APRES MAI

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Les cinéastes qui ont vécu mai 68 en ont gardé un souvenir marquant, qu’ils aient été adultes ou étudiants à l’époque. Si la Nouvelle Vague emmenée par Godard, Truffaut, Louis Malle et quelques autres a plus ou moins accompagné cette révolution étudiante et ouvrière, les futurs metteurs en scène de l’époque ont également été nourris de ces quelques semaines historiques… C’est le cas d’Olivier Assayas. Il n’avait que 13 ans en mai 68 et pourtant la trace des événements a forgée l’artiste et l’homme qu’il est devenu.

Après mai, sorti en 2012 rend compte de ces émotions encore vives. On y suit les interrogations de Gilles, étudiant parisien du début des années 70, pris entre l’effervescence politique de cette décennie et son appétit pour la peinture et le cinéma, entre l’engagement de ses amis et son désir des arts…

Un casting quasi amateur frais et naturel, une mise en scène légère et inspirée : Après mai porte la marque Assayas, metteur en scène inclassable, à la fois héritier d’une tradition et porteur d’un style personnel…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TROIS SOUVENIRS DE MA JEUNESSE (Olivier Assayas et Arnaud Desplechin se penchent sur leur fin d'adolescence : ces moments où l'on doit des faire des choix qui vont définir (ou pas) toute une vie.) ou encore LE REDOUTABLE (Quand Assayas filme le jeune homme qu'il était en mai 68, ébauche d'un futur cinéaste en devenir, Hazanavicius met lui en scène un Godard qui est emporté par la tourmente des événements et va s'y diluer...).

Après mai est un projet à part dans la carrière du cinéaste Assayas. Récompensé par le prix du meilleur scénario au festival de Venise en 2012, ce récit largement autobiographique renvoie aux années étudiantes de son auteur. Il a cependant pris grand soin à changer l’essentiel des choses pour ne garder que le sentiment diffus mais profond de ce qu’il a effectivement vécu durant ces quelques semaines du mois de mai 1968… Personnages, lieux ou situations : tout cela ressemble à son histoire mais il ne faut y voir que le reflet d’une réalité…

Juste avant, Olivier Assayas avait réalisé Carlos, fresque historique, politique et violente consacrée au terroriste vénézuélien, sortie au cinéma mais aussi en version longue pour la télévision. Ensuite, il s’est lancé dans l’aventure de Sils Maria, un drame se déroulant dans les milieux du cinéma et du théâtre, racontant le lien complexe entre une star (Juliette Binoche) et son assistante (Kristen Stewart). Le tandem Assayas-Binoche ne s’est pas découvert à l’occasion de ce projet. Le réalisateur, par ailleurs auteur avait écrit le scénario de Rendez-vous, film d’André Téchiné sorti en 1985 et qui marquait les vrais débuts sur grand écran de la future star françaises et internationale. Ils s’étaient également retrouvés sur le plateau de L’heure d’été en 2008 puis 10 ans plus tard dans Doubles vies aux côtés de Guillaume Canet.

Quant à Kristen Stewart, (actrice hollywoodienne révélée par la saga Twilight vite échappée vers le cinéma indépendant), elle a elle aussi travaillé de nouveau avec Olivier Assayas en 2016 dans Personnal shopper où elle incarnait à nouveau l’assistante d’une célébrité… Nous parlions des talents scénaristiques du réalisateur : l’occasion de saluer son travail régulier avec Téchiné. Outre Rendez-vous, on trouve la trace et le style de sa plume sur d’autres scénarii du cinéaste : Le lieu du crime et Alice et Martin…

Je vais tenter de déconstruire un témoignage direct entendu au sortir de la projection du film " C'était biographique mais qu'est-ce que c'était lent on s'amusait vachement plus à l'époque. Puis alors, c'est mou, mou ... Et l'autre là, Clément Metayer, il est encore plus ...

On peut considérer Après mai comme un préquel à L’eau froide, son chef d’œuvre. On y retrouve les mêmes prénoms, Gilles et Christine, dans ce qui pourrait aussi être un après mai douloureux, plus indécis cette fois, quand L’eau froide s’intéressait à la fugue, ...

Pas le meilleur Assayas mais sûrement le plus authentique et celui qui peut expliquer les autres… Cette nostalgie, le rendu du temps qui passe… Peut-être faut-il avoir été adolescent ou adulte jeune en mai 68 pour aimer ce film. Les idéaux, l’aspiration à un monde fraternel ...