRASHED (Un constat des dommages causés à l'environnement par les déchets à travers le monde) ou encore WATERMARK, L'EMPREINTE DE L'EAU (Premier documentaire de la trilogie réalisée par Jennifer Baichwal, Edward Burtynsky et Nicolas de Pencier et dont Anthroposcène constitue le troisième volet).

Signé par trois documentaristes canadiens, Anthropscène, l’époque humaine représente le troisième volet d’une trilogie inaugurée par Paysages manufacturés en 2006 suivi par Watermark, l'empreinte de l'eau en 2013. Ce documentaire a nécessité un tournage de trois ans, deux mois et vingt-deux jours. 29 caméras ont été utilisées pour filmer les 43 sites différents situés dans une vingtaine de pays. L’ampleur du l’entreprise n’est pas à démontrer mais la coréalisatrice Jennifer Baichwal souligne que le film offre aussi des séquences plus intimes. C’est à travers ces moments qui semblent anecdotiques que peut passer l’empathie. « Quand on sillonne le monde pour un tel projet, il est capital de rester humble et ouvert à tout ce que l’on peut saisir d’un contexte donné, et surtout les aspects considérés comme marginaux ignorés ou négligés. »

Les images d’Anthropocène, l’époque humaine sont indéniablement impressionnantes mais le son a aussi fait l’objet d’un traitement très rigoureux. Pour Jennifer Baichwal, dans un documentaire la musique ne doit pas jouer sur les émotions du spectateur. Elle doit être en lien avec la réalité de ce qui est filmé. Pour autant la musique peut apporter une dimension supplémentaire. Non sans fierté, la réalisatrice indique que la particularité de la bande originale de ce film tient dans le fait qu’elle a été composée entièrement par des femmes, à l’exception de Mozart pour l’extrait de Don Giovanni et de la chanson finale du groupe Rheostatics. Elle rappelle que sur l’ensemble des compositeurs de films hollywoodiens, la part féminine se limite à 4% seulement.

Jennifer Baichwal se considère comme une militante. Et au reproche qui est parfois fait au film d’être trop esthétisant, d’embellir ce qu’il est censé dénoncer, elle répond qu’il ne s’agit pas exactement de beauté mais de puissance esthétique. C’est par ce biais que ses co-réalisateurs et elles ont choisi de sensibiliser le public. Il s’agit à une époque où il est difficile de capter l’attention dans la durée d’amener le spectateur à regarder, à s’attarder pour réfléchir. « Quand c’est laid et terrifiant on ne s’intéresse pas à ce qu’on voit », ajoute-t-elle. Anthropocène, l’époque humaine s’appuie sur des travaux scientifiques et par sa dimension artistique il entend toucher, émouvoir et par là conduire à des prises de conscience.

Pour les trois au fond qui ne suivent pas et qui souhaitent néanmoins briller en société à moindre effort, ce documentaire dépeint l'anthropocène, période géologique succédant à l'holocène, et débutant au moment où les activités de l'Homme ont eu une incidence globale ...