ARTISTES ET MODÈLES

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Le duo comique masculin mal assorti est un des ressorts du cinéma américain dès l’époque du muet et du slapstick. Buster Keaton trouva son antagoniste en Fatty Arbuckle, Stan Laurel avait son Oliver Hardy, Abbott son Costello, et qu’aurait fait Bing Crosby sans Bob Hope ? Droit sortis de cette lignée, Dean Martin et Jerry Lewis, le crooneur et le gaffeur, le séduisant dandy et le clown désopilant, ont tourné ensemble dix-sept films depuis Ma bonne amie Irma (My Friend Irma) de George Marshall en 1949 jusqu’à Un vrai cinglé de cinéma (Hollywood or bust) de Frank Tashlin, en 1956. Artistes et modèles, tourné en 1955, est l’antépénultième de cette longue série et le premier des deux signé Tashlin. Tourné en Vistavision et Technicolor, le film est produit par Hal Wallis qui avait pris les deux acteurs sous contrat annuel à la Warner à la fin des années 1940.

Artistes et modèles met en scène deux copains artistes bohêmes, qui survivent à Greenwich village en installant des panneaux publicitaires géants. Rick Todd, interprété par Dean Martin, est un peintre non reconnu, tandis que Eugene Fullstack, qui a les traits de Jerry Lewis, rêve d’écrire des histoires pour enfants. Eugene est fan de comic books, et notamment d’une série où apparaît un personnage dont il est secrètement amoureux : la Bat Lady ; il ignore que l’auteur de cette bande dessinée est leur très sérieuse voisine Abby Parker (Dorothy Malone) dont l’amie fofolle Bessie (Shirley McLaine) est le modèle de Bat Lady.

Mêlant les genres du burlesque de la comédie romantique et musicale, et même du film d’espionnage, Artistes et modèles joue de tous les talents de son duo masculin et de leurs partenaires féminines : Dean Martin chante divinement, renvoie la balle à Lewis et fait les yeux doux à l’impeccable Dorothy Malone, tandis que Jerry Lewis en chien fou cabriole, tombe, se relève et grimace en cœur avec une Shirley McLaine déchainée et délicieuse.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DISJONCTÉ (Parce qu'on a vu en Jim Carrey le successeur de Jerry Lewis. Cette comédie noire (réalisée par l'acteur Ben Stiller) est un de ses rôles les plus fous.) ou encore COMMENT TUER VOTRE FEMME (Parce que Jack Lemmon interprète lui aussi un dessinateur de bandes dessinées, embarqué dans un imbroglio criminel après la disparition de sa femme.).

Après la seconde guerre mondiale, Dean Martin venant de la chanson et Jerry Lewis du cirque, fréquentaient assidument chacun de leur côté les scènes de Music-Hall. La légende officielle atteste qu’ils se rencontrèrent par hasard au Café 500 à Atlantic City le 25 juillet 1946 et qu’ils improvisèrent ex nihilo les sketches farfelus qui firent d’eux, en une trainée de poudre et une poignée de soirs, le duo le plus célèbre du moment.

Dans un de ses recueils de mémoires, Dr Jerry et Mr Lewis, Jerry Lewis raconte que, sentant tous deux qu’ils avaient déclenché quelque chose ils décidèrent de pérenniser le duo. Et il ajoute, je cite : «Je louai une machine à écrire et commençai à mettre en forme le numéro. Après avoir choisi le titre, «Sexe et burlesque», je tapai laborieusement l’introduction : «Quand deux types font un duo dans un show, il s’agit toujours de deux laitiers, de deux cuisiniers de deux électriciens ou encore de deux plombiers. Pour la première fois, vous aurez affaire à un play boy et à un singe. ».

On connaît désormais la vérité sous la légende, et on sait, notamment grâce au livre de Nick Tosches, Dino, La belle vie dans la sale industrie du rêve, qu’après avoir été présentés en 1944 et s’être croisés régulièrement de cabaret en Music-Hall, Jerry Lewis et Dean Martin s’étaient peu à peu liés d’amitié. En mars 1946, soit quatre mois avant la date officielle de leur «rencontre», alors que chacun d’eux figurait séparément à l’affiche de la même soirée spectacle au Havana-Madrid à New York, ils avaient pris l’habitude de commenter leurs numéros respectifs et de se donner des conseils. Et même, au petit matin, dans le seul but de «faire les idiots» et rire en choeur, de remonter ensemble sur scène pour des sketchs comiques impromptus où ils se renvoyaient la balle avec délice. Toujours est-il que leur association officialisée sous les noms «Martin et Lewis» dura vingt ans. Vingt ans d’amitié, d’amour et finalement de haine qui les mena à la séparation définitive, après le film Un vrai cinglé de cinéma et un dernier spectacle caritatif, en 1956.

Frank Tashlin a officié sur beaucoup de dessins animés avant de commencer une carrière live. Avec Artistes et modèles, le réalisateur a voulu revenir à ses premiers amours. Avec une histoire centrée sur le dessin pour enfant, Artistes et modèles est filmé à la manière ...

Cette comédie musicale à le mérite de mettre en avant un sujet peu commun, puisque qu'elle nous invite à une incursion dans l'industrie du comic book par l'entremise de nos deux héros qui fréquentent une maison d'édition produisant... Bat Lady (pure création destinée au ...

Revisionnage et +1 ! Il s’agit là de l’un des derniers films du duo puisque c’est le 15ème film des 17 qu’ils ont tournés ensemble mais aussi parmi les meilleurs selon moi. Avec peut-être quelques longueurs néanmoins le film est riche, drôle, coloré, amusant. Il ...