AU BOUT DU CONTE

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Au bout du conte marque la huitième collaboration  du duo Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, les « Jabac » comme les avait surnommés Alain Resnais avec lequel ils avaient collaboré pour On connait la chanson (1997). Ce n’est qu’en 2000, avec Le goût des autres, qu’Agnès Jaoui est passée à la réalisation. Elle a ensuite signé Comme une image (2003) et Parlez-moi de la pluie (2008), toujours écrits avec Jean-Pierre Bacri avec lequel elle partage la vedette de ses films. 

Les « Jabac » ont ici décidé de jouer avec l’univers des contes de fées. Selon Agnès Jaoui, Au bout du conte ne comporterait pas moins de cent références, plus ou moins dissimulées, que le duo livre à la sagacité du spectateur. Leurs protagonistes peuvent représenter plusieurs archétypes à la fois. Jean-Pierre Bacri estime incarner un « anti-Gepetto » tiré  de Pinocchio. Agnès Jaoui représente à la fois la Fée Lilas de Peau d’Ane, la marraine et la grand-mère. Arthur Dupont joue une version du Prince charmant et de Cendrillon. Agathe Bonitzer rappelle Le Petit chaperon rouge et La Belle au bois dormant tandis que Benjamin Biolay évoque le Loup et que Didier Sandre joue le Roi.

Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ont brodé autour de la conclusion classique des contes de fées :  « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Ils se sont demandé ce que résumait cette phrase, ce qu’il advenait après le conte. Ce film choral est donc une réflexion sur le couple et l’amour. Ils se sont amusé à évoquer plusieurs formes de croyances pour en analyser la nécessité et l’absurdité. Ils ont ensuite transposé les personnages des contes dans le monde actuel.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE SENS DE LA FÊTE (Une comédie chorale pleine de tendresse, réunissant d'excellents comédiens français.) ou encore INTO THE WOODS (PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS) (Cette comédie musicale hollywoodienne, tirée de l'oeuvre de Steven Sondheim, brode aussi sur l'univers des contes de fées dont elle exploite l'imagerie avec humour.).

Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ont puisé dans leur vie et leurs connaissances pour créer les protagonistes du film. Le personnage  que joue Agnès Jaoui est inspiré d’une amie qu’elle a prévenue de peur qu’elle se reconnaisse. Ils ont aussi tiré la scène où le père refuse d’aller embrasser ses enfants de leur propre expérience. En écrivant Jean-Pierre Bacri a repensé à un ami qui a fait son thème astral lorsqu’il avait 15 ans  et qui lui avait prédit la date de sa mort. Il reconnaît s’en être souvenu même sil trouvait cela idiot. On ne sait pas si la date en question était le 18 janvier 2021, jour du décès de l’artiste.

C’est la première fois que le duo met en scène des enfants. Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ont longtemps pensé qu’ils n'étaient pas aptes à le faire puisqu’ils ne sont pas parents mais ont fini par estimer qu’ils en avaient suffisamment côtoyés pour se permette de se lancer. Parmi les nouvelles expérimentations du duo, la musique tient aussi une place prépondérante notamment pendant la scène où Laura rencontre Sandro. Le thème du film flirtant avec le fantastique donnait une plus grande liberté à Agnès Jaoui qui s’est appuyée sur son équipe pour trouver des idées nouvelles. Elle a choisi le chef-opérateur Lubomir Bakchev dont elle avait apprécié le travail pour Julie Delpy et Abdellatif Kechiche.

Parmi ses références cinématographiques, Agnès Jaoui cite Peau d’Ane de Jacques Demy, La Belle et la Bête de Jean Cocteau, Quand passent les cigognes de  Mikhaïl Kalatozov et aussi des œuvres d’Andreï Tarkovski. Comme à son habitude le duo livre un film de troupe. Ils expliquent que cela vient de leur expérience du théâtre où ils souhaitaient que les comédiens ne s’ennuient pas en attendant dans les coulisses. Ils estiment aussi que cela correspond à la vie réelle où l’on croise beaucoup de gens différents. Cela leur donne également la possibilité de découvrir de nouveaux visages peu encore peu connus du public. C’est ici le cas d’Agathe Bonitzer qu’ils ont  découverte dans La Belle personne de Christophe Honoré et Une bouteille à la mer de Thierry Binisti ainsi que d’Arthur Dupont qu’ils ont apprécié dans Bus Palladium de Christopher Thompson. Ils ont choisi Didier Sandre parce qu’il leur faisait penser à Jean Marais dans Peau d’Ane et La Belle et la Bête. Agnès Jaoui avait été impressionnée par Benjamin Biolay en tournant avec lui dans dans L’Art de la fugue de Brice Cauvin.

Jaoui et Bacri, on le redécouvre ici avec plaisir, sont de bons conteurs, souvent drôles, parfois cruels mais surtout toujours justes. Dans la simplicité, servie par une belle mise en scène, ils croisent encore une fois les destins de personnages paumés servis par des acteurs ...

Un nouveau film avec cet duo d'acteurs si particulier qui, comme souvent, se révèle humainement d'une grande justesse. Jean-Pierre Bacri habite un nouveau un personnage taillé sur mesure, Agnès Jaoui une femme pétrie de contradictions. Les autres personnages, plus ou moins ...

J'ai presque honte du titre. J'ai hésité avec une variation sur "les bons comptes / contes font les bons amis / acteurs / films", enfin bref. Le dernier Bacri-Jaoui - ou plutôt le dernier Jaoui-Bacri (rendons à César...), déroute d'emblée. C'est simple, le premier plan ...