APRÈS L'AMOUR

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Quinze ans et une demi-douzaine de films après ses fracassants débuts de réalisatrice – c’était avec Diabolo Menthe en 1977 et la musique d’Yves Simon – Diane Kurys décide d’abandonner les reconstitutions historiques retraçant les bribes de son propre passé pour évoquer l’époque contemporaine, ce début des années 1990 où les libertés acquises, depuis 1968, semblent véritablement ancrées dans le quotidien d’hommes et de femmes, sans doute, davantage perdus qu’avant et bien obligées de faire des choix.

Diane Kurys va faire appel à la fine fleur du cinéma français pour incarner ces adultes contemporains, un peu dépassés par les événements. Isabelle Huppert, tout juste échappée du bocage normand et chabrolien de Madame Bovary, sera Lola, une romancière sans enfant, déchirée entre deux hommes : David, un architecte avec une ex et deux garçons et Tom, un rocker avec une femme et deux filles.

David, c’est Bernard Giraudeau, qui vient de réaliser son premier long métrage pour le cinéma – l’Autre, avec Francisco Rabal – et Tom, c’est Hippolyte Girardot, trois ans après Un monde sans pitié, d’Eric Rochant. Complètent la distribution, Yvan Attal, lui aussi découvert dans le film de Rochant, et la chanteuse Lio, comédienne depuis son rôle de comédienne dans Elsa, Elsa de Didier Haudepin, sept ans plus tôt. Ils sont, respectivement, le demi-frère et l’ex de David. Voici donc Après l’amour, toujours sur une musique du fidèle Yves Simon.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DÉTROMPEZ-VOUS (2007) (Autres chassé-croisé de couple avec enfants...) ou encore CÉSAR ET ROSALIE (1972) (Vingt ans plus tôt, comme Lola, Rosalie vivait avec César et aimait David...).

Produit par Alexandre Arcady, son ancien compagnon, le film de Diane Kurys que vous venez de voir sortit sur les écrans français le 15 avril 1992, le même jour qu’Indochine de Régis Wargnier. Outre la date de leur présentation au public, les deux films partagent le même assistant réalisateur, un certain Thierry Binisti, futur réalisateur de la Bicyclette bleue, avec Laetitia Casta, pour la télévision, et de l’Outremangeur, avec Eric Cantona, pour le cinéma.

Si Bernard Giraudeau, Hippolyte Girardot, Yvan Attal et Lio étaient des nouveaux venus dans l’univers de la cinéaste, Isabelle Huppert, en revanche, la connaissait bien. On se souvient que dans Coup de foudre, neuf ans plus tôt, face à Miou-Miou, elle avait incarné la mère de Diane Kurys dans ce récit (encore) autobiographique d’une relation très forte entre deux femmes au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Mais, on se souvient sans doute un peu moins que, dix ans plus tôt, en 1972, Isabelle Huppert (19 ans) et Diane Kurys (24 ans) jouaient le rôle de deux jeunes Canadiennes du 19e siècle dans le Bar de la Fourche, l’unique film d’un directeur de la photographie nommé Denis Levent, dans lequel Jacques Brel (43 ans), incarnait un aventurier bon vivant, bientôt obligé d’épouser celle qu’il est accusé d’avoir violée, Isabelle Huppert. La jeune comédienne venait de faire ses débuts dans Faustine et le bel été de Nina Companéez, Brel était entre l’Aventure c’est l’Aventure de Lelouch et l’Emmerdeur de Molinaro et Diane Kurys devait encore apparaître dans une quinzaine de films, dont le Casanova de Fellini, avant de devenir réalisatrice.

Pour la petite histoire, sachez que le rôle de Rachel, la si serviable et si venimeuse assistante du cabinet d’architecture, est tenu par Judith Reval, la sœur cadette de Mathilda May, et que la seconde fille de Tom, alias Hippolyte Girardot, n’est autre que la fille du comédien et de la comédienne Isabel Otero, Ana Girardot. Elle se fera particulièrement remarquer 18 ans plus tard, en 2010, dans Simon Werner a disparu… de Fabrice Gobert, et qui avoue avoir eu envie de faire l’actrice, non pas pour suivre l’exemple de ses parents mais, en découvrant Marlène Jobert dans Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages de Michel Audiard !

Comme il existe des séries doudou, je trouve agréable en 2023 de se replonger dans la nostalgie des années 90, la nostalgie d'Isabelle Huppert trentenaire, des musiques d'Yves Simon, et des préoccupations sociétales futiles de l'époque. ...